TOP FILM 2023

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"Anatomie d'une chute" décortique, au scalpel, la dégradation d'un couple. Couple dont la mort du mari - suicide, meurtre, accident? - fournit le prétexte à une exposition publique et judiciaire. Le vrai sujet du film, qui interroge chaque protagoniste de l'histoire et les acteurs de la Cour de Justice, c'est la subjectivité. Une subjectivité à laquelle le spectateur n'échappera pas, lui non plus, puisqu'à l'instar de l'enfant, qui devra porter la responsabilité de sauver ou pas sa mère, il devra choisir. Un film dans lequel rien n'est laissé au hasard, où chaque mot fait sens, où l'actrice est fabuleuse ( Sandra Huller aurait dû avoir le Prix d'interprétation féminine à l'évidence ), la photographie travaillée... Un film parfait à mon avis!

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Une fresque grandiose, au rythme lent, comme un fleuve majestueux et tranquille qui nous emporte d'autant plus qu'il est ponctué de scènes d'une immense violence. De Niro joue les salopards hypocrites avec maestria et Di Caprio est impressionnant dans la peau d'un lâche, tellement loin de ses personnages habituels. Un ( dernier? ) chef-d'oeuvre de Scorcese, qui signe là, à mon avis, un de ses films les plus aboutis et les plus nuancés, porteur - enfin!, oserais-je dire - d'un vrai regard critique, dénonciateur et sans concession, dénué de sa fascination accoutumée pour les "voyous" qui ont fait l'Amérique, sur l'Histoire de son pays.

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Un petit bijou, réalisé avec une pudeur et une sensualité indicibles. La caméra de Maryam Touzani effleure avec une grâce ineffable et infinie les matières dont son film fait son sujet : les soieries, les fils d'or, les mains, les peaux, les corps et les visages sont sublimés par son regard. Un huis-clos orchestré de main de maître, servi par un trio magnifique, tout en nuances et sensibilité, avec en prime un portrait de femme admirable et touchant. Une de ces oeuvres qui ne racontent presque rien, mais dont on ressort empreint d'émotion et d'amour. A voir absolument!

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Avec ses faux-airs de gag orchestré par une bande de potes un peu allumés, ce dernier film de Dupieux, le meilleur selon moi après "Rubber", offre une belle réflexion à la fois sur l'écriture théâtrale et sur l'Art, qui souffre et nous fait souffrir, de situations angoissantes en dialogues doloristes, et sur notre société tellement "connectée" et bouffée par le boulot qu'elle en oublie le sel de la Vie et se meurt du manque d'amour. Aux commandes d'une étrange et saisissante prise d'otages, qui nous interpelle sans cesse sur la notion de pouvoir, Raphaël Quenard révèle une nouvelle fois l'étendue de sa palette, nous faisant passer du rire aux larmes en un clin d'oeil, dans la peau d'un personnage d'une sincérité déroutante, pathétique et admirable à la fois, et tellement vrai!

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La genèse de celui qui allait devenir Steven Spielberg et un vibrant hommage à sa mère, le tout nourrissant un film qui ne nous parle que de cinéma, un cinéma vécu comme un art et une passion. Magistral, et tellement rempli d'émotion!

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Un extraordinaire voyage au pays des saveurs, une ode à la gastronomie française qui éveille nos papilles et tous nos sens, une magnifique et subtile histoire d'amour et de passion, le tout mené de main de maître par un réalisateur inspiré, une photographie fascinante de beauté, qui sert d'écrin au culinaire, et 2 acteurs majestueux, Binoche absolument merveilleuse, et Magimel, impressionnant. Seul bémol : des dialogues parfois trop didactiques, artificiels, qui font un peu "plaqués" là sans raison. Un énorme coup de coeur pour moi!

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Oui, ce film est une oeuvre de commande, initiée par le groupe Mattel pour relancer les ventes de la poupée Barbie. Et il n'échappe pas aux contraintes du genre publicitaire. Mais avec quelle intelligence et une telle maestria Greta Gerwig s'est-elle emparée de l'univers de Barbieland pour en offrir une image à la fois esthétiquement originale et jubilatoire et surtout un message puissant contre tous les sexismes. Pour les anciennes petites filles comme moi, qui ont vécu l'avènement de Barbie, symbole de la femme-objet, quel bonheur de sortir de ces codes imposés par un patriarcat agressif, et de promouvoir un féminisme fondé sur une vraie égalité des genres et non pas une inversion des pouvoirs de l'homme et de la femme. Moi, j'adhère à 100%, et je loue le choix des acteurs : Margot Robbie est excellente dans le rôle et bravo à Ryan Gosling d'avoir accepté de prendre un risque pareil en se coulant dans la peau du macho basique qui va devoir revoir sa position.

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Un drame profondément émouvant, sur fond d'une France rurale qui se meurt. Des personnages qui se cherchent et se trouvent à grand peine, d'une relation toxique à une émancipation douloureuse. Raphaël Quenard domine le film, de son long corps dégingandé et de son jeu bouleversant de pitre savant et triste, terriblement pathétique. Très, très, réussi. Plutôt un 8.5 pour moi.

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Une chasse à l'homme éreintante dans le contexte des purges staliniennes. Un capitaine tente d''acheter sa rédemption après avoir découvert la vérité sur les "ennemis du peuple" qu'il a été forcé de torturer. Un film puissant, très dur, servi par une esthétique parfois surréaliste et une photographie qui en souligne la noirceur. Deux interprètes absolument hallucinants complètent le tableau de cet excellent film. A voir absolument.

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Lent et majestueux, s'attardant sur une Nature enneigée que magnifie la photographie, "Les herbes sèches" offre un regard subtil, parfois ambigu, sur les relations humaines au fin fond de l'Anatolie, et sur le régime politique oublieux de ses provinces reculées. Ici, pas de héros véritable, mais des êtres perdus, en plein questionnement existentiel, qui rêvent d'un résistible ailleurs. Chargé de mélancolie et d'une beauté étrange, le film a quelque chose d'envoûtant.

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La mort d'un enfant, une histoire d'amour pas vraiment soldée, une autre qui peut-être a commencé trop tôt, et tout bascule. De confrontations en mensonges, de non-dits en faire-semblants, personne ne sort indemne, et pas davantage le spectateur. Fukada explore avec subtilité et intensité les ambigüités des sentiments et nous tord les boyaux dans un film parfaitement maîtrisé, qui nous ramène sans cesse à la question du sens de notre existence et nous livre sa leçon de vie : et s'il était toujours nécessaire de suivre ses élans, d'aller au bout de ses erreurs, pour apprendre le renoncement et comprendre où est notre juste place?

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Le meilleur opus de la franchise! Un festival d'actions et de rebondissements, un méchant d'un nouveau genre, on est "scotché" à son fauteuil durant 2h40 sans répit, c'est haletant, intense, captivant... et puis il y a Tom Cruise et... Tom Cruise, et Tom Cruise! Wouaw! Furieusement hâte de voir la suite!

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A travers le road trip de deux adolescents chargés de "fermer les portes" à un ver gigantesque, métaphore de tous les dangers qui guettent sans cesse le Japon ou hantent ses mémoires, Makoto Shinkai traite aussi de la nécessité de lâcher prise avec le passé, individuellement, le travail de deuil et de renaissance à soi ne pouvant passer que par la connexion à son "enfant intérieur", la force vitale à la source de tout, par la prise de conscience qu'on a déjà tout reçu, et par la fermeture volontaire des portes qui ouvrent sur nos démons intérieurs. Le tour de force de ce grand et riche film d'animation est d'avoir mis en parallèle destin collectif du Japon et trajectoire individuelle de Suzume. Du grand art!

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Un des meilleurs polars de ces dernières années, totalement immersif et haletant. Un montage intelligent, qui éclaire le spectateur peu à peu sur ce qui s'est vraiment passé cette dernière nuit, un huis-clos dans un tunnel ahurissant, un travail sur la lumière exemplaire, et un Pierfrancesco Favino au sommet. Et un final qui tombe comme un couperet. Très fort!

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Un film d'aventure insolite, qui nous embarque dans un projet improbable, au plus près des étoiles, et nous invite à croire en les rêves les plus fous. Un conte poétique, intime et émouvant, très inhabituel dans le paysage cinématographique français. Je salue l'originalité de la démarche et la réalisation très maîtrisée. Un petit bijou!

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Sur le thème assez méconnu encore de la justice restaurative, Jeanne Herry signe là un film intelligent, nuancé et efficace. Les interprètes y sont tous confondants de justesse et de sincérité ( Adèle Exarcopoulos y est sublime, de même que Miou-Miou et Leila Bekhti ) et s'emploient à montrer que rien n'est jamais ni noir ni blanc. On ressort grandi et rempli d'espoir de ces joutes verbales et de ces confrontations non-violentes, qui permettent enfin à la parole des victimes comme des bourreaux de réparer quelque chose et à nourrir la part d'humanité la plus pure en chacun, malgré les limites et les échecs possibles.

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Une plongée étouffante au coeur de la violence conjugale. Valérie Donzelli nous convie à vivre de l'intérieur l'engrenage infernal qui conduit à la domination violente de l'un ( l'homme, pathologiquement jaloux et possessif, incarné par un Melvil Poupaud retors et pervers à souhait, excellent ) et à la soumission et la destruction de l'autre. Efira y est magistrale dans la peau de cette épouse et mère meurtrie, en voie d'anéantissement ( de sa personnalité et de sa beauté ). Un film réaliste, superbement écrit et mis en scène, une direction d'acteurs formidable... à voir!

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Nanni Moretti et ses névroses, celles d'un cinéaste un peu dépassé par son époque. Quel sens de l'autodérision! Et quelle finesse! Quelle tendresse aussi! Une oeuvre un brin nostalgique, très autobiographique sans doute, un petit bijou qui rend un hommage sincère au cinéma. Un régal!

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Carlos Chahine superpose avec subtilité, dans un jeu de miroirs, les fêlures qui, sur fond de conflit israëlo-palestinien, précèdent l'état de guerre civile dans le Liban de 1958, et les cassures en germe dans une famille, représentative du carcan imposé aux femmes par une société patriarcale rigide et archaïque. Portrait de 3 femmes, 3 soeurs, récit d'une émancipation douloureuse et de sacrifices, cette "nuit du verre d'eau", malgré ou peut-être en raison de sa réalisation classique, nous touche et nous enveloppe., de sa bienveillance et son infinie tendresse pour les femmes.

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Pétillant, drôle, rythmé, un petit bijou de comédie qui joue avec les codes du théâtre de boulevard et sa légèreté apparente, pour parler tout de même d'un sujet grave : comment réagir aux comportements de prédateurs sexuels des hommes lorsqu'on est une femme dans une société patriarcale qui se refuse à entendre la voix des femmes? En plaçant l'intrigue dans le contexte de 1935,et en ouvrant délibérément le rideau sur son film pour bien nous signifier que nous allons assister à la "comédie humaine", Ozon prend la distance nécessaire pour nous faire rire. Les dialogues, certes surécrits, mais succulents, et le jeu des acteurs, qui rappellent aussi irrésistiblement celui des stars du muet ( divine Isabelle Huppert! ) nous emportent dans un tourbillon délicieux. Moi, je n'ai pas boudé mon plaisir!

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A la recherche d'un temps perdu, Mateo Martone explore les méandres d'une Naples à la fois bien réelle et fantasmée, et la nostalgie de son héros. Pierfrancesco Favino excelle dans la peau de cet homme dépassé par ses émotions;, promis à de funestes desseins. On comprend mal qu'il n'ait pas reçu la récompense suprême pour son jeu d'acteur à Cannes. Une tragédie à l'italienne où l'on s'attache malgré nous à tous les personnages et c'est un peu le tour de force du réalisateur. Qui a fait mon coup de coeur pour son film.

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A hauteur du regard d'une enfant de 11 ans, Charlotte Wells explore le souvenir confus du dernier été complice avec le père, à travers des vidéos tournées pendant ces vacances. A la manière de Nathalie Sarraute dans "Enfance", elle livre en désordre des fragments de mémoire, qu'elle tente de remettre en ordre. Une quête entreprise par l'enfant devenue femme et mère, sans homme à ses côtés. Le spectateur est convié à regarder lui aussi les vidéos, il n'en saura pas plus, il ne pourra qu'entrevoir le délitement du lien fille / père, dont ce dernier été porte les prémices, et deviner la disparition, ou la rupture, en tout cas l'absence désormais actée de la figure paternelle. Toute la charge émotionnelle du film est là, et dans le jeu subtil des deux acteurs.