Silent Hill en BD
Transposer une série aussi atypique et ambitieuse dans un format pour lequel elle n'a pas été initialement pensée ? Une gageure, qui vaut aux comics Silent Hill de ne jamais pleinement faire mouche, mais de toujours avoir quelque chose d'intéressant à apporter.
6 BD
créée il y a environ 2 mois · modifiée il y a environ 2 moisSilent Hill : Past Life (2010)
Sortie : octobre 2010 (France).
Comics de Tom Waltz, Menton3 et Riley Rossmo
Liehd a mis 7/10.
Annotation :
La proposition la plus solide du lot, mais également la moins Silent Hillienne puisqu'on essaie ici de remonter aux origines de la ville, avant qu'elle ne soit devenu le repère d'esprits vengeurs que nous connaissons. Pas de monstres, pas de brouillard : l'histoire d'un vieux couple dont l'époux violent cherche à prendre un nouveau départ loin des terres où il a sévi jadis sous l'emprise de l'alcool, et qui veut se racheter au nom de son enfant à naître. Hélas, on le devine : il n'aurait pas plus mal pu choisir son endroit. Esthétiquement, les planches sont absolument superbes, le trait réaliste et travaillé, la composition ésotérique et cauchemardesque : c'est un régal. Le récit, lui, est hélas assez convenu, si bien écrit soit-il. A noter : l'introduction du personnage du facteur, que le joueur retrouvera quelques mois plus tard dans Silent Hill Downpour.
Silent Hill Downpour: Anne’s Story (2014)
Sortie : 3 septembre 2014.
Comics de Tom Waltz et Tristan Jones
Liehd a mis 7/10.
Annotation :
Comme son titre l'indique : il s'agit ni plus ni moins que l'histoire de Silent Hill Downpour, telle que vécue par le principal personnage féminin, alors qu'elle traque sans pitié l'homme qu'elle tient pour responsable de la mort de son père. Un scénario connu, donc, mais qui apporte quelques informations complémentaires et remplit les espaces vides laissés par les moments où Murphy et elle se trouvent séparés. Le graphisme, lui, est très honnête, ses imperfections et son classicisme estompés par une mise en couleur du plus bel effet.
Silent Hill : Sinner's Reward (2007)
Sortie : 5 octobre 2017 (France).
Comics de Tom Waltz et Steph Stamb
Liehd a mis 7/10.
Annotation :
Sans conteste l'oeuvre la plus proche des jeux à proprement parler, en cela qu'elle en réunit tous les éléments : les monstres, la brume, la dimension psychologique... On y suit le périple d'un ancien tueur à gage, forcé de s'aventurer dans Silent Hill pour y retrouver la femme de son ancien boss, avec laquelle il a l'intention de fuir sa vie de péchés. Mais bien sûr, Silent Hill ne l'entendra pas de cette oreille. Un récit qui coche toutes les cases, complètement dans le ton (même si sans doute un peu trop court), mais c'est au final ce qui le dessert un peu : pour qui a fait les jeux, le scénario paraîtra trop convenu, trop prévisible, trop attendu, même si le dessin est superbe (et si celui-ci est français, cocorico !).
Silent Hill : Pourri du ventre
Silent Hill: Dying Inside
Comics de Scott Ciencin, Aadi Salman et Ben Templesmith
Liehd a mis 7/10.
Annotation :
Le seul comics de Silent Hill qui fut traduit jadis en français, sans rencontrer chez nous le succès escompté. Non sans raison. Malgré un aspect graphique là encore irréprochable, et Templesmith en guest de marque pour signer les deux premiers chapitres, le ton est très différent de ce qu'on aurait pu en attendre. Trop. Les auteurs ont le mérite de développer leur propre idée de Silent Hill, et l'idée est intéressante à de nombreux égards, mais l'ensemble est beaucoup trop cru, dans les visuels comme dans les dialogues, loin de la subtilité de l'écriture de la saga.
Graphiquement, le récit est très particulier, parfois difficilement lisible, mais de grande qualité. Quant au scénario, il est plus intéressant qu'il ne le semble de prime abord, ou que ne le laisse supposer ce seul premier volume, dans la mesure où il s'agit du premier tome d'une trilogie.
Dans la ville de Silent Hill, des forces occultes sont à l'oeuvre, déterminées à prendre l'ascendant sur l'humanité. Dans ses rues envahies de monstruosités, une mystérieuse et monstrueuse petite fille fait régner la terreur à l'aide des monstres sous son contrôle. L'une de ses victimes lui échappe, pour atterrir entre les mains d'un psychiatre torturé. Lequel ne croit pas un mot de ses délires et envisage de la guérir en la confrontant à la réalité de la ville qu'elle prétend hantée. Monumentale erreur...
A noter que contrairement aux comics qui suivront, cette première trilogie essaie tant bien que mal d'intégrer des éléments du premier jeu et de son intrigue.
Silent Hill : Three Bloody Tales (2005)
Sortie : 28 septembre 2005 (France).
Comics de Scott Ciencin, Shaun Thomas, Nick Stakal et Ashley Wood
Liehd a mis 6/10.
Annotation :
Recueil de trois histoires courtes indépendantes mais qui s'insèrent dans le canon de cette première trilogie, servies par un graphisme là encore aussi expérimental que superbe, mais difficilement lisible à nouveau (les ellipses narratives n'aidant pas à suivre le fil). Dans la première histoire, un ancien soldat se réveille à Silent Hill en proie à ses cauchemars et à sa culpabilité. Dans la deuxième, un peintre névrosé et sans le sou trouve asile dans la ville, dont les visions d'horreur lui rendent l'inspiration. Mais alors qu'il savoure une vie de peinture et de solitude telle qu'il la désirait depuis toujours, un car de pom-pom girls échoue en ville et lui demande son aide. Enfin, un flic à quelques heures de la retraite doit retourner une ultime fois à Silent Hill pour y traquer un chasseur de monstres dénué de principes, qui enlève des innocents pour s'en servir d'appât.
Trois histoires de bonne tenue mais qui, là encore, donnent dans le gore trop explicite et les jurons sans fin.
Silent Hill : Dead/Alive (2006)
Sortie : 6 août 2006 (France).
Comics de Scott Ciencin et Nick Stakal
Liehd a mis 6/10.
Annotation :
Concluant la trilogie, ce dernier volet reprend l'intrigue du premier volume où le lecteur l'avait laissée : Silent Hill a été remodelée, elle est devenue une ville idéale, conformément aux désirs de... hum, vous ne pensiez quand même pas que j'allais vous spoiler, si ? Sauf qu'en une nuit tout bascule : les anciens démons sont lâchés, les lieux reprennent leur apparence sinistre, et une certaine petite fille maléfique est libérée... mais elle découvre bien vite à son grand désarroi qu'elle est devenue humaine, et qu'elle va devoir lutter bec et ongles pour retrouver ses pouvoirs perdus et faire à nouveau régner la terreur.
Graphiquement très différent des autres comics (à l'instar de la dernière histoire courte de Three Bloody Tales, du même dessinateur), plus sommaire mais tout aussi esthétisant et expérimental, ce volet de conclusion clôt la trilogie de manière habile en multipliant à nouveau les twists et les jeux de manipulation, comme c'était déjà le cas dans le premier volet. Certains anciens personnages reprennent du service dans de nouveaux rôles, l'Ordre se dévoile, le chaos règne. Mais toujours un langage et un gore hors sujet pour venir faire contrepoint.
Ce n'est pas le Silent Hill qu'on connaît et qu'on aime, c'est certain. Mais cette réinterprétation très américaine dans l'âme a le mérite de proposer une trame plus complexe qu'elle en a l'air et de développer une idée originale de la fameuse ville dans le brouillard.