Tartes Postales
12 personnalités
créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a presque 6 ansPaul Verlaine
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À sa femme Mathilde :
"Misérable fée carotte, princesse souris, punaise qu’attendent les deux doigts et le pot, vous m’avez fait tout, vous avez peut-être tué le cœur de mon ami ; je rejoins Rimbaud, s’il veut encore de moi après cette trahison que vous m’avez fait faire."
Jean Seberg
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Aux camés :
"Salut les cons, les voyous, les roadies, et les blues jeans Renoma :
Je suis de passage et j’ai deux ou trois trucs à vous dire, comme ça. De quoi je me mêle ? De vous tous et de milliers d’autres. Une gueule est faite pour parler et une machine pour taper, et un être humain pour – comme disait le plus grand planeur de tous les temps – « aimer son prochain ». Voilà. Le shérif est en ville, et il va tirer. Et rien à foutre. Et un peu partout. Salut les reines des restes : restes de vous – même avec vos bébés nés en manque car vous étiez trop lâches pour avouer au toubib que vous étiez toxicos enceintes. Le môme pleure dans le coin, le linge sale et le ventre vide : pas de Nesquik pour lui, pas assez de blé. Juste assez pour que maman achète sa poudre. Juste assez pour qu’elle baise n’importe qui, n’importe comment pour avoir de quoi retrouver son dealer, sous une porte cochère. Vite. Vite. Il neige sur Paris… pied ! Rare ! Rien à en foutre, on veut de la neige dans nos veines. On espère qu’entre-temps le même n’a pas renversé ce qui traînait de Mari sur le canapé sale, à côté du dernier Mandrax. Fixette. Vite. Aiguille sale ? Hépatite ? Rien à foutre. San Sebastian de la Blanche, c’est pas notre faute. La société nous a fait comme ça. Mon vieux est un con. Maman n’a rien compris. Leila m’a laissé pour une autre. Tralala là et chiale, chiale. Chier, faites chier. Tous. Salut mes loulous, mes rouleurs de mes deux, kamikaze de la Harley, mes bras restent. C’est bien ? Tu es cool. Cool. Je sais. Si cool que tu peux plus réchauffer les pieds de ta bonne femme. Ecroulés côte à côte – hmmm, hmmm, pied – et si on essayait de baiser ? Blff.
Tellement mieux le flash, tellement mieux. Sales cons minables, vous osez vous défoncer en écoutant Dylan et Lay, Lady Lay. Vous êtes obscènes. Lui, il a ses emmerdes aussi, il doit vivre avec son génie – chose jamais facile, demande à Baudelaire, demande à Garrel, demande à Romain Gary et demande à Eustache – avec ses problèmes conjugaux. Et il bosse, le mec. Il est sur pied tous les jours, pour chanter Hurricane Carter pour vous. Vous êtes obscènes. (Putain, elle nous emmerde, mettons sa lettre dans les chiottes). Rien à foutre. Elle est vraiment trop square). D’accord, j’ai rien dit. Mais j’ai quand même envie de causer encore. Vous me casseriez la gueule ? Essaie donc : Pierrot mon Loulou élu viendra te saluer. [...]
Texte entier : https://textup.fr/309516wR
Jacques Mesrine
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À Pierre Desproges :
"Je n’ai pas la renommée de laisser passer quoi que ce soit, et comme je constate que vous n’avez pas l’excuse facile, cela va simplifier les choses. Je vais faire en sorte que vous me preniez au sérieux. […] J’ai connu beaucoup de clowns qui, en s’amusant à mes dépens, ont fait leur dernier tour de piste !"
Françoise Giroud
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À Jean-Paul Sartre :
"Monsieur,
Je ne suis pas agrégée de philosophie, je ne prétends pas apprendre à penser à mes contemporains et quand il s’agit de savoir si un garçon de vingt ans doit ou non déserter, je ne peux me référer ni à Hegel ni à Lukács. Vos collaborateurs ont d’ailleurs largement insulté à mon inculture, dans votre journal, pour que vous n’ignoriez pas la crasse de mon esprit. Tout le monde n’a pas hélas, comme les membres de votre gauche, les moyens de s’instruire aux frais de papa.
Seulement j’ai moi un fils de vingt ans. Alors vos théories et celles de vos satellites, qu’il s’agisse d’argent – alors qu’aucun de vous n’a jamais connu le prix d’une livre de pain – ou de désertion – alors que vous parlez des enfants des autres -, je veux bien croire qu’elles sont géniales. Mais mon domaine à moi, ce n’est pas le génie. C’est la vie. Vous en avez entendu parler ?
Parfaitement consciente de mon abjection, je vous prie de croire, Monsieur, au respect que je continuerai imperturbablement à vous porter."
Voltaire
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À Jean-Jacques Rousseau :
"J’ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain ; je vous en remercie ; vous plairez aux hommes à qui vous dites leurs vérités, et vous ne les corrigerez pas. Vous peignez avec des couleurs bien vraies les horreurs de la société humaine dont l’ignorance et la faiblesse se promettent tant de douceurs. On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre Bêtes. Il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j’en ai perdu l’habitude, je sens malheureusement qu’il m’est impossible de la reprendre. Et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes, que vous et moi. Je ne peux non plus m’embarquer pour aller trouver les sauvages du Canada, premièrement parce que les maladies auxquelles je suis condamné me rendent un médecin d’Europe nécessaire, secondement parce que la guerre est portée dans ce pays-là, et que les exemples de nos nations ont rendu les sauvages presque aussi méchants que nous. Je me borne à être un sauvage paisible dans la solitude que j’ai choisie auprès de votre patrie où vous devriez être. J’avoue avec vous que les belles lettres, et les sciences ont causé quelquefois beaucoup de mal.
Les ennemis du Tasse firent de sa vie un tissu de malheurs, ceux de Galilée le firent gémir dans les prisons à soixante et dix ans pour avoir connu le mouvement de la terre, et ce qu’il y a de plus honteux c’est qu’ils l’obligèrent à se rétracter.
Dès que vos amis eurent commencé le dictionnaire encyclopédique, ceux qui osaient être leurs rivaux les traitèrent de déistes, d’athées et même de jansénistes. Si j’osais me conter parmi ceux dont les travaux n’ont eu que la persécution pour récompense, je vous ferais voir une troupe de misérables acharnés à me perdre du jour que je donnai la tragédie d’Oedipe, une bibliothèque de calomnies ridicules imprimées contre moi, un prêtre ex-jésuite que j’avais sauvé du dernier supplice me payant par des libelles diffamatoires du service que je lui avais rendu ; un homme plus coupable encore faisant imprimer mon propre ouvrage du Siècle de Louis XIV avec des notes où la plus crasse ignorance débite les impostures les plus effrontées, un autre qui vend à un libraire une prétendue histoire universelle sous mon nom, et le libraire assez avide et assez sot pour imprimer ce tissu informe de bévues [...]
Texte entier : https://textup.fr/309518vq
René Magritte
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À Richard Dupierrieux :
"Cher Monsieur Dupierreux,
La bêtise est un spectacle fort affligeant mais la colère d’un imbécile a quelque chose de réconfortant. Aussi je tiens à vous remercier pour les quelques lignes que vous avez consacrées à mon exposition.
Tout le monde m’assure que vous n’êtes qu’une vieille pompe à merde et que vous ne méritez pas la moindre attention. Il va sans dire que je n’en crois rien et vous prie de croire cher monsieur Dupierreux en mes sentiments les meilleurs."
Frida Kahlo
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À Nickolas Muray :
"Mon adorable Nick, mon enfant,
Je t’écris depuis mon lit d’Hôpital américain. […]
En plus de cette maudite maladie, je n’ai vraiment pas eu de chance depuis que je suis ici. D’abord, l’exposition est un sacré bazar. Quand je suis arrivée, les tableaux étaient encore à la douane, parce que ce fils de pute de Breton n’avait pas pris la peine de les en sortir. Il n’a jamais reçu les photos que tu lui as envoyées il y a des lustres, ou du moins c’est ce qu’il prétend ; la galerie à lui. Bref, j’ai dû attendre des jours et des jours comme une idiote, jusqu’à ce que je fasse la connaissance de Marcel Duchamp (un peintre merveilleux), le seul qui ait les pieds sur terre parmi ce tas de fils de pute lunatiques et tarés que sont les surréalistes. Lui, il a tout de suite récupéré mes tableaux et essayé de trouver une galerie. Finalement, une galerie qui s’appelle « Pierre Colle » a accepté cette maudite exposition. Et voilà que maintenant Breton veut exposer, à côté de mes tableaux, quatorze portraits du XIXe siècle (mexicains), ainsi que trente-deux photos d’Alvarez Bravo et plein d’objets populaires qu’il a achetés sur les marchés du Mexique, un bric-à-brac de vieilleries, qu’est-ce que tu dis de ça ? La galerie est censée être prête pour le 15 mars. Sauf qu’il faut restaurer les quatorze huiles du XIXe et cette maudite restauration va prendre tout un mois. J’ai dû prêter à Breton 200 biffetons (dollars) pour la restauration, parce qu’il n’a pas un sou. (J’ai envoyé un télégramme à Diego pour lui décrire la situation et je lui ai annoncé que j’avais prêté cette somme à Breton. Ça l’a mis en rage, mais ce qui est fait est fait et je ne peux pas revenir en arrière.) J’ai encore de quoi rester ici jusqu’à début mars, donc je ne m’inquiète pas trop.
Bon il y a quelques jours, une fois que tout était plus ou moins réglé, comme je te l’ai expliqué, j’ai appris par Breton que l’associé de Pierre Colle, un vieux bâtard et fils de pute, avait vu mes tableaux et considéré qu’il ne pourrait en exposer que deux parce que les autres sont trop « choquants » pour le public !! J’aurais voulu tuer ce gars et le bouffer ensuite, mais je suis tellement malade et fatiguée de toute cette affaire que j’ai décidé de toute envoyer au diable et de me tirer de ce foutu Paris avant de perdre la boule. [...]
Texte entier : https://textup.fr/309521rO
Léo Ferré
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À André Breton :
"Lettre à l’ami d’occasion
Cher ami,
Vous êtes arrivé un jour chez moi par un coup de téléphone, cette mécanique pour laquelle Napoléon eût donné Austerlitz. Je n’aime pas cette mécanique dont nous sommes tous plus ou moins tributaires parce qu’elle est un instrument de la dépersonnalisation et un miroir redoutable qui vous renvoie des images fausses et à la mesure même de la fausseté qu’on leur prête complaisamment. Et ce jour là, pourquoi le taire, j’étais prêt à toutes les compromissions : Vous étiez un personnage célèbre, une sorte d’aigle hautain de la littérature « contemporaine », un talent consacré sinon agressif. J’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre dont je ne songeais nullement à régler les détails… Trop ému, vous voyez je n’étais déjà plus flatté, j’aurais dû m’enquérir aussitôt – avant de faire les commandes d’épiceries – de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres. Je ne vous avais jamais lu, parole d’honnête homme, je ne l’ai guère fait depuis à quelques pages près. Les compliments qu’il m’a été donné de vous faire à propos de ces quelques pages étaient sincères, je le souligne. Votre style est parfait, un peu précieux certes, mais de cette préciosité anachronique qui appelle chat un chat et qui tient en émoi la langue française depuis qu’elle est adulte, guerres comprises. Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré.
Votre voix me frappa au visage comme une très ancienne chanson, une voix d’outre-terre dont je n’ai pas fini de dénombrer les sourdes résonances, un peu comme votre écriture lente, superbe, glacée. Avant de vous entendre on vous écoute, avant de vous comprendre on vous lit. Vous avez la science des signes, du clin d’œil, de la pause. Vous parti, il ne reste qu’une inflexion, qu’un froissement d’idée, qu’une sorte de vague tristesse enfin qui s’éteint avec les derniers frottis de vaisselle. Et l’on en redemande ! C’est assez dire le charme que vous distillez, un peu comme les jetons de casino, cette fausse monnaie, qui détruisent la vraie valeur pour ne laisser qu’une pauvre hâte à recommencer toujours et à perdre sans cesse. À vrai dire vous êtes un Phénix de café concert, une volupté d’après boire, un rogaton de poésie. [...]
Texte entier : https://textup.fr/309560hl
Antonin Artaud
Annotation :
Au législateur de la loi sur les stupéfiants :
Monsieur le législateur de la loi de 1916, agrémentée du
décret de juillet 1917 sur les stupéfiants, tu es un con.
Ta loi ne sert qu’à embêter la pharmacie mondiale sans
profit pour l’étiage toxicomanique de la nation
parce que
1° Le nombre des toxicomanes qui s’approvisionnent
chez le pharmacien est infime ;
2° Les vrais toxicomanes ne s’approvisionnent pas chez
le pharmacien ;
3° Les toxicomanes qui s’approvisionnent chez le pharmacien sont tous des malades ;
4° Le nombre des toxicomanes malades est infime par
rapport à celui des toxicomanes voluptueux ;
5° Les restrictions pharmaceutiques de la drogue ne
gêneront jamais les toxicomanes voluptueux et organisés ;
6° Il y aura toujours des fraudeurs ;
7° Il y aura toujours des toxicomanes par vice de forme,
par passion ;
8° Les toxicomanes malades ont sur la société un droit
imprescriptible, qui est celui qu’on leur foute la paix. [...]
Texte entier : https://textup.fr/309561eR
À son médecin :
"Mon vieux René,
Tu ferais bien de venir reprendre ici ta vieille boîte de « Demorphêne » truqué et de te souvenir entre autres choses que je t'ai prié à plusieurs reprises de ne plus te mêler de mes affaires. Je me fous en long et en large vois-tu du «LÉGISLATEUR DE LA LOI SUR LES STUPÉFIANTS»
Texte entier : https://textup.fr/309564FQ
William S. Burroughs
Écrivain
Annotation :
À Truman Capote :
"Mon cher M. Truman Capote,
Ce n’est pas réellement une lettre d’admiration, pas dans le sens commun [...] Vous vous êtes mis au service d’intérêts qui sont en train de transformer l’Amérique en un état policier simplement en encourageant délibérément les conditions qui engendrent la criminalité, puis en exigeant des pouvoirs policiers plus forts et le maintien de la peine capitale pour gérer la situation qu’ils ont créée. Vous avez trahi et vendu le talent qui vous avait été accordé par ce département. Ce talent a maintenant officiellement disparu. Profitez de votre argent sale. Vous n’aurez jamais rien d’autre. Vous n’écrirez jamais une nouvelle phrase au-dessus du niveau de De sang-froid. En tant qu’écrivain, vous êtes fini. Fini et dépassé. Vous me suivez ? Savez-vous qui je suis ? Vous me connaissez, Truman. Vous me connaissez depuis longtemps. C’est ma dernière visite."
Serge Reggiani
Annotation :
À l'alcool :
"Alcool, tu m’as fait payer ton prix — et je ne parle pas de monnaie sonnante et trébuchante.
J’ai été sous ta coupe, j’ai subi tes exigences, j’ai failli te donner ma vie.
Je sais qu’il existe une issue, et une seule, à cet enfer qu’on appelle l’alcoolisme et qu’il vaudrait mieux appeler « maladie alcoolique ».
Satanée bouteille, te vider n’apporte rien. Les éléphants roses n’existent pas, l’ivresse n’abrite que les noirs serpents de la douleur et de la déchéance. On boit pour une seule raison : pas pour oublier qu’on boit, comme ce personnage du Petit Prince, mais pour oublier tout le reste et échapper à la dépression. L’alcool est un euphorisant qui empêche de « craquer ». Je le sais. Je l’ai vécu et je l’ai chanté dans la Chanson de Paul, l’histoire d’un homme qui se remet à boire malgré ses promesses, parce qu’il est dépressif :
Je bois…
Aux femmes qui ne m’ont pas aimé,
Aux enfants que je n’ai pas eus,
Mais à toi qui m’as bien voulu…
Le salaud qui mérite une lettre, c’est toi, saloperie d’alcool. [...]"
Texte entier : https://textup.fr/311395Cd
John Lydon
Annotation :
Au Rock and Roll Hall of Fame :
A côté des SEX PISTOLS, le rock and roll et son panthéon est une tâche de pisse. Votre musée : de l’urine dans du vin. Nous ne venons pas. Nous ne sommes pas vos singes, et alors ? De la célébrité à 25 000$ si nous payons pour une table, ou 15 000$ pour piailler dans la galerie, qui vont à une association qui nous vend un tas de ringardises. Félicitations. Si vous avez voté pour nous, j’espère que vous avez noté vos raisons. En tant que juges vous êtes anonymes, mais vous restez des gens de l’industrie de la musique. Nous ne venons pas. Vous ne faites pas attention. En dehors de ce système de merde, il y a un vrai SEX PISTOL.