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Cover Proust, critique littéraire

Proust, critique littéraire

Mais tout compte fait, il n'y a que l'inexprimable, que ce qu'on croyait ne pas réussir à faire entrer dans un livre qui y reste. C'est quelque chose de vague et d'obsédant comme le souvenir. C'est une atmosphère.

Chacun ajoute la broderie particulière qui n'est qu'à lui, et qui fait ...

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11 livres

créée il y a presque 9 ans · modifiée il y a presque 9 ans
Poétique
7.3

Poétique (-335)

(traduction Barbara Gernez)

Perì poiêtikês

Sortie : 1997 (France). Essai, Philosophie

livre de Aristote

Mathou- a mis 6/10.

Annotation :

Proust rejoint Aristote -> La littérature doit nous guérir de certaines passions en nous permettant d'en sentir la satisfaction.
« Une soirée dans le grand monde décrite dans Tolstoï y est dominée par la pensée de l'écrivain, notre mondanité y est purgée comme dirait Aristote »

Les Fleurs du mal
8.2

Les Fleurs du mal (1857)

Sortie : 25 juin 1857. Poésie

livre de Charles Baudelaire

Mathou- a mis 9/10.

Annotation :

Sur l'importance des réminiscences comme rencontre du signe et du sens, révélation de l'essence extra-temporel, expression nécessaire et involontaire - Seulement, Baudelaire fait encore un usage trop volontaire de la méthode des réminiscences, si la vérité se fonde sur une bonne volonté de pensée alors elle reste arbitraire et abstraite. La recherche de la vérité est l'aventure propre de l'involontaire. Or Baudelaire va chercher des analogies et des articulations objectives, encore trop platoniciennes en ce sens qu'elles sont définies comme si elles avaient été là de tout temps alors que c'est à l'homme de les créer, de les déchiffrer.

« Il a donné de ces visions qui, au fond, lui avaient fait du mal, j'en suis sûr, un tableau si puissant mais d'où toute expression de sensibilité est absente ... Ressentir toutes les douleurs mais être assez maître de soi pour ne pas se déplaire à les regarder
Il semble qu'il éternise par la force extraordinaire, inouïe du verbe ... trouve pour toutes les douleurs et toutes les douceurs de ces formes inouïes, ravies à son monde spirituel à lui et qui ne se trouveront jamais dans aucun autre, formes d'une planète où lui seul a habité et qui ne ressemblait à rien de ce que nous connaissons .... pose sur l'idée une de ces belles formes montrée par un symbole toujours si matériel, si frappant, si peu abstrait, avec les mots les plus forts »
« Tout est grandi par cette dignité d'art »

Mémoires d'outre-tombe
7.2

Mémoires d'outre-tombe (1850)

Sortie : 1850 (France). Autobiographie & mémoires

livre de François-René de Chateaubriand

Annotation :

Ce que Proust aime chez Chateaubriand c'est que l'odeur d'héliotrope soit apportée non « par une brise de la patrie, mais par un vent sauvage de Terre-Neuve, sans relation avec la plante exilée, sans sympathie de réminiscence et de volupté » (TR)
Proust lecteur n'a pas envie de sentir l'héliotrope, ce n'est pas ce qui importe, il ne s'agit pas de vérité objective. Il faut que Chateaubriand fasse lui-même partie de cette odeur qu'il re-crée en même temps qu'il la décrit ; garantissant ainsi la pureté d'une rencontre hasardeuse entre messager et message & création d'une Essence ainsi déployée.

Le Lys dans la vallée
7.1

Le Lys dans la vallée (1836)

Sortie : 1836 (France). Roman

livre de Honoré de Balzac

Mathou- a mis 10/10.

Annotation :

Chez Proust, le problème de l'oeuvre d'art est celui d'une unité qui ne peut être présupposée par ses parties (travail de l'intelligence où on ne fait que retrouver ce que l'on s'est déjà donné), problème qui trouve son origine chez Balzac. Parce que Balzac ne crée pas un système fondé sur de grandes lois générales mais laisse se déployer, par un travail de la sensibilité, ses personnages.
L'essence nécessaire n'a eu de cesse de se multiplier sous diverses « explications » (et non pas se refléter), tout au long de la Comédie Humaine comme des miettes d'essence puis s'est révélé dans son unité comme un EFFET de l'oeuvre, unité résultant d'un « pêle-mêle effrayant sans souci du tout ni de l’harmonie »
Il n'y a donc aucun STYLE (défini comme la marque de la transformation que la pensée de l'écrivain fait subir à la réalité) mais des éléments divers, non encore transformés, qui surgissent sans aucun sacrifice à une prétendue harmonie de l'ensemble.
« Le style ne suggère pas, ne reflète pas : il explique ; à l'aide des images les plus saisissantes mais non fondues avec le reste »

Si à la fin peut éclore l'unique Point de Vue, c'est moins comme un vernissage général (style de Flaubert) que comme un coup de pinceau localisé. L'unité, ce sera le LIVRE (et non pas le style), l'oeuvre dans sa structure formelle en tant qu'elle ne renvoie pas à autre chose qu'elle-même. Seule la dimension de l'oeuvre d'art a ce pouvoir de faire résonner ensembles mille points de vu qui restent incommunicants s'ils demeurent dans leur dimension : tels la terre et la mer dans les tableaux d'Elstir. La Comédie Humaine comme formalisation finale fait l'unité sans supprimer les distances.

« Balzac se sert de toutes les idées qui lui viennent à l'esprit, et ne cherche pas à les faire entrer, dissoutes dans un style où elles s'harmoniseraient et suggéreraient ce qu'il veut dire. Non, il le dit tout simplement, et si hétéroclite et disparate que soit l'image, toujours juste d'ailleurs, il la juxtapose »
« mais ces rapports nouveaux aperçus brusquement par le génie entre les parties séparées de son oeuvre qui se rejoignent, vivent et ne pourraient plus se séparer, ne sont-ce pas de ses plus belles intuitions ? »

Les Déracinés
7.3

Les Déracinés (1897)

Le Roman de l'énergie nationale, tome 1

Sortie : 1897 (France). Roman

livre de Maurice Barrès

Annotation :

« C'est une chose admirable que chez vous le genre littéraire n'est que la forme d'utilisations possible d'impressions plus précieuses que lui, ou de vérités dont vous hésitez sous quelle forme vous devez les mettre à jour »

VS reproche que Proust fait à Nerval - de s'essayer à différentes formes littéraires pour exprimer toujours la même pensée, de faire du genre un appui contingent à l'expression alors qu'il doit se découvrir comme une nécessité « maladie de la volonté ou manque d'instinct déterminé, prédominance de l'intelligence qui indique plutôt les voies différentes qu'elle ne passe en une »

Sylvie
7.2

Sylvie (1853)

Sortie : 1853 (France). Recueil de nouvelles

livre de Gérard de Nerval

Mathou- a mis 8/10.

Annotation :

Si un écrivain aux antipodes des claires et faciles aquarelles a cherché à se définir laborieusement à lui-même, à saisir, à éclairer des nuances troubles, des lois profondes, des impressions presque insaisissables de l'âme humaine, c'est Gérard de Nerval dans Sylvie.

« Nerval peint des tableaux d'une couleur irréelle, que nous ne voyons pas dans la réalité, que les mots même n'évoquent pas.
Notre plaisir est fait de trouble. La grâce mesurée du paysage en est la matière, mais il va au-delà. Cet au-delà est indéfinissable. Il sera un jour chez Gérard, la folie ... Je pense que tout homme qui a une sensibilité aigüe peut se laisser suggestionner par cette rêverie qui laisse une sorte de pointe, « car il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'Infini »

Pêcheur d'Islande
7.7

Pêcheur d'Islande (1886)

Sortie : 1886 (France). Roman

livre de Pierre Loti

Annotation :

Nous alimentons mieux notre rêverie avec ce qui nomme notre rêve sans l'expliquer, avec les indicateurs de chemin de fer, les récits de voyageurs, les noms des commerçants et des rues d'un village, que dans un trop subjectif Pierre Loti.

Guerre et Paix
8.2

Guerre et Paix (1867)

(traduction Elisabeth Guertik)

Война и мир (Voyna i mir)

Sortie : 1953 (France). Roman, Aventures, Histoire

livre de Léon Tolstoï

Annotation :

CSB - On aime les romanciers en se soumettant à eux, on reçoit d'un Tolstoï la vérité comme de quelqu'un de plus grand et de plus fort que soi.

Jean-Christophe
7.6

Jean-Christophe (1912)

Sortie : 1912 (France). Roman

livre de Romain Rolland

Annotation :

Ici, en ignorant ce qui se passe au fond de lui, en se contentant des formules rebattues et de sa mauvaise humeur, sans chercher à voir au fond.... Et quand Jean-Christophe (génie mauvais coucheur dont les boutades terriblement banales sont exaspérantes) cesse de parler, M. Romain Rolland continue à entasser banalités sur banalités, et quand il cherche une image plus précise, c'est une oeuvre de recherche et non de trouvaille, et où il est inférieur à tout écrivain d'aujourd'hui ... Aussi cet art est-il le plus superficiel, le plus insincère, le plus matériel et le plus mondain (même si son sujet est l'esprit, puisque la seule manière pour qu'il y ait de l'esprit dans un livre, ce n'est pas que l'esprit en soit le sujet mais l'ait fait)

Pelléas et Mélisande
7.5

Pelléas et Mélisande (1893)

Sortie : 17 mai 1893 (France). Théâtre

livre de Maurice Maeterlinck

Annotation :

Les écrivains que nous admirons ne peuvent pas nous servir de guides, puisque nous possédons en nous comme l'aiguille aimantée ou le pigeon voyageur, le sens de notre orientation... Mais par moment, quand nous jetons les yeux de droite et de gauche sur l'oeuvre de Francis Jammes ou de Maeterlinck, les réminiscences anticipées que nous y trouvons de la même idée, de la même sensation, du même effort d'art que nous exprimons, nous font plaisir comme d'admirables poteaux indicateurs qui nous montrent que nous ne nous sommes pas trompés .... Superflus si l'on veut. Pas tout à fait inutiles cependant.

L'Éducation sentimentale
7.4

L'Éducation sentimentale (1869)

Sortie : 1869 (France). Roman

livre de Gustave Flaubert

Mathou- a mis 6/10.

Annotation :

« Dans le style de Flaubert, toutes les parties de la réalité sont converties en une même substance, aux vastes surfaces, d'un miroitement monotone. Aucune impureté n'est restée. Toutes les surfaces sont devenues réfléchissantes. Les choses s'y peignent mais par reflet, sans en altérer la substance homogène »
Ainsi ce qui était action devient impression, et les choses ont autant de vie que les hommes - « et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un grand soupir » & les paroles des personnages sont rapportés au style indirect pour qu'elles se confondent avec le reste et que soit utilisés le moins possible les guillemets.

++ EX - Il y a dans Salammbô un serpent qui incarne le génie d'une famille. Il me semblait ainsi que cette petite ligne serpentine se retrouvait chez sa soeur, ses neveux. Il me semblait que si j'avais pu les connaître j'aurais gouté en eux un peu de cette essence qui était elle. Ils semblaient toutes les esquisses différentes faites d'après un même visage commun à toute la race

Dans A Propos du Style de Flaubert, il parle de « beauté grammaticale » - la phrase, en permettant de faire jaillir du coeur d'une proposition l'arceau qui ne retombera qu'en plein milieu de la proposition suivante, assure l'étroite, l'hermétique continuité du style.

Mathou-

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