Tod Browning - Commentaires
Artiste du rêve et du cauchemar, très porté sur le pathétique, la bouffonnerie et la féérie macabre, Todd Browning a construit une œuvre insolite autour des marginaux de ce monde et de l’envers inquiétant de notre quotidien. Sa puissance suggestive, alliée à une étonnante faculté d’émerveillement, en ...
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créée il y a environ 11 ans · modifiée il y a environ 8 ansL'Inconnu (1927)
The Unknown
1 h 08 min. Sortie : 4 juin 1927 (États-Unis). Drame, Romance, Muet
Film de Tod Browning
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
On pourrait dire de Tod Browning qu’il est touché par la grâce de l’étrange. Le milieu des baraques foraines, les extravagances du cirque, l’incongruité des caractères et des situations constituent l’assise d’une réflexion ironique mais grave sur la relativité de la morale, de la normalité et du bon sens. Le cinéaste puise dans les coups cruels du destin la force d’un film d’épouvante à la sourde poésie, où quelques murs suffisent à prendre le personnage au piège de la fatalité, où la difformité physique n’est qu’une apparence, où les impulsions violentes de l’amour se manifestent comme envers des instincts criminels. Dans cet univers de faux-semblants et de chausse-trappes, Lon Chaney compose une mémorable figure d’assassin passionnel, aussi pathétique qu’inquiétant
Dracula (1931)
1 h 15 min. Sortie : 22 janvier 1932 (France). Fantastique, Épouvante-Horreur
Film de Tod Browning
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Malgré la redoutable épreuve du temps (les chauves-souris en carton animées par des fils, l’interprétation datée de Lugosi qui a l’air d’un ténor d’opéra proche du retour d’âge), le maître-étalon du film de vampires à l’américaine est loin d’avoir perdu toutes ses couleurs (métaphoriquement parlant). Car Browning possède un sens impeccable de la rétention, voire de l’épure, et qu’il sait raconter en images sobres mais expressives la célébrissime histoire du compte transylvanien, comme sa photographie devait passer au charbon, comme si l’écran était une feuille blanche sur laquelle il était possible de dessiner les ombres au fusain. Sans verser dans le guignol, en misant plus sur l’immobilité et la suspension que sur l’action, il invente un climat de fantastique et d’angoisse qui captive d’un bout à l’autre.
Freaks - La Monstrueuse Parade (1932)
Freaks
1 h 04 min. Sortie : 7 octobre 1932 (France). Drame, Thriller
Film de Tod Browning
Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
On le sait depuis toujours, le véritable fantastique se nourrit aux racines les plus tangibles de la réalité. Le cinéaste l’a compris, et c’est en déplaçant la distorsion des apparences sur le terrain du mélodrame sentimental qu’il fait de cette œuvre unique une balise parmi les plus lumineuses et inclassables du cinéma. Hommes-troncs, sœurs siamoises, femmes à barbe, hydrocéphales apparaissent dans toute leur différente humanité d’êtres disgraciés, comme de purs produits de la nature, et nous plongent dans les abîmes du moi malade : la pire terreur secrète de tout un chacun, la vérité que l’on se refuse trop souvent à voir en face. Conte cruel traversé d’humour noir et d’éclairs surréalistes, ce side show en folie agit comme un fascinant spectroscope de notre propre monstruosité – "We accept it, we accept it, one of us, one of us…"
Les Poupées du diable (1936)
The Devil Doll
1 h 18 min. Sortie : 6 août 1937 (France). Fantastique
Film de Tod Browning
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Pour l’Amérique des années trente, la France est le pays de Monte-Cristo et de Feuillade, et Paris la ville de Fantômas et des surréalistes. Rien d’étonnant donc à ce que le film y croise des thèmes purement fantastiques à certains des ressorts les plus significatifs du mélodrame, selon une série de dualités aisément reconnaissables. Browning greffe ainsi les idées du savant inventeur d’un produit démoniaque et de la possession d’un esprit par un autre à des enjeux sentimentaux très concertés : il y a du Jean Valjean dans le portrait de cet homme qui fomente sa vengeance sous les habits d’une vieille dame et choisit de disparaître après avoir fait retrouver le bonheur à sa fille. Quant aux séquences "miniaturisées", elles délivrent une poésie et un enchantement qui n’ont rien à envier à "L’Homme qui rétrécit".