Top 60 albums

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Kid A doit être l'un des premiers albums à m'avoir vraiment fait comprendre que l'intérêt de la musique pouvait se situer au-delà des guitares. Radiohead avait bouleversé les conventions en 2000 en sortant cet ovni, bien plus expérimental que le déjà avant-gardiste Ok Computer. Le groupe épure sa musique au maximum (évitant souvent le traditionnel couplet/refrain) pour mieux mettre en avant ses principaux atouts : son sens de l'arrangement riche et foisonnant et des mélodies moins évidentes, presque fantomatiques mais toujours aussi émouvantes.

On en parle souvent comme d'un album électronique et c'est vrai que le groupe assume pleinement son amour des synthés et boîtes à rythme (empruntées notamment à Aphex Twin ou Autechre) mais pour moi l'approche sonore de l'album va bien au-delà et ses influences variées - entre jazz et musique de film - crée un tout étonnamment cohérent, tant tous les titres semblent être liés par un fil rouge spectral.

Je ne sais pas si un autre album me fait ressentir une telle ambivalence : à la fois quelque chose de profondément triste, mélancolique, déchiré (à l'image de l'ensemble de l'oeuvre du groupe) et en même temps une espèce de chaleur réconfortante, comme si j'étais réfugié dans une bulle. En tout cas il y a peu de groupes qui arrivent comme Radiohead à me faire ressentir autant de choses et surtout avec une telle intensité.

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Avec leur troisième album, Deftones quitte définitivement la simple appellation de "nu-metal" pour pleinement dévoiler l'étendue de leur spectre sonore. Aux riffs incisifs de Stephen Carpenter s'adjoignent des atmosphères de plus en plus denses, portées par la voix de Chino Moreno plus variée et sensuelle que jamais ainsi que par l'apport récent des claviers de Frank Delgado. Ce mélange offre au groupe quelques unes de ses pépites : le tube Change (In The House of Flies) bien entendu mais aussi les splendides Digital Bath ou Knife Prty.

Le groupe conserve son groove, son agressivité (Elite) sa tension à la fois sensuelle et écorchée vive mais sublime tout ça avec sa nouvelle palette sonore qui le rapproche souvent du shoegaze. Il y a vraiment une ambiance lourde, pénétrante, qui règne sur l'ensemble de l'album et semble lier chaque titre. White Pony fait partie de ces "albums-voyage" dont les titres s'apprécient individuellement mais qui tire vraiment sa puissance de sa cohérence et du côté unique de son son.

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BSSM n'est ni l'album qui correspond le plus à mes goûts actuels, ni celui que je considère "objectivement" comme le plus parfait qui soit, ni celui qui me transporte le plus loin à chaque écoute de la première à la dernière note. Pourtant c'est mon album préféré et je pense que c'est parce que c'est le disque qui a vraiment défini non seulement une partie de mes goûts mais aussi la manière même dont je concevais la musique, alors que je le découvrais à un moment-charnière de mon pacours musical. Voilà à quoi sert une batterie, une basse, c'est à ça que doit ressembler un solo de guitare... Et je dois même dire qu'aujourd'hui, après avoir écouté des centaines de trucs différents et que mon parcours m'ait porté vers d'autres contrées, ben quand je pense à l'album idéal que j'aimerais un jour enregistrer, c'est toujours celui-ci qui me vient en tête.

Mais bon il faut bien dire qu'au-delà du pur facteur nostalgie, BSSM reste un album d'exception. Le groupe y porte vraiment son style mélangeant rock et funk à maturation, apprend à se poser et à dompter son énergie pour la distiller plus subtilement. C'est bien évidemment l'explosion du talent de John Frusciante qui se révèle ici grand compositeur et dont les influences hendrixiennes nourrissent une expression très singulière (personne d'autre n'aurait pu écrire Under The Bridge). Et si le jeu du guitariste sera passé par toutes les phases, du guitar hero au minimalisme new wave, c'est l'équilibre qu'il trouve ici que je préfère, tout en feeling et avec un son terriblement sexy.

Mais c'est aussi la révélation de la section rythmique Flea/Chad Smith, héritière funky de la paire JPJ/John Bonham, qui profite de l'approche plus posée de l'album pour assurer un groove implacable, à la fois carré et bondissant. Reste le cas Kiedis, vocaliste qui n'aura jamais atteint le niveau de son groupe mais qui a le mérite ici de ne jamais se prendre pour un chanteur tout en jouant de son flow particulier et de sa voix nasillarde au meilleur effet.

On peut trouver l'album trop long, je n'ai aucune objectivité en la matière tellement je connais par coeur les 73 minutes qui le composent. Mais j'adore sa variété tout en gardant une certaine cohérence, j'adore la production de Rick Rubin et son rendu presque live, j'adore tout...

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Difficile de passer outre les mastodontes du metal français. Gojira est à mon sens le groupe le plus important de la scène metal mainstream actuelle, tant il combine avec aisance des exigences techniques, un son unique et innovant et une vraie portée fédératrice.

Si From Mars To Sirius s'impose comme le choix de préférence le plus évident, j'ai une petite préférence pour le suivant. Avec The Way of All Flesh, Gojira polit son approche sonore et intègre subtilement des éléments plus progressifs et mélodiques (Oroborus, Esoteric Surgery), tout en n'oubliant jamais d'envoyer la purée avec ce mélange de death survolté et de groove qu'on leur connaît (Toxic Garbabe Island, Adoration for None). Ces deux approches culminent avec le fantastique The Art of Dying, morceau-fleuve qui conjugue le meilleur des différentes facettes du groupe et est à mon sens leur plus grand morceau.

Je rajouterais que c'est sans doute leur album dont je préfère le son, plus propre et précis que celui du précédent mais avec un côté très incisif et claquant que n'auront pas forcément les suivants. Et je ne sais pas si c'est le meilleur album de Mario Duplantier vu qu'il est excellent à chaque fois mais putain la batterie SONNE.