Pour que tu reviennes

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Premier amour. On n'en même pas large devant cette chose un peu trop grande. On mouille deux caleçons par jour minimum. Elle vous apprécie vraiment beaucoup. Mais ce n'est pas vous. Enfin presque. Et dans ce clair-obscur surgit le monstre qui vous bouffe la tête, mais aussi le plus doux des premiers baisers. La plus douce des framboises ne saurait rivaliser avec toutes ces lèvres. Le monde est à baiser mais vous n'avez qu'une bouche. Vous n'êtes qu'insatisfaction et si vous incarné l'insatisfaction, il faut vous asseoir, tout pénible que vous êtes, à côté de celle que vous aimez, ou du moins la représentation de la farce que vous vous en faîtes dans le théâtre de votre crâne pas bien formé à la question. Besoin de formation pour décrocher un CDD. Vous viserez quand même le CDI la prochaine fois.

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Ne se dégagerait-il pas là une sorte de mélancolie de l'abnégation, une lassitude du quotidien où se confondent la poésie de la promiscuité et la banale misère où finalement on ne se sent jamais vraiment bien avec un autre. Mais il le faut.

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Un jour, elle t'écrit. Disposée. Envie de changement. Envie surtout d'effacer, que dis-je d'éradiquer le dernier souvenir. Envie d'avoir envie comme dirait Johnny. Toi, évidemment, tu dis oui. Tu sors des "pourquoi pas" de tes placards, tu en as plein. Et puis, elle t'invite. Genre LE rendez-vous. Le rendez-vous liquide, sans commentaire. On ne se découvre même pas. On se mange. Comme des animaux. Comme des faons dans de verts paradis. Toi, évidemment, tu dis forcément oh oui, oh oui. Et un jour, tu ne sais pas pourquoi, elle dit non. Et non, c'est non. Toi, tu es encore dans le "oui".

Je ne sais pas si j'ai accepté par erreur. Peut-être par faiblesse. La même faiblesse commune à de très très nombreux garçons. Celui qui dit non fait... une erreur. On ne dit pas non à un faon.

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Où l'on fait tomber les murs de sa foi personnelle pour être pris dans le pouls de l'amour en qui on a confiance et où l'on perd et la foi et la confiance quand l'amour n'en est plus un.

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Charmante polysémie du mot "ceinture". C'est dur dur.

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J'ai toujours eu un problème avec la liberté. Souvent, la liberté est le grand foutoir de tous les prétextes destinés à écraser l'autre avec son égoïsme éclatant. Et pour moi qui parlais d'amour et de briser les dominations, d'organiser la trêve après qu'elle se soit imposée de prime abord, il n'y a pas de liberté à aimer des choses plus hautes que soi, plus grandes que soi : on prétendra devant votre museau humide que ce n'est pas une question d'argent ou de statut (ou pire : de contexte géographique !), mais la liberté quand on aime, on est censé ne plus en entendre parler, de sorte à laisser vaquer la confiance entre gens de sentiments et de coeur intelligents.
C'est pourquoi ce titre "libertaire" n'est pas un cri, une revendication ou une joie. C'est une déploration. C'est quelque chose de très triste.

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Alors ça, c'est spécial, j'avoue. Il y a des moments comme ça, où on n'est plus qu'une flaque, que l'aspect d'une flaque alors qu'on vous avait pourtant bien pris pour un lac de montagne. Avouons-le, c'est lamentable, mais pour qui ?

C'est le premier effet Kiss Kewl.

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Il y a quelque chose de missionnaire dans l'amour. Bon, dans la position amoureuse aussi, mais dans la manière d'aimer, n'est-on pas conduit d'une mission ? Et qu'advient-il quand il n'y en a plus ? Le soldat est déboussolé. L'on a beau pas s'être trompé, il y a tromperie quand même.
Pas de trêve. Donc erre erre erre.

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Difficile de faire plus explicite que cette chanson. Gainsbourg me parle de cette femme, ou plutôt de toutes celles que j'ai suivies lors d'un détour de mon être (détournement ?), et donc, ces femmes, qui crèvent, qui s'enlisent, qui se noient toutes seules, comme des grandes, et surtout comme des naufragées permanentes.

"Tu t'en vas à la dérive
Sur la rivière du souvenir
Et moi, courant sur la rive,
Je te crie de revenir
Mais, lentement, tu t'éloignes
Et dans ma course éperdue,
Peu à peu, je te regagne
Un peu de terrain perdu."

Là, j'avais accompli un effort pour arriver à ta cheville. L'effort que tu trouvais normal et que tu tenais pour acquis. Une bonne base qui repose, de fait, sur un marécage et des rondins de bois. Dans cette toundra, je continue mais déjà tu te lasses, avant même que je profite d'une baignade interdite.

"De temps en temps, tu t'enfonces
Dans le liquide mouvant
Ou bien, frôlant quelques ronces,
Tu hésites et tu m'attends
En te cachant la figure
Dans ta robe retroussée,
De peur que ne te défigurent
Et la honte et les regrets."

♫ Et la honte et les regrets ♪

"Tu n'es plus qu'une pauvre épave,
Chienne crevée au fil de l'eau
Mais je reste ton esclave
Et plonge dans le ruisseau
Quand le souvenir s'arrête
Et l'océan de l'oubli,
Brisant nos cœurs et nos têtes,
A jamais, nous réunit"

Comme disait Gainsbarre : "No comment" ! :D

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J'ai toujours eu un faible pour cette chanson, teintée d'ironie du sort et de légèretés cyniques. Aucun amour n'a pour l'instant pu s'y raccorder.

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Le viol. Quelqu'un s'offre à vous. Inconditionnelle. Et vous avez la faiblesse de votre sous-estimation, de respirer sa peau pendant qu'elle vous bloque physiquement, la faiblesse de ne pas refuser assez fort, et beaucoup de gentillesse. Elle prend tout, ne se rend compte de rien. Et puis un jour, vous voulez la fusiller du regard. Elle a tout pris quand déjà il n'y avait plus rien. Ça sent l'ouragan dans un tiers-monde. Première solution : faire le chat. Faire le chat, retomber sur ses pattes. Pour la suite, vivre en roue libre, juste quelques années, histoire d'avoir pitié.

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Bourdieu définit l'amour comme étant la trêve entre dominant et dominé. Le souci, c'est que je n'ai jamais eu le capital économique que mes amoureuses avait. Je n'ai pas non plus le capital social. Côté culture, j'étais relativement sauvé. C'est d'ailleurs ce qui me valait l'attirance des petites-bourgeoises ou des gens bien instruits. Le souci, je disais, dans cette configuration socioculturelle, c'est que la trêve se fait à coups de boutoir, elle se bouscule, on la construit, comme chaque artifice construit pour vivre quelque chose à deux. Cette chanson avait rythmé une de mes ruptures. Elle m'assurait qu'elle était triste et moi je lui assurais qu'elle avait tout gagné depuis le début. Il n'y a pas de trêve.

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Note : résilience

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Note : économie du couple

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Roussel et bashung sont vraiment les invités d'honneur à la table des "amours perdues... qui ne se retrouvent plus... Mais les amants délaissés peuvent toujours chercher" (S. Gainsbourg)

Dans Je t'ai manqué, on a ce petit rire en coin lorsque quelqu'un nous dit qu'on lui a manqué. Il y a une hypocrisie normale qui s'impose car il n'est pas toujours de notre souhait de manquer à quelqu'un, soit parce qu'on ne voulait pas s'en séparer, soit parce que justement on ne voulait plus voir cet autre pendant un bout de temps. Mais on finit par manquer. Toujours. Nos différences étaient des sources d'inspiration et notre complicité un pluriel à conjuguer. Et un jour l'on se manque. On se retourne. Et je n'aurais rien fait de spécial. Juste rester qui je suis, ou pire, le malheur d'avoir habité trop longtemps au même endroit.

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Premier amour. L'inconsommé. Une catastrophe intime. Et cette chanson que je connais sur le bout de mes ongles.

Heureusement qu'il y a Thiéfaine pour donner un peu de fierté, oui, car le sens de la chanson n'était pas vraiment - voire l'inverse de ce que je vivais. c'était plutôt elle qui aurait dû me chanter ça. Hé bien non, c'est moi qui me la chante tout seul, sans plus de fantasme et d'illusion.

"D'avoir voulu vivre avec moi..."

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Je me suis - comme dit la chanson à un moment - toujours senti au bout du chemin, incapable de percevoir un nouvel élan amoureux. J'en ris, rien que le fait de savoir qu'il puisse exister à nouveau. Et pourtant, si je ne suis pas trop mauvais, si je suis encore intéressant et potable à baiser, je sais que je n'ai plus de digue... Pour un peu que je lui trouve quelque intérêt, que je lui trouve une bienveillance et que je puisse mettre ma tête et ma langue près de sa source.

Et enfin, seulement à cet endroit, j'aurai une force nouvelle, une volonté que je ne connais pas encore. L'amour, la foi.

Annotation :

Cette voix stridente et plaintive fait vivre en moi plus qu'un caprice, l'espoir d'une justice, un jour. Peu de gens peuvent s'enorgueillir de m'avoir enlevé, sur fond de contraintes matérielles et de poisses intergénérationnelles.

Annotation :

J'ai connu des ruptures dont le sevrage m'était moins pénible que l'arrêt du tabac. D'infimes vaguelettes d'envies et de tristesses finissent, par l'effet de la légèreté d'un battement d'aile de papillon noir, par soulever et la roche au fond de l'eau et par fracasser la falaise. La nature oppose parfois de ces forces que le plus sûr et le plus éternel devient tout à coup le chaos et l'oubli par la répétition millénaire, le fracas d'infimes vaguelettes. Oh mon amour est pareil mais je ne vivrai pas assez longtemps hélas pour voir sa force.

Annotation :

Un amour qui se termine, c'est quand il n'y a plus rien à dire mais, paradoxalement, quand l'indicible point, j'ai mon amour sur le bout de ma langue, je te lèche amour, je te lèche autour.

Annotation :

La beauté venue de nulle part se raye d'un coup de stylo. Je défaillis.