Rétrospective : Paul Thomas Anderson
Paul Thomas Anderson est un grand cinéaste américain et un des rares auteurs à s’inscrire encore dans le mouvement du Nouvel Hollywood. Un mouvement dont il n'a pas pour autant participé mais qu'il l'a profondément marqué et dont il continue à lui rendre hommage à travers ses films comme il rend ...
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créée il y a presque 10 ans · modifiée il y a presque 7 ansDouble mise (1996)
Hard Eight
1 h 41 min. Sortie : 21 novembre 2018 (France). Thriller
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 6/10.
Annotation :
Après quelques courts métrages, il décide d'en adapter un en long pour marquer la première pierre de son édifice. Sauf que cette expérience ne fut pas des plus agréables pour Anderson qui dû affronter les producteurs pour conserver le dernier mot pour son film mais malheureusement ce sont eux qu'ils l'ont eu. Le film fut dons réduit de presque 1 heure, perdant ainsi son propos initiale et gagnant une fin beaucoup plus light.
Ce qui fait que Hard Eight est un film malade et ça ce voit. Le scénario possède des trous assez gênants et il se concentre plus sur l'aspect polar que sur sa méditation sur l'échec. Malgré tout on retrouve les premiers thèmes d'Anderson, c'est à dire le rapport avec le passé, que l'on cache mais qui nous suit inlassablement, la tentative d'avenir toujours incertaine, la famille recomposé et dysfonctionnelle ainsi que l'identité et le deuil ( sauf qu'ici c'est assez succinct sans doute dû aux coupes du film ). Mais malgré tout les enchaînement vont trop vite et la deuxième partie du film est bien trop classique et moins mystérieuse que la première ce qui fait que le film s’essouffle. Et le final va un peu nulle part, même si il est très chargé en symbolique et traduit à merveille le personnage principal, il manque un sentiment d'accomplissement qu'aurait desservit à n'en pas douter la fin initialement prévu par Anderson. Néanmoins les personnages sont attachants avec une belle psychologie et interprétés par de très bons acteurs ( même Gwyneth Paltrow offre une prestation honorable ). Et on note le sens inné de la mise en scène de Anderson qui est d'une maîtrise incroyable, elle se montre classique et ingénieuse avec un admirable sens du cadrage et une bonne gestion de la musique.
Boogie Nights (1997)
2 h 35 min. Sortie : 18 mars 1998 (France). Drame
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Pour son deuxième film Anderson ne se laisse pas marcher dessus cette fois et signe véritablement sa première oeuvre, celle qui est marqué de son emprunte à 200%. On retrouve ses thématiques précédemment exposé avec au centre le thème de la famille dysfonctionnelle et de substitution ainsi que celle de l'identité. Le porno est ici exploité comme une grande famille et permet aussi de faire un parallèle judicieux avec Hollywood. Ici cet univers pornographique reste en toile de fond pour raconter une histoire assez classique au final, celle d'ascension et de chute, de trouver sa place dans le monde, de s'extirper du passé pour se construire un avenir. Le film se fait assez ambitieux et dense dans ses thèmes cherchant à étudier une institution, un groupe d'individu et un destin personnel. Le film se jouera en deux temps, l'ascension des personnages puis leurs chute, d'ailleurs la deuxième partie ce fera moins surprenante et plus classique perdant un peu le charme de la première. Ce qui fait que comme son premier film, il s’essoufflera et ici le film disposera aussi de quelques longueurs dans le dernier tiers de son récit. Néanmoins le film reste purement fascinant avec cette notion de passé qui revient nous hanter, cette boucle qui se répète sans cesse et donne un sens particulier avec ce final pleins de sens et de symboliques. De plus les personnages sont psychologiquement incroyablement dense, les acteurs sont tous excellent même si Mark Wahlberg manque quelque peu de charisme et la mise en scène d'Anderson est grandiose. Avec en plus une réalisation technique irréprochable, une excellente sélection musicale et une maîtrise d'ensemble qui confine au génie avec des travellings et des plans séquences incroyablement bien senti avec un superbe sens du cadrage. Un très bon film assurément culte mais qui loupe la perfection à cause des défauts assez prononcés.
Magnolia (1999)
3 h 04 min. Sortie : 1 mars 2000 (France). Drame
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 10/10.
Annotation :
Pour son troisième film Anderson signe un réflexion fascinante sur le destin et la fatalité en se plongeant totalement dans le film chorale. Même si ici l'introduction est un peu veine et que certaines intrigues sont plus faibles que d'autres la cohésion de l'ensemble reste virtuose. L'écriture des personnages, leurs mises en relations et le rebondissement finale surprenant, tous est ici parfaitement écrit avec des personnages d'une densité incroyable. Le propos du film est fort et universel, on ressent le poids du passé, les regrets et le deuil. On est en pleins dans les obsessions d'Anderson avec encore une fois une place importante de la famille et de l'identité, mais ici ses obsessions opères aussi une forme de mutation, Anderson réinventant habilement son style. Les acteurs sont tous grandiose et la mise en scène est brillante et inventive. La maîtrise est encore de rigueur, comme toujours chez Anderson et il offre une scène apocalyptique absolument magistrale. Un grand film tout simplement.
Punch-Drunk Love - Ivre d'amour (2002)
Punch-Drunk Love
1 h 35 min. Sortie : 22 janvier 2003 (France). Comédie dramatique, Romance
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Le quatrième film d'Anderson est très particulier dans sa filmographie, délaissant les grandes fresques pour s'intéresser à un destin unique et une histoire d'amour touchante. Mais pour autant le film est un pur film d'Anderson, la famille est toujours signe d'oppression et il montre les ravages qu'elle peut faire sur une vie, cette opposition du passé qui handicap l'avenir. Car ici le personnage central est un homme névrosé et incompris qui s'est créée une bulle pour échapper à ses sœurs envahissantes et castratrices et qui va s'épanouir grâce au contact d'une femme compréhensive qui le percera à jour. C'est un film d'amour original sur l'identité, comment s'accepter lorsque l'on est différent ? Mais malheureusement l'histoire d'amour est étouffer par une histoire assez ridicule qui fait tourner cela en petit thriller assez inintéressant et inutile handicapant grandement le film. Néanmoins le film est drôle et touchant grâce à la réussite qu'est son personnage principal, impeccablement interprété par Adam Sandler. Le casting général est excellent et la mise en scène plus classique mais encore très maîtrisé avec une utilisation intelligente du cinémascope. Le film se plongeant dans le point de vue névrosé de son personnage plutôt que dans la réalité des événements tranchant avec le style habituel d'Anderson. Un bon film frais et original qui mérite d'être vu.
There Will Be Blood (2007)
2 h 38 min. Sortie : 27 février 2008 (France). Drame
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Pour son cinquième film Anderson signe clairement un chef d'oeuvre absolu, d'une densité rare et qui cristallise tout ce qui fait le sel de son cinéma, ses thématiques atteignant ici leurs paroxysmes et les défauts de ses précédents films s'envole en éclats. Ici le récit est totalement maîtrisé avec une manipulation habile de l'ellipse, des personnages à la psychologies fascinante et un propos fort. Le film est avant tous l'histoire d'un pays, c'est l'histoire de l'Amérique qui se forgent à travers ses pionniers, le passé y est lourd et l'avenir est prospère mais corrompu. Le personnage devenant une figure méphistophélique au fur et à mesure de son expansion tombant dans l'aliénation et la paranoïa. De plus on voit la naissance d'une ferveur religieuse proche de l'idéologie sectaire, une forme de fanatisme religieux à la fois hypocrite et corrompu car il ne pense qu'à l'argent. C'est un film où la religion est très présente mais où c'est la forme du diable qui l'emporte et à travers ça on a une nouvelle forme du cinéma d'Anderson mais qui garde ses thèmes de prédilections comme celle de la famille avec une relation père-fils retorse et confuse très dysfonctionnelle. De plus la mise en scène d'Anderson est ici beaucoup plus brute et directe étant proche parfois d'une approche documentaire avec comme toujours la maîtrise qui le caractérise avec aussi un excellent casting dont un Daniel Day-Lewis impérial et magnétique. Le film est d'une richesse et d'une densité assez inouïe et qui mérite plusieurs visionnages pour en saisir toute les beautés. Un vrai chef d'oeuvre vous dis-je !
The Master (2012)
2 h 18 min. Sortie : 9 janvier 2013 (France). Drame
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 8/10.
Annotation :
Ici pour son sixième film Anderson poursuit ce qu'il avait entrepris avec There Will Be Blood, les deux films forment un diptyque cohérent tout en étant assez opposé, ils sont les deux faces d'une même pièce. On retrouve l'étude d'une idéologie de groupe assez présent dans les films d'Anderson en s'intéressant à l'aspect des sectes comme avait un peu fait son précédent film tout en étendant cela à un pays en pleine évolution, Anderson se servant de ses personnages pour écrire une histoire qui les dépassent et qui s'inscrit dans celle de leur pays. On retrouve ce passé lourd et cet avenir incertain offrant une ambiance oppressante et hypnotique. Beaucoup on la sensation que le film ne raconte pas grand chose et va nulle part mais c'est exactement le but premier du film présenté des personnages en totale perte de repère qui ne trouve plus leurs places dans un monde complexe et changeant qu'ils sont près à suivre le premier venu même si ses idées sont extrêmes tant qu'il sait bien les exposés, ce qui renvoie au parallèle de la montée du nazisme. Ce film marque donc le deuxième opus d'une trilogie formé aussi par There Will Be Blood et Inherent Vice qui raconte avant tous la fin d'une époque, le changement et l'histoire d'un pays. Anderson entreprend avec ça une mutation de sa carrière même si ici on retrouve ses thèmes principaux comme la famille dysfonctionnelle et ce rapport père-fils entre admiration et ressentiment. La mise en scène est somptueuse, d'une maitrise absolue et techniquement parfaite tandis que le casting est excellent avec Joaquin Phoenix magistral et Philip Seymour Hoffman excellent comme toujours.
Inherent Vice (2014)
2 h 28 min. Sortie : 4 mars 2015 (France). Comédie dramatique, Film noir
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Anderson arrivera-t-il à faire une adaptation fidèle du roman de Thomas Pynchon tout en arrivant à ce réapproprier l'oeuvre pour en faire un film personnel et dans ses thématiques ? La réponse sera dans ma critique mais néanmoins ce film est pleins de promesses et est une de mes plus grosses attentes de l'année.
Phantom Thread (2017)
2 h 10 min. Sortie : 14 février 2018 (France). Drame
Film de Paul Thomas Anderson
Flaw 70 a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Après avoir clôturé sa trilogie sur l'Amérique, Anderson décide de prendre un tournant dans son cinéma avec son huitième film. S’apparentant à un "Punch-Drunk Love post There Will Be Blood", le film garde l'austérité nouvelle de son auteur pour nous proposer un récit souvent brillant qui manie habilement le décalage comique et qu'il serait trompeur de le voir comme mineur. PTA signe son oeuvre la plus personnelle et le fait avec panache dans une mise en scène élégante et accompagné d'un excellent casting, l'incroyable Daniel Day-Lewis en tête. Encore un flamboyant chef d'oeuvre !