Théorie(s) de l'évolution

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Le créationisme en sept jours, un deus ex machina un peu simpliste mais terriblement efficace.

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Fixisme et théologie naturelle: la position des Anciens

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Le fixisme scientifique cherche désespérément à expliquer l'existence des séries fossiles. C'est le catastrophisme, qui croit toujours à une création unique, mais dont une partie des espèces ont actuellement disparu lors d'évènement cataclysmiques (dont le Déluge).

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Le lamarckisme est un transformisme à la française. Mais Lamarck est encore embourbé dans la croyance d'une transmission des caractères acquis (auquel Darwin a aussi cru une partie de sa vie).

Peut-être un peu par chauvinisme, le lamarckisme perdure en France jusque la deuxième moitié du XIXème siècle, entravant la progression du darwinisme. Il sera aussi repris par l'agronome soviétique Lyssenko, qui imposera sa version (le lyssenkisme) en URSS avant d'être définitivement enterré dans les 60's.

Pour l'anectdote, la rue Lamarck dans le 18ème arrondissement de Paris mesure 1,5km de long, alors que la rue Darwin, toujours dans le 18ème ne mesure que 86m.

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"La nature a répandu d'une main libérale des germes de vie dans les deux règnes, mais elle a été économe de place et de nourriture."

Malthus soufflera à Darwin l'idée que la compétition est le moteur de l'évolution, et introduit une approche populationnelle en biologie.

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Il faudra 20 ans de cogitation après son voyage autour du monde pour que Darwin publie enfin son oeuvre fondatrice.

Sélection naturelle, compétition, lutte pour la survie, descendance avec modification... Tout y est ou presque.

Et une grande partie des obstacles qui se dressaient devant Darwin en 1859 (l'apparition de l'oeil ou de l'aile, les sociétés d'insectes) ont depuis été balayés par les progrès de l'hérédité, de la génétique, de l'éthologie, de la biologie moléculaire, etc.

Bien évidemment, le darwinisme fait immédiatement face à deux types de problèmes: ceux qui refusent en bloc et qui veulent en rester au fixisme (principalement les religieux, qui seront rapidement relégués au second plan, par la communauté scientifique du moins), et ceux qui en ont une mauvaise compréhension et qui en font la promotion pour de mauvaises raison, comme en témoignent les oeuvres de Spencer et de Galton.

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Wallace, le co-inventeur de la théorie de l'évolution, fait paniquer Darwin lorsqu'il lui présente ses travaux, poussant ce dernier à publier "L'Origine des espèces" plus tôt que prévu.

Wallace, intimidé par son ainé qui a déjà une solide réputation de naturaliste et qui fait partie de la grande bourgeoisie anglaise, s'éclipsera poliment, laissant à Darwin la postérité.

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Exemple typique de mauvaise compréhension de la théorie de Darwin, le darwinisme social de Spencer applique la théorie de l'évolution à l'homme. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que cette idée connaisse un grand succès dans la société anglaise du XIXème siècle. Le modèle de civilisation occidental capitaliste et colonisateur est alors à son apogée, et "la loi du plus fort" appliquée brutalement arrange tout le monde.

Les thèse racistes et suprémacistes se voient ainsi corroborées par les lois de la nature, ce qui conforte la société bourgeoise victorienne de l'époque. Les exactions commises se voient ainsi justifiées par "les lois de la nature" et "l'ordre des choses".

Mais Darwin étant un modéré, il prend rapidement ses distances face à Spencer dont il n'appréciait ni le personnage ni les idées.

C'est toutefois grâce à Spencer que c'est répandu le terme d'évolution, qui n'est jamais utilisé par Darwin, celui-ci préférant celui de "descendance avec modification".

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Cousin de Darwin et homme de science, Galton est bouleversé par la lecture de "l'origine des espèces". Il y voit la victoire de la rationalité et veut contrôler et planifier la sélection naturelle chez l'homme par l'eugénisme, en vue d'améliorer la race humaine.

À noter toutefois que c'est le nazisme qui rendra définitivement l'eugénisme intolérable. Avant le milieu du XXème siècle, c'est une idée répandue et plus ou moins radicale. Ainsi pour Claude Richet, prix Nobel de Médecine et président de la Société française d'eugénisme, il faut qu’une autorité conduise l’ « élimination des races inférieures » puis celle des « anormaux » en vue d'une amélioration générale de l'espèce humaine et de sa pureté.

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10 ans après "L'Origine des espèces", Darwin applique sa théorie de l'évolution à la lignée humaine. Il est un peu forcé de préciser ses positions sur l'évolution humaine au vue des dérives extrêmes qui prolifèrent suite à la publication de "L'Origine des espèces".

Il y décrit aussi le processus de sélection sexuelle, qui complète celui de sélection naturelle.

Darwin confirme dans cet ouvrage ses vues modérées, et ré-affirme que les lois biologiques ne doivent pas servir de prétexte à l'établissement de législations inégalitaires: « nous ne saurions restreindre notre sympathie, en admettant même que l’inflexible raison nous en fît une loi, sans porter préjudice à la plus noble partie de notre nature ».

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Fasciné par la théorie de Darwin qui propose une Création sans Créateur, Kropotkine fait face à un dilemme: le darwinisme semble présenter une "loi du plus fort" totalement contraire à ses convictions communistes et anarchistes.

Il y répondra avec élégance en publiant un livre qui montre que l'altruisme a tout autant sa place dans la nature que l'égoïsme, que ce sont en réalité les deux faces d'une même pièce.

Bien que bien moins compétent que Darwin dans le domaine des sciences naturelles, Kropotkine pose tout le même les premières pierres dans des domaines de recherche bien plus récents (sociobiologie, sélection de parentèle...). C'est l'un des promoteur d'un socialisme darwinien, bien différent du darwinisme social de Spencer.

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En étudiant les cellules sexuelles (lignée germinative) lors du développement embryonnaire, August Weismann remarque que celles-ci sont isolées du reste de l'organisme très rapidement. Ainsi les modifications que subit l'organisme au cours de sa vie affectent très peu les cellules sexuelles.

C'est la fin de l'idée lamarckienne d'"hérédité des caractères acquis". Cette réfutation sera conservée dans le dogme de la biologie moléculaire: l'information est transmise de l'acide nucléique à la protéine, mais pas de la protéine à l'acide nucléique.

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Fabre est l'un des derniers scientifiques sérieux a s'être ouvertement opposé à Darwin, avec lequel il correspondait régulièrement. Cet entomologiste de renom, observateur hors-pair, étudiait beaucoup les instincts des insectes, en particulier des hyménoptères.

Mais c'est la perfection apparente de ces instincts qui le poussent à penser que la création est l'oeuvre d'un Grand Horloger (reprenant l'analogie de Wiliam Paley, théologiste naturel) alors que Darwin voit justement dans l'aboutissement de ces instincts l'action de la sélection naturelle.

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75 ans après "L'Origine des espèces", Dobjansky actualise le darwinisme grâce aux apports modernes de la biologie, en particulier la génétique de Mendel et de Morgan.

C'est le néo-darwinisme ou théorie synthétique de l'évolution, portée par Théodosius Dobjansky, Ernst Mayr et Georges Gaylord Simpson.

On retiendra sa célèbre phrase: "Rien en biologie n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution", qui n'est plus contestée dans la communauté scientifique.

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Konrad Lorenz, fondateur de l'éthologie et personnage hors-norme (sa page wikipédia suffit pour se faire un aperçu du bonhomme), défend ici le rôle de la violence en tant que régulateur des comportements animaux. Ses travaux sur l'imprégnation des oies sont édifiants, et il tente ici de démêler les parts respectives de l'innée et de l'acquis dans les comportements animaux et humains.

C'est grâce à Lorenz que le philosophe des sciences Karl Popper finira par admettre que le darwinisme est "la seule théorie non déiste à être convaincante".

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Stephen Jay Gould et Niles Eldredge montrent que le vieux principe de philosophie naturelle "Natura non facit saltus", ou principe de continuité, n'est pas vrai, comme le prouvent les séries de fossiles d'où semblent "surgir" de nouvelles espèces qui ne peuvent à première vue n'être rattachés à aucune lignée pré-existante.

L'évolution ne serait donc pas graduelle comme le pensent les néo-darwinistes du milieu du siècle, mais qu'elle agirait par périodes d'évolutions rapides entrecoupées de périodes plus "calmes". C'est une sorte de ré-actualisation du catastrophisme, dans un cadre évolutioniste.

Stephen Jay Gould, parfois appelé le "Darwin du XXème siècle", restera célèbre pour ses écrits de vulgarisation passionnants et accessibles mais toujours pointus et rigoureux.

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La sociobiologie, nouvelle discipline inventée par E. O. Wilson, spécialiste des sociétés de fourmis, se donne comme objectif d'étudier scientifiquement toutes les sociétés, humaines et animales, dans le cadre du néo-darwinisme. En effet, selon Wilson, les comportements sociaux font l'objet des mêmes lois que les organismes, et sont donc guidés par la génétique. Wilson tente donc ici d'intégrer à la fois l'écologie scientifique et l'éthologie dans le néo-darwinisme.

Ce livre rencontra de vives oppositions, en particulier de la part de Gould, qui y voyait une nouvelle forme de "l'adaptationisme de tout crin" qu'il critique dans un article célèbre co-écrit avec R. Lewontin. Dans son livre "Darwin et les grandes énigmes de la vie", Gould émet une autre critique: "Après vingt-six chapitres de documentation très précise sur les animaux, Wilson conclue par une spéculation sur la détermination génétique des comportements humains supposés universels.". Le Times du 13 décembre 1976 titrera d'ailleurs "Genes über alles".

Mais la majorité au contraire salue la tentative d'unification et de synthèse des différentes avancées des sciences du vivant. Afin d'éviter de nouvelles polémiques, le champs scientifique de la sociobiologie changera de nom, mais reste très fertile: écologie comportementale, biologie des populations, psychologie évolutionniste, anthropologie évolutionniste.

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Nouveau paradigme avec Dawkins, qui ne place plus le centre de la sélection ni dans l'espèce, la population ou l'individus, mais directement dans le gène.

Les gènes seraient des sortes d'aliens qui survivent aux individus par l'hérédité, et qui utiliseraient ces derniers comme véhicules afin de se propager: "la poule est le meilleur moyen qu'a trouvé l'oeuf pour produire d'autres oeufs". C'est le concept de phénotype étendu. Cependant, la question reste toujours ouverte aujourd'hui afin de déterminer a quel niveau se déroule réellement la sélection: gène, individu ou population.

Dans le même ordre d'idée, c'est aussi dans ce livre que Dawkins introduit le concept de "meme", équivalent culturel du gène, si répandu aujourd'hui sur internet.

Dawkins et Gould sont peut-être les biologistes évolutionnistes les plus médiatisés de ces dernières décennies, et leurs passes d'armes par livres ou articles interposés sont aussi fameuses que passionnantes.

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La théorie synthétique de l'évolution, ou néo-darwinisme, est encore tout à fait d'actualité.

Il existe toujours de nombreuses controverses mais elles participent à étançonner l'une des plus grande théories scientifiques, aujourd'hui totalement admise par la communauté scientifique mais toujours rejetée par les fondamentalistes religieux (créationismes, "intelligent design").

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Bien que le darwinisme social de Spencer ai périclité dès fin du XIXème siècle, les idées d'évolution et d'adaptation ont quant à elle perduré dans le champs des sciences économiques, et les précisions de Darwin lui-même ne semblent pas avoir vraiment impacté les interprétations de sa théorie aux sociétés qu'en ont fait les autres champs des sciences humaines.

Ainsi se posent encore à l'heure du néolibéralisme les questions d'adaptation de l'homme à son environnement : est-ce que l'homme crée sont son propre environnement ? Mais il semble pourtant être en décalage avec lui, en retard même, face à un monde toujours plus complexe et aux changements toujours plus rapide.

Comment alors combler cet écart ? Personne n'ayant l'air prêt à vouloir ralentir "la Grande Société" industrielle, il va falloir adapter l'homme à celle-ci...