Seb C. - Liste commentée : PIFFF 2021
J'ai eu l'honneur de participer au Paris International Fantastic Film Festival 2021 en tant que membre du jury. Mon compte-rendu et mes avis film par film, par ordre chronologique des projections auxquelles j'ai assisté... et à valeur uniquement subjective !
32 films
créée il y a environ 3 ans · modifiée il y a presque 3 ansVeneciafrenia (2022)
1 h 40 min. Sortie : 3 mars 2024 (France). Épouvante-Horreur
Film de Àlex de la Iglesia
Seb C. a mis 5/10.
Annotation :
Film d'ouverture - Long-métrage hors compétition
Nouveau film d'Alex de la Iglesia, Veneciafrenia semble censé ouvrir une espèce d'anthologie à la Dark Castle promue par Prime Video. Un slasher convenable mais sans envergure, d'autant plus décevant qu'il est réalisé par un cinéaste aguerri qui semble ici à la peine. Le film, en racontant la prise au piège de touristes odieux par une Venise agacée d'être envahie de voyageurs bruyants et irrespectueux, semble un peu passer à côté de son sujet, avec une mise en scène maladroite bourrée de cuts inutiles, des personnages sans charisme et une violence mal mise en valeur, dépourvue de sens et en mode "provoc' de cour de récré". Personnellement, pas trop client.
Mad God (2021)
1 h 24 min. Sortie : 26 avril 2023 (France). Animation, Épouvante-Horreur, Fantastique
Long-métrage d'animation de Phil Tippett
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
Mad God a été présenté comme le fruit d'une décénnie de travail acharné par son créateur, le légendaire Phil Tippett qui fut aux commandes des effets spéciaux des films hollywoodiens les plus révolutionnaires des années 90. Film d'animation multi-techniques (surtout en stop motion, semble-t-il), à l'ambiance malsaine et à l'histoire volontairement absconse, Mad God est dépourvu de dialogues et propose pour toute bande-son des musiques atmosphériques noyées sous une montagne de baragouinements, pleurs et autres cris de bébés. On n'y comprend rien, mais on se laisse porter par l'ambiance hypnotique et l'imagination à la fois glauque et débridée de son réalisateur, qui a manifestement eu envie de faire absolument ce qu'il voulait. Au risque d'en laisser sur le carreau, mais la démarche a le mérite du courage et de la radicalité.
The Power (2021)
1 h 32 min. Sortie : 16 février 2022 (France). Épouvante-Horreur
Film de Corinna Faith
Seb C. a mis 4/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
The Power est le premier film d'angoisse classique de la compétition, et aussi l'un des seuls. Le film marche sur les traces du Saint-Ange de Pascal Laugier, entre autres inspirations pas forcément glorieuses qui ne démentent toutefois pas un certain talent de mise en scène de la part de sa réalisatrice. C'est propre, c'est carré, c'est bien interprété, et les multiples niveaux de lecture du scénario auraient pu être intéressants... si le film avait osé, simplement, faire peur, s'il avait osé se démarquer par une quelconque originalité ou, au moins, par un désir de provoquer une véritable angoisse. Malheureusement, j'ai surtout eu l'impression de voir un film d'angoisse propret, aux effets vus et revus, qui semble réellement rechigner à tirer parti de son sujet, de son environnement, et surtout, qui préfère limiter ses moteurs d'angoisse aux bons vieux jump scares et autres artifices de sound designers en panne d'inspiration. C'est dommage, parce que pour un premier film, The Power est d'un niveau technique et artistique honorable.
V/H/S/94 (2021)
1 h 43 min. Sortie : 6 octobre 2021 (États-Unis). Épouvante-Horreur
Film de Simon Barrett, Chloe Okuno, Ryan Prows, Jennifer Reeder et Timo Tjahjanto
Seb C. a mis 5/10.
Annotation :
Long-métrage (anthologie) hors compétition
Autant le dire, même s'il ne jouait pas en compétition (distribution exclusive sur une plate-forme de streaming américaine oblige), ce VHS 94 était à la base le film que j'attendais le plus de tout le festival. Je suis ultra fan du premier VHS, qui fut porté entre autres par les très talentueux Radio Silence et David Bruckner, qui a selon moi redéfini les codes du found footage et reste aujourd'hui encore un modèle absolu des genres angoisse, found footage et anthologie (oui oui, tout ça à la fois - d'ailleurs, qu'attendez-vous ? Si vous ne l'avez pas encore vu, jetez-vous dessus). Sans grosse surprise, ce "spin-off" assumé comme tel est bien loin d'atteindre la perfection de forme, la pertinence du traitement, la cohérence et la glauquitude du premier épisode. On y retrouve de bons moments, des courts-métrages bien fichus avec un travail intéressant sur l'atmosphère et la manière de filmer, mais l'ensemble souffre d'un manque de cohérence frappant et tourne vraiment trop autour de la blague potache pour réellement impliquer sur la durée. Le segment le plus long, sorte de délire gore dans le laboratoire d'un savant fou qui torture ses patients pour leur greffer des augmentations électroniques, est très représentatif : c'est ambitieux, mais ça part dans tous les sens, c'est trop long et au final la mise en scène oublie le souci de cohérence et de fidélité par rapport au concept de found-footage. Le film déçoit aussi par ses effets spéciaux assez moches, certes soignés pour le format mais trop mis en avant pour leur propre bien. Bref, un demi-coup dans l'eau.
Absolute Denial (2021)
1 h 11 min. Sortie : 2021 (Royaume-Uni). Animation, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Ryan Braund
Seb C. a mis 4/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
Absolute Denial est un film d'animation de science-fiction notamment passé par le festival d'Annecy. Utilisant la technique du rotoscoping, notamment éprouvée sur l'excellent A Scanner Darkly, il partait plutôt bien dans la vie avec son sujet dystopique et son esthétique léchée. Mais assez rapidement, on se rend compte que quelque chose cloche : au moins la moitié du film est envahie par une voix off qui passe son temps à rabâcher des considérations sentencieuses et à placer son intrigue (pire moyen ever de raconter une histoire), mais surtout le scénario semble déjà avoir été raconté cent fois, et souvent en mieux. Derrière son élégance, Absolute Denial se prend bien trop au sérieux pour son propre bien et n'a suscité chez moi, comme chez beaucoup d'autres spectateurs, qu'une indifférence polie.
Les princesses font ce qu'elles veulent (2021)
34 min. Fantastique
Moyen-métrage de Quarxx
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition française
Introduit par une jeune première déchaînée dont les festivaliers de cette édition 2021 risquent de se souvenir longtemps, ce court-métrage de Quarxx est certainement l'un des plus léchés et les mieux produits de tous les courts montrés dans la compétition, ce qui n'est pas une surprise quand on connaît l'univers du réalisateur et son goût pour les belles choses (voir son long-métrage "Tous les dieux du ciel", expérience sensorielle et esthétique assez radicale qui m'avait beaucoup plu). Le film, bien qu'un peu long, est magnifique, avec un univers artistiquement ultra-léché qui reprend les codes de l'imaginaire enfantin (monstres dans la cave, ombres de branches qui s'animent sur les murs, tenues de princesse et passion pour les sucreries) pour raconter une histoire horrible racontée avec un décalage plutôt bien amené. Le seul véritable reproche qu'on pourrait lui faire est que la technique finit par prendre le pas sur le fond, au point de donner à l'ensemble un côté poseur parfois un peu désagréable. Mais impossible de nier l'ambition artistique et l'amour du travail bien fait qui transpirent de chaque image de cette production singulière, qui confirment son réalisateur comme l'un des grands noms actuels du fantastique français.
Les Champs magnétiques (2020)
20 min. Sortie : 1 octobre 2020. Science-fiction
Court-métrage de Romain Daudet-Jahan
Seb C. a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Court-métrage en compétition française
Globalement, je trouve que le niveau des courts-métrages a écrasé celui des longs pour ce festival. Les Champs magnétiques, mon préféré de la compétition française, est clairement l'un des meilleurs courts que j'ai vu dans ma vie et pourrait bien être, qualitativement, mon film préféré en compétition projeté au festival, tous formats confondus. En racontant l'histoire de deux ados paumés dans les montagnes corses à la recherche d'étranges signaux magnétiques, le film atteint une forme d'épure narrative extrême sans pour autant démentir une grande profondeur, que ce soit dans le jeu des acteurs, dans la caractérisation des personnages ou dans l'environnement naturel qui les entoure, protagoniste à part entière filmé et éclairé de main de maître. Si tous les effets spéciaux, maquillages... sont extrêmement réussis, ils ont l'intelligence de ne jamais phagocyter l'intrigue, qui progresse de façon réussie vers un fantastique de plus en plus mystérieux et palpable, jusqu'à un final éblouissant de maîtrise. Tout sonne juste : les personnages, les dialogues, l'étrangeté et la beauté du cadre champêtre. Une sorte de version ramassée d'un véritable film de cinéma, à ranger entre un long-métrage de David Moreau à la "Seuls" et un drame réaliste plus classique.
4000 Litres (2021)
05 min. Comédie, Fantastique
Court-métrage de Anne Brandy et Thomas Robineau
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition française
La présentation décalée sur la scène du Max Linder par ses deux réalisateurs a donné le ton : 4000 litres est un court-métrage idiot et ravissant. D'une durée d'à peine quelques minutes, il s'agit sans doute du véritable format court de la compétition française. Le scénario est débile : un type, pendant sa pause pipi, réalise qu'il ne peut plus s'arrêter d'uriner. C'est tout, bonsoir et merci. Et pourtant ça fonctionne parfaitement, grâce à un humour impeccablement maîtrisé, une idée de départ bien exploitée et une durée qui tombe pile poil pour faire durer le délire sans sombrer dans la redite.
La Verrue
23 min.
Court-métrage de Sarah Lasry
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition française
La Verrue a globalement dominé ex-aequo le palmarès des court-métrages français. Sans être mon préféré, il est vrai qu'il s'agit d'un film maîtrisé, qui recourt au surnaturel de manière intéressante et possède un discours fort, pas très éloigné du style Julia Ducournau mais dans une veine plus sociale et réaliste. Certaines audaces de narration et de style sont à saluer particulièrement dans cette histoire d'émancipation féminine à mi-chemin entre la chronique réaliste et le fantastique pur jus.
Le Varou (2021)
29 min. Sortie : 2021 (France). Drame, Fantastique
Court-métrage de Marie Heyse
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition française
Porté par l'excellente Coralie Russier, Le Varou est ressorti comme l'autre grand gagnant de la compétition courts français avec La Verrue. De tous les courts, c'est certainement celui qui a le ton le plus réaliste, le plus cru, en limitant au maximum les effusions de fantastique avant son final très poétique et imagé. Personnellement, j'ai un peu regretté que le film ne pousse pas plus loin son propos fantastique (finalement rien de très neuf autour du concept de bête sauvage mystérieuse) pendant la plus grande partie du film, et se prenne inversement les pieds dans le tapis d'une révélation finale un peu "too much". Mais ce serait pinailler tant Le Varou est bien écrit, bien interprété, bien mis en scène, avec, comme tous les autres courts français de la compétition, cette envie bouillonnante de cinéma qui transpire le talent par tous les pores jusqu'à nous faire tolérer ses touchantes maladresses.
Comrade Drakulich (2019)
Drakulics elvtárs
1 h 35 min. Sortie : 31 octobre 2019 (Hongrie). Fantastique, Comédie dramatique
Film de Márk Bodzsár
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
Nous avons, avec les deux autres membres du jury Mad, attribué une mention spéciale à cet étonnante comédie d'espionnage fantastique au contexte historique intéressant. C'est sûr, le film est plutôt "gentillet", son histoire suit tranquillement des rails largement navigués malgré l'originalité du contexte, et sans doute que Mark Bodzsar aurait pu faire preuve de davantage de radicalité dans les aspects comédie comme horreur. Mais Comrade Drakulich est plutôt à prendre comme une fable politique nécessaire, quasi-familiale (ce n'est pas forcément un gros mot, surtout si c'est bien fait), qui dose ses effets comiques, fantastiques et même romantiques avec un tact appréciables, sans excès ni sous-régime. Et puis, bon sang : ce n'est quand même pas tous les jours qu'on voit un film hongrois qui raconte l'histoire de vampires communistes sur fond de guerre froide. Rien que pour ça, merci.
Seek (2020)
06 min. Sortie : octobre 2020 (États-Unis). Épouvante-Horreur
Court-métrage de Aaron Morgan
Seb C. a mis 8/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
La compétition internationale des courts a commencé très fort avec quelques minutes ultra-tendues, véritables cri d'amour au cinéma d'angoisse moderne et à ses créatures de cauchemar tapies dans l'ombre. Avec son unité de temps et de lieu, Seek a tout loisir de se concentrer sur la beauté et l'efficacité de ses effets, qui réussissent à foutre une pétoche monstre, en particulier grâce à la présence discrète d'une créature terrifiante dont l'apparence mi-organique mi-numérique a été confiée aux bons soins des génies des effets visuels de Weta Workshop. Ce seul argument suffit à la vision du film : c'est court, c'est intense, c'est beau et ça dérange pile comme il faut.
Mirage
15 min.
Court-métrage de sil van der woerd
Seb C. a mis 8/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
Comme Seek, Mirage se concentre sur la beauté de ses effets visuels. Filmé dans une 4K somptueuse, Mirage se "contente" de montrer un vieil homme poursuivi dans la forêt par une sorte de voile ténébreux protéiforme qui semble à tout prix vouloir le tuer. C'est tout, et pourtant il n'en faut pas plus : tout le film est concentré sur la représentation visuelle et sonore de ce voile, la manière dont il menace, cerne et oppresse le protagoniste que la caméra talonne de très près. Le résultat est techniquement époustouflant, et envoie en même temps des bouffées d'angoisse et de poésie grâce à la sombre beauté formelle des effets visuels. Pour le fond, on pourra repasser (quoique la simplicité du message fait une partie de sa force), mais la forme est tellement hallucinante qu'on est quasiment davantage face à un benchmark technique de monstre, une sorte de "proof of concept" archi-abouti, qu'à un film complet. Pour un court, j'ai trouvé ça intelligent et j'ai été très client.
Shiny New World (2021)
09 min. Sortie : 4 décembre 2021 (France). Épouvante-Horreur, Comédie
Court-métrage de Jan van Gorkum
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
Shiny New World fait partie des 3 courts à dominante comique avec 4000 Litres et Cuckoo!. Le concept ressemble à une sorte d'adaptation du jeu vidéo "Viscera Cleanup Detail", où l'on suit la journée d'une sorte de nettoyeur de scène de slasher une fois que les ados se sont fait étriper par le serial killer local. Construit à la manière d'un faux film d'entreprise, le film a un léger problème de ton en hésitant entre le documentaire, le mimétisme et la parodie grasse, et c'est toujours dommage pour un format court de ne pas réussir à maintenir une cohérence sur une si courte durée. Mais l'inventivité et le gros travail sur les effets spéciaux l'emportent, notamment à travers de l'étrange acolyte du héros, sorte d'aspirateur humain difforme et drôle qui ingère les viscères laissées par les infortunées victimes. Toute la salle a beaucoup ri et à défaut d'être parfaitement abouti artistiquement, la solidité technique du film le rend vraiment séduisant.
Las Brujas
14 min. Épouvante-Horreur
Court-métrage de David Paternina
Seb C. a mis 5/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
Sorte de faux documentaire sur les sorcières dans le style d'un Cannibal Holocaust, Las Brujas est un film d'angoisse conceptuel volontairement nébuleux, presque incompréhensible, qui préfère à la démonstrativité une forme d'abstraction qui aurait pu coller au sujet. Sauf qu'en multipliant les approches, le film finit par être un peu théorique, froid, et échoue à l'arrivée à faire frémir ou à véritablement angoisser malgré une atmosphère intéressante. Une sorte de "folk horror" expérimentale qui a une certaine classe, mais qui au final s'avère plutôt hermétique et repliée sur elle-même.
Tío (2021)
12 min.
Court-métrage d'animation de Juan José Medina
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
J'avoue avoir décroché pendant ce court d'animation. Du coup, je l'ai vu, et en même temps, je ne l'ai pas vu. Voilà. J'ai honte.
Cuckoo! (2019)
Koekoek!
07 min. Sortie : 2019 (Pays-Bas). Comédie, Fantastique
Court-métrage de Jörgen Scholtens
Seb C. a mis 8/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
Voici le court qui a triomphé à la compétition internationale, et pour cause : il a fait rire toute la salle et son postulat de départ complètement débile est parfaitement soutenu par l'imagination et la rigueur de son réalisateur, qui a réussi à donner une texture très crédible à son histoire improbable. On suit tout simplement l'aventure d'un "habitant de coucou", dont le rôle est, toutes les heures, de sortir de sa petite maison par le biais d'un wagon à propulsion pour hurler "Cuckoo!" à la vieille dame qui habite la maison (la vraie, celle dans laquelle est le coucou). Le concept est bien exploité jusqu'au bout, avec son lot de gags gras mais fendards, et surtout le film joue très bien de la différence d'échelle entre la maison du "coucoutier" et celle de la "vraie" maison qui l'abrite, en montrant régulièrement le coucoutier comme un petit point minuscule au milieu du salon. Typiquement le genre de pitch dont il vaut tout de même mieux savoir le moins possible pour profiter de l'histoire et des petites trouvailles du scénario, aussi bébêtes qu'amusantes.
The Archivists (2020)
14 min. Science-fiction, Musique
Court-métrage de Igor Drljaca
Seb C. a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
Coup de cœur personnel de cette compétition internationale, The Archivists raconte la petite histoire de musiciens itinérants qui, dans un monde manifestement post-apocalyptique, entrent dans les maisons abandonnées, s'emparent des souvenirs des lieux et refont vivre, l'espace d'un instant, l'époque d'avant la fin du monde en rejouant de vieux tubes. La mise en scène, qui se contente de filmer la maison délabrée pendant que le groupe rejoue une chanson, possède une force de frappe impressionnante dans sa sobriété, et l'alliance d'une musique nostalgique avec les plans sur un monde crépusculaire fonctionne à merveille. Jusqu'à la fin, où l'on voit notre petite troupe plier bagages, monter dans sa caravane et partir au soleil couchant vers ce qu'on imagine sa prochaine étape. De la poésie, simple, brute, efficace, d'autant plus touchante que ce court fait figure de total outsider dans le reste de la programmation.
A Tale Best Forgotten (2020)
05 min. Sortie : 2020 (Suède). Épouvante-Horreur
Court-métrage de Tomas Stark
Seb C. a mis 4/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
Attention, film d'auteur. Ce court est l'adaptation d'un conte folklorique glauque, dont il rejoue l'histoire par un simple jeu de plans entre la berge d'un fleuve et le reflet de l'eau. C'est rigolo deux minutes, mais, avec cette voix off omniprésente (c'est pas cool de faire ça), le film m'a rapidement fatigué et je pense au final qu'il s'agit du seul court-métrage qui m'aura réellement déplu dans une sélection pourtant ultra-qualitative. Dommage, d'autant que le film a une vraie posture artistique - j'y suis juste resté complètement hermétique.
The Relic (2020)
14 min. Sortie : 15 octobre 2020 (États-Unis). Épouvante-Horreur
Court-métrage de J.M. Logan
Seb C. a mis 8/10.
Annotation :
Court-métrage en compétition internationale
Avec Seek, The Relic est l'autre court de la sélection entièrement tourné vers le body horror et l'hommage à l'angoisse moderne, ici au "The Thing" de John Carpenter dont il reprend le cadre, le style et les moteurs d'effroi, en version in-media res et ultra-ramassée. Au début un peu trop hystérique et gueulard, The Relic fait peu à peu monter la pression avec le recours croissant à des effets visuels de toute beauté, dont la prestance technique est à rapprocher du récent remake de Matthijs van Heijningen. Pauvre en sens, mais riche en forme, et au final un excellent shot de body horror moderne et ambitieux, qui ne tourne pas autour du pot et en met plein les mirettes. C'est oui.
Bull (2021)
1 h 28 min. Sortie : 18 mai 2022 (France). Thriller
Film de Paul Andrew Williams
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
Bull est clairement ressorti grand gagnant de la compétition avec le prix du public et le prix Ciné+. Pour moi, c'est un chouette film, mais tout de même trop classique, trop calibré, qu'on a un peu l'impression d'avoir déjà vu malgré sa solidité de forme et de fond. Porté par la performance de Neil Maskell, vu dans la série Utopia, Bull se pose comme un solide thriller british, aussi classique qu'efficace, avec son lot de gangsters en quête de rédemption, de mafieux impitoyables, de pavillons de banlieue tristounes et de PLEIN de méchants vraiment très méchants, qui ont l'air gentils parfois mais qui sont quand même très méchants. On a plein d'empathie pour l'anti-héros, qui est autant une ordure qu'une victime, ce qui provoque chez le spectateur un sentiment d'attraction-répulsion très intéressant. Rien à dire, ça fonctionne parfaitement, le rythme est tenu de bout en bout et les nombreuses touches de gore rendent le spectacle encore plus intense. La touche dramatique liée au passé du protagoniste, le montage temporel volontairement embrouillé mais malin, tout est carré, tout est bien fait, et on se laisse porter jusqu'au bout sans aucun souci. J'aurais donc voté pour lui, si ce n'était ce manque patent d'originalité qui m'a fait finir la séance certes stimulé et en pleine catharsis, mais tout de même avec l'impression tenace d'avoir déjà fait plusieurs tours de cette attraction.
Message d'Outre-Espace (2021)
29 min. Sortie : 5 décembre 2021 (France).
Court-métrage de Alex Pilot
Seb C. a mis 5/10.
Annotation :
Moyen-métrage hors compétition
Séance de 11h30 un dimanche, salle ultra pleine, distribution de tracts à l'effigie du film, pré-séance avec un excellent clip musical. Le film commence, j'ai eu l'impression de voir une sorte de version suédée de l'excellente série française "Ovni(s)". Tout y est : la reconstitution des années 70/80, le paranormal coloré, le ton mi-rigolo mi-nostalgique, l'interprétation volontairement outrée des comédiens. Le film passe par toutes les salles, toutes les ambiances, au risque de manquer de cohérence et d'un véritable but en à peine 30 minutes de pellicule. J'ai eu davantage l'impression de regarder une excellente vidéo Youtube qu'une véritable oeuvre cinématographique, ce qui n'est sans doute pas un hasard car l'équipe est précisément issue des débuts des stars françaises de l'internet, période Nolife. C'était rigolo, pourtant j'ai pris le truc comme une espèce de private joke bien faite, mais un peu hermétique, dont je me suis senti un peu exclu. J'ai peut-être eu aussi un peu de mal avec le concept consistant à diffuser tout de suite après la fin, sans entracte, un making of plus long que le film lui-même, comme si le projet avait un melon pas possible alors qu'à côté de cela, l'équipe semblait très sympa et accessible. Un peu bizarre.
Stéphane (2022)
1 h 19 min. Sortie : 30 mars 2023. Comédie
Téléfilm de Timothée Hochet et Lucas Pastor
Seb C. a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Long-métrage en compétition
Le voilà, notre chouchou, celui auquel notre Jury Mad a attribué son prix. Coup de coeur collectif et instantané, Stéphane se pose comme une sorte de found footage parodique racontant l'histoire d'un réalisateur raté essayant de boucler un court-métrage foireux en compagnie de son seul acteur, une espèce de mythomane beauf et à moitié psychopathe incarné par le très talentueux Lucas Pastor. A mi-chemin entre le Projet Blair Witch, "Harry, un ami qui vous veut du bien" et un épisode de Strip Tease jamais tourné sur la condition de réalisateur amateur, Stéphane a deux grands mérites : d'un côté, celui d'être un formidable représentant du genre found footage, avec une gestion fine des caméras et des angles de vue, une mise en scène crédible qui ne trahit jamais son concept et s'en sert au contraire brillamment pour raconter son histoire ; de l'autre, une tonalité parodique vraiment très, très (très) réussie portée par une interprétation irréprochable et des situations semi-improvisées à l'impact comique dévastateur. On est gêné, on rit, on écarquille les yeux constamment face à l'inventivité et à la liberté du film, qui réussit à la fois à être complètement perché et parfaitement cohérent. Le film est extrêmement bien joué de bout en bout, avec un duo d'acteurs principaux si investis dans leurs rôles qu'on oublie régulièrement être face à une œuvre de fiction. La manière dont le fantastique affleure, de façon très discrète mais cependant présente et pertinente, termine de rendre ce film complètement unique et en même temps dans la pure ADN des travaux de ses deux réalisateurs sur la chaîne Youtube "Chaise", entre du Yes (période origines) et les podcasts de Marius. Sans doute aussi que sa légèreté, son approche originale du surnaturel et de l'inquiétant me l'ont rendu encore plus attachant. On a tellement adoré qu'on n'a pas hésité à lui remettre le prix en dépit du statut de "work in progress" martelé par la production (bon, c'est vrai qu'il y avait des bugs d'affichage au générique de fin... mais quoi d'autre ?). Du coup, il ne me reste plus qu'à (réellement) découvrir les œuvres passées du duo.
Innocence (2004)
2 h 02 min. Sortie : 12 janvier 2005. Drame
Film de Lucile Hadzihalilovic
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Long-métrage hors compétition
Voilà un film dont je n'avais jamais entendu parler alors qu'il avait tout pour me plaire : démarche artistique radicale, photo signée Benoît Debie et gros succès d'estime à sa sortie. Innocence est un film étonnamment calme et posé qui suit exclusivement des petites filles dans une sorte de pensionnat isolé au milieu des bois, où elles sont formées à devenir des adultes. Le film est extrêmement imagé, avec une forte place laissée à la symbolique. Le climat est dérangeant, sans réelle violence mais avec une pression palpable, sans parler du sujet sensible de la représentation permanente de petites filles à l'écran (qui a valu au film, d'après l'échange très intéressant avec sa réalisatrice, des commentaires particulièrement assassins à sa sortie). Les dialogues sont d'une austérité volontaire, comme si le film voulait lui-même dégager la même sécheresse que l'école imposait à ses jeunes pensionnaires. Pas forcément trépidant, Innocence laisse cependant à réfléchir une fois le générique de fin atteint, ce qui, personnellement, m'a beaucoup plu dans la démarche.
The Sadness (2021)
Ku bei
1 h 40 min. Sortie : 6 juillet 2022 (France). Épouvante-Horreur
Film de Rob Jabbaz
Seb C. a mis 6/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
Voilà le gros rouge qui tache de la compétition. Un film ultra violent, d'un gore invraisembable, qui met le paquet dès les premières minutes et ne s'arrêtera qu'à la toute fin : éviscérations, ébouillantements, viols (et par des orifices parfois inattendus), égorgements, écrabouillages, émasculations, on en passe. The Sadness a pour lui d'être très esthétique, mais c'est aussi sa limite : d'un premier degré affligeant, le film génère d'abord le dégoût, puis une forme d'habitude qui finit par se muer en indifférence devant les incessantes déferlantes de violence filmées sans aucun recul ni vision. Il aurait été sans doute pertinent d'instiller du second degré, ou un minimum de discours politique dans cette histoire débile de contamination mondiale qui n'a ni queue ni tête. En l'état, ça fait un peu provoc vaine et ennuyeuse malgré l'efficacité foudroyante des premiers instants, qui laissent penser à tort que The Sadness va être un chef-d'oeuvre sanguinolent, alors qu'il ne s'agit au fond que d'un exercice de style un peu stérile.
The Feast (2021)
1 h 33 min. Sortie : 22 novembre 2022 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Lee Haven Jones
Seb C. a mis 4/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
The Feast coche toutes les cases du film d'angoisse indépendant bon chic, bon genre. Côté mise en scène, rien à dire : tout est propre, élégant, on sent que le réalisateur a bossé ses classiques, c'est du bon huis clos bien classique, bien référencé, avec les touches auteurisantes qui vont bien (du ralenti, des plans sur des gens qui regardent dans le vide, des bruits de mastication pendant les repas, des visions éthérées et fuyantes). Sauf que The Feast fait la connerie à ne pas faire : des moteurs d'angoisse jouant beaucoup trop sur un sound design haïssable à base de montées de volume progressives annonçant systématiquement une rupture brutale, des séquences "gorinettes" qu'on voit venir à trois cent bornes et un discours écolo-féministe traité avec un premier degré vraiment pénible. Reste le côté exotique d'un film tourné entièrement en gallois, mais cette originalité finit bien vite par disparaître sous l'aspect désespérément lisse et bon élève de l'ensemble de la réalisation.
Dobermann (1997)
1 h 43 min. Sortie : 18 juin 1997 (France). Action, Policier, Thriller
Film de Jan Kounen
Seb C. a mis 4/10.
Annotation :
Long-métrage hors compétition
Je n'avais jamais vu Dobermann, film de gangsters largement controversé à sa sortie. Le réalisateur Jan Kounen, présent pour les questions, ne s'est d'ailleurs pas privé d'évoquer le scandale historique du film, dont l'une des scènes montre l'un des personnages se torcher le cul, littéralement, avec une page des Cahiers du Cinéma. Globalement, malgré un côté mauvais élève assez attachant, j'ai toutefois trouvé que tout ça avait assez mal vieilli : c'est quand même vraiment très mal joué, chaque plan semble durer une seconde de trop, les dialogues volontairement cons sont un peu lourdingues sur la durée et, je ne sais pas si je l'ai dit, mais c'est quand même vraiment très mal joué. J'aime bien le casting, mais Cassel, Bellucci et Duris jouent comme des pieds. Restent Levantal (toujours formidable), Tchéky Karyo (excellent) et un improbable Pascal Demolon qui aurait fait un excellent Tintin dans une adaptation live...
Annular Eclipse (2021)
Ji yi qiu long
1 h 38 min. Science-fiction
Film de Chi Zhang
Seb C. a mis 5/10.
Annotation :
Long-métrage en compétition
Dernier en lice de la compétition des longs, ce film de science-fiction chinois s'est achevé pendant son générique sur un hurlement de spectateur : "A CHIER !", ce qui n'a pas manqué de faire rire la salle. En effet, on n'est pas sur un chef-d'œuvre, même si pour ma part j'ai trouvé que le film avait suffisamment de singularité et d'ambition pour mériter d'être vu au moins une fois. L'histoire, qui raconte une espèce de conspiration de puissants se faisant transplanter la mémoire dans des corps de jeunes orphelins pour rester éternellement jeunes, a quelque chose d'intéressant, tout comme la réalisation et les effets visuels qui proposent plusieurs bonnes idées. L'univers cyberpunk dans lequel se déroule l'action est également plutôt bien fichu. Le problème d'Annular Eclipse est quand même qu'il imbrique trop d'éléments accessoires, qu'il rend ses méchants trop méchants, ses gentils trop lisses, au point d'avoir souvent l'air téléfilmique, excessif, sans finesse. Trop de questions restent en suspens, trop d'éléments paraissent outrés, quasi-bollywoodiens. Pas aussi navré que la salle au complet au sortir de la salle, mais pas franchement séduit non plus.
See for Me (2022)
Mira por mí
1 h 33 min. Sortie : 2 mars 2022 (France). Thriller
Film de Randall Okita
Seb C. a mis 5/10.
Annotation :
Long-métrage hors compétition
Oh tiens, un home invasion avec une héroïne handicapée qui doit survivre à une attaque de méchants dans sa maison. On va faire semblant de n'avoir pas bouffé la recette au moins dix fois ces deux dernières années : alors, le concept est plutôt chouette, la réalisation correcte, la pression plutôt palpable. L'idée d'avoir une héroïne aveugle guidée via son smartphone par une streameuse est intéressante... mais en revanche complètement sous-exploitée : le gimmick de la résolution des situations tendues est toujours le même ("Prends le flingue ! Vise plus haut ! A gauche !") et les méchants qui font face à la frêle protagoniste sont quand même sacrément cons. En définitive, c'est quand même l'impression d'une occasion manquée qui domine.
Redemption of a Rogue (2020)
1 h 35 min. Sortie : 17 août 2021 (Irlande). Drame
Film de Philip Doherty
Seb C. a mis 7/10.
Annotation :
Long-métrage hors compétition
On navigue ici dans le plus pur univers des McDonagh (John Michael plutôt que Martin - merci au collègue qui m'aura rappelé l'existence de "L'Irlandais" dont Redemption of a Rogue est définitivement très proche), ce qui peut sembler étrange pour une séance PIFFF. Effectivement, quelques éléments surnaturels et fantastiques s'imbriquent dans ce qui est autrement une comédie douce-amère sur la reconstruction et le temps qui passe, quelque part dans la lignée d'un Bull de cette même fournée 2021 mais en version optimiste. Le choix peut sembler farfelu, car les liens avec le fantastique et le surnaturels sont (ultra) ténus. Ce qui, au final, est sans doute une bonne chose : Redemption of a Rogue fut une bouffée d'air frais dans la programmation, portée par un humour très british, une crudité sociale appréciable et un scénario (sur la rédemption, donc) classique mais intéressant.