Réécoutes : Genesis
Bon, l'idée, réécouter Genesis, album après album
J'ai beaucoup écouté Genesis entre 1983 et 1997, et je m'en suis écarté
J'ai envie de faire ça ensemble, et de prendre vos commentaires
Allez, c'est parti ! Premier album, "From Genesis to Revelation"...
3 albums
créée il y a 1 jour · modifiée il y a 1 jourFrom Genesis to Revelation (1969)
Sortie : 7 mars 1969 (France). Prog Rock, Rock, Psychedelic Rock
Album de Genesis
Laughing Stock a mis 8/10.
Annotation :
Le panoramique d'entrée est très Beatles, le piano et la guitare à gauche, les cordes et cuivres à droite, et Peter Gabriel au centre.
J'aime bien cette entrée en matière, la chanson est touchante. Entre les Beatles et les Beach boys, avec un son très 60's, presque soul.
Second morceau, "In the beginning" commence par un son de synthé distordu, puis le groupe envoie une sorte de folk song, guitare piano, et légèrement au fond la batterie.
Le son est vraiment minimal, mais l'énergie est là. Et Peter est super présent, voire écrase tout.
C'est fou de se dire qu'il y a un monde, que dis-je, une galaxie, entre cet album (1969), et celui de King Crimson. Déjà dans le son, la forme. Mais il y a quelque chose qui me touche quand même.
Les cordes, faut s'accrocher, c'est vraiment sirupeux, mais les chansons sont solides !
Mais commencer ainsi, c'est déjà partir avec un son du passé.
Sur "Fireside song", j'entends juste une guitare et Gab ^^
"The Serpent" sonne vraiment 60's, presque Yéyés si vous avez l'image, mais posent des choeurs qui préfigure déjà "Trespass", et donnent une ambiance.
C'est un album agréable à écouter, où je trouve un parallèle avec le premier album de Fleet Foxes, 39 ans après.
"Am I very wrong" est une chanson qui m'a toujours touchée. Je devais avoir 17 ans, et je suis bouleversé. J'avais même chanté sur le passage instrumental, en en faisant un refrain personnel. Puis arrive le vrai refrain, frais, léger.
"In the wilderness" est un tube, "Music, all I hear is music", et j'y entends le coeur de Genesis là. Je trouve quand même que cela tue n'énergie du groupe, de les mettre uniquement à gauche, et ces cordes à l'unisson à droite.
"The conqueror" est plus équilibré, avec un chouette thème, les voix panoramiquées.
C'est un album que je trouve touchant. Une pépite, remplie de thèmes solides.
Je trouve qu'il a des similitudes avec le premier album de David Bowie aussi.
Les cordes, t'as envie de flinguer les violonistes.
Mais les chansons sont bonnes, et ça c'est un point qui doit attirer votre attention.
Sur "In Limbo", on sent encore la soul dans les arrangements. Je serais curieux d'entendre un enregistrement du groupe en concert, voir comment ils sonnaient sans l'orchestre.
"Silent sun" est aussi un tube, mais tellement hors de son époque, milieu 60's je dirais.
Et le final "A place to call my own", termine joliment l'album, et il s'envole.
Bonus : "One eyed hound" et "That's me" retiennent mon attention.
Trespass (1970)
Sortie : octobre 1970 (France). Rock, Prog Rock
Album de Genesis
Laughing Stock a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Une année après "In the court of the Crimson King" sort "Trespass".
Et on sent qu'ils ont beaucoup appris de cet album.
King Crimson a fixé la barre très haute, et ouvre la voie de l'ère progressive.
Dès "Looking for someone", le ton est donné. Le son est clair, distinct. Genesis est entré dans la course. Et c'est un déchirement, une voix soul écorchée, accompagnée par une orgue suspensive, que commence cet album.
Il y a un monde entre "From Genesis to Revelation" et "Trespass". Déjà, les musiciens existent, et tout l'univers est posé. La basse, la guitare électrique, l'orgue, le piano, les voix, l'ambiance, l'univers. Et tout s'emballe assez rapidement, se dramatise. Il y a une proposition ahurissante, composée de multiples parties, d'une richesse orchestrale, de champs contre-champs, c'en est étourdissant. Les bases sont posées, et l'ambition est grande.
Et c'est réussi. Pour moi, seul bémol, la partie batterie, John Mayhew, trop approximative.
Puis vient "White mountain", des grands espaces sont posés, le jeu des deux guitares.
Peut-être leur plus belle marque de fabrique. Anthony Phillips et Mike Rutherford.
Seule la batterie n'est toujours pas au niveau, limitée, à bout de souffle. A 3'40 vient un passage qui m'émeut tout le temps, cette partie basse martelée, martiale, au son énorme, et l'orgue envoutante. On peut aussi noter juste avant cette partie onirique, contrapuntique, flute, orgue, guitares qui rappelle le jeune baroque.
En deux morceaux, Genesis nous téléporte très loin, tout est aboli.
"Vision of angels" pourrait être une chute du premier album, mais plus construit. Le titre est cathartique. On est transfiguré par cette "vision of angels all around"
Je suis frappé comment les musiciens développent des thèmes, les enlacent, les varient, et les poussent loin. Le seul que je trouve à la traîne, c'est le drummer...
"Stagnation" est une réussite. Duo de guitares, baroques, et peut-être le titre de Genesis qui est le plus Genesis. Je suis impressionné par ce son d'orgue super long qui plane au milieu. Je me suis toujours demandé comment il avait fait le glissando sur la note. Et c'est là qu'on entend le premier solo de Banks mémorable. Le final est remarquable, Van der Graaf en diable, qui marque leur gout pour les finals (j'ai pas envie de dire finaux) grandioses, avec des thèmes imparables. A noter aussi l'utilisation du Mellotron.
"The knife" est un morceau de bravoure, épique, insensé
Nursery Cryme (1971)
Sortie : 12 novembre 1971 (France). Prog Rock, Rock
Album de Genesis
Laughing Stock a mis 9/10.
Annotation :
Genesis est lancé. Ils ont réglé leur problème de son, ils élaborent leurs compositions. Puis deux éléments nouveaux arrivent : Phil Collins, et Steve Hackett.
Selon moi, l'arrivée de Phil Collins va faire entrer Genesis dans la catégorie des grands, car ce qu'il propose à la batterie va fixer le groupe, et élever le niveau. Il va aussi proposer des choses très créatives, qui vont donner de l'ampleur aux compositeurs.
"The musical box", l'ambiance est posée, ils prennent leur temps, et lorsque le groupe explose, c'est le choc. Steve Hackett est plus frontal, et Phil Collins est une force de frappe, une machine de guerre. Tout le monde se déchaine. Puis vient le final, encore une fois, émouvant, "she's a lady, she is mine !", un passage déchirant, dramatique, qui scelle tout l'univers de Genesis à ce moment là. Et rien qu'avec ce titre, ils ont gagné la partie, on est conquis, on a affaire à des gens très sérieux qui vont tout chambouler.
Comme si c'était trop, Phil Collins passe au chant avec une petite comptine. Ils font chanter le batteur, alors inconnu ! C'est pas croyable de réaliser ça, dès son arrivée !?
Mais c'était pour nous préparer à "The return of the giant Hogweed", une déflagration un peu dérivée de "The knife". Je me trompe si je trouve que Peter Gabriel est influencé par Peter Hammill sur cette chanson ? Pour moi, c'est là où Genesis me fatigue aujourd'hui, où il perd la grâce de "Trespass". Mais on ne peux pas nier que Genesis pousse ici son style, et sort les dents. Tous les personnages sont animés, le côté théâtral de Genesis entre en jeu. C'est un peu dingue, hors-contrôle.
J'adore "Seven stones". Ils savent toujours écrire de belles chansons, et c'est pour moi un trésor un peu oublié. Le refrain est épique, énorme. Puis ils ne peuvent s'empêcher ces petites ornementations. C'est une petite pièce progressive fantastique.
"Harold the barrel", on est un peu perdu. Genesis semble plongé dans un univers fait d'une multitude de personnages, que le groupe met en scène. C'est là que je situe la fracture, qui va influencer tout l'univers prog. Je trouve le morceau un peu bordélique, mais il pose de nouvelles bases stylistiques.
"Harlequin" fait écho à "Absent friends", mais est plus développé.
"The fountain of Salmacis" clot un album protéiforme, complexe, marqué par la dextérité musicale.
Ouvrez les vannes, plusieurs générations s'engouffreront dans ce bordel musical effréné et frénétique.