Tu m'as surpris en 2015

Annotation :

Je l'ai vu il y a plus d'un an et je ne l'avais toujours pas noté, comme persuadé qu'il allait peu à peu s'évanouir, revenir à l'état de ce qu'il est sur le papier : une petite série B maligne.

Mais non rien à faire, la claque reste intacte, l'impression d'avoir vu un petit génie dépoussiérer un genre si balisé est toujours là, et "Under the Silver Lake" m'a conforté dans cette certitude que j'allais suivre (Vous l'avez, vous l'avez ?) ce surdoué de très très près.

Annotation :

Décidément l'ascenseur émotionnel continue avec Guillaume Nicloux dont le cinéma m'agace souvent au plus haut point, mais qui parfois, comme ici, me renverse.

"Valley of Love" est de ces films qui vous attrapent ou vous éjectent en 5 minutes, travaillant l'art du double et du trouble de manière virtuose. Les plus beaux films sur le deuil sont souvent les moins démonstratifs, ceux qui l'abordent par l'étrangeté plutôt que par la larmoyant, et là on y est en plein.

Et voir deux des plus grands acteurs français, qui me déçoivent si régulièrement depuis pas mal d'années, à ce niveau, c'est tout simplement jubilatoire.

Annotation :

C'est russe, c'est muet, c'est poseur à mort, ça te met du plan fixe sous le nez en veux-tu en voilà, mais je ne vais pas même pas me demander plus longtemps si c'est un film fait par un gros malin ou par un génie. Après tout je m'en fous, j'en ai pris plein les yeux et plein le cœur durant 93 minutes, que demander de plus ?

Annotation :

Là il y a tout ce que j'aime dans les meilleurs Pixar : la qualité époustouflante de l'animation bien entendu, cette faculté incroyable à passer du rire aux larmes sans jamais rien forcer, cette imagination débordante, cette acuité à visiter une âme d'enfant sans la moindre niaiserie.

Et quand on est capable de donner naissance à un personnage tel que Tristesse on ne peut être que des génies.

Annotation :

Avec "Béliers" Grímur Hákonarson, signe un "Petit paysan" islandais rugueux, dépaysant et déchirant, tellement supérieur à son récent "Mjólk, la guerre du lait", dans lequel il a tenté, certainement à tort, de réemployer la même recette.

Annotation :

Karim Moussaoui, réalisateur du remarquable "En attendant les hirondelles", avait signé en 2015 ce moyen-métrage qui révélait déjà tout son talent. A la fois doux et puissant.

Annotation :

Ceux qui voient des bobos partout pourraient tenir là leur nouvelle tête de Turc : Damien Manivel ou celui qui a mangé Rohmer et Mouret.

Annotation :

Première impression : c'est trop beau pour être honnête, comme souvent les films à dispositif… et soudain le conceptuel, que je m'apprêtais à détester jusqu'au bout, à trouver pourquoi pas un peu gerbant, est littéralement écrasé par l'émotion que dégagent ces lettres, ce noir et blanc, cette voix, ces corps à l'arrêt.

A partir de là il devient difficile de reprendre son souffle, on attend la délivrance que constituerait le mot "fin". (Mal)heureusement "Crosswind" n'est pas de ces films dont on se détache aisément, logique après tout pour une œuvre qui ne parle que d'une chose : la mémoire.

Annotation :

Les films d'action m'ennuient à mourir, ceux qui tentent le mix action-humour me font fuir, alors que s'est-il passé ici ? Difficilement explicable mais je me suis régalé, j'ai trouvé ça fun, délicieusement too much, débordant d'inventivité, et j'ai ri comme une baleine.

Annotation :

Ce documentaire est en totale cohérence avec son sujet : à l'image d'un adolescent il est foutraque, tantôt agaçant tantôt attachant, il passe du rire aux larmes en 2 secondes.

J'imagine que le côté amateur et intimiste trash (On ne peut s'empêcher de penser au travail de Jonathan Caouette) en rebutera certains mais perso j'ai ressenti pour cette Pauline les mêmes choses que vis-à-vis du film : une forte envie de lui botter les fesses, puis les minutes passant, je me suis pris d'affection pour cette jeune fille qui sous l’œil d'une caméra bienveillante devenait femme.

Annotation :

Nul doute, c'est bien du Ulrich Seidl, compatriote et cousin ès sadisme de Michael Haneke, c'est malsain, hypnotisant, dérangeant, fascinant, et plein d'autres qualificatifs en "ants"

Visiter ces "Sous-sols", un truc à faire passer les belges de "Strip-tease" pour des enfants de chœur, revient à se balader dans un cabinet de curiosités et un musée des horreurs durant 86 minutes, et parmi tous ces freaks j'avoue avoir eu un gros coup de cœur pour le joueur de trombone nostalgique du IIIe Reich qui confond la police actuelle de son pays avec la Gestapo.

Attention, si vous êtes très très amis avec le premier degré restez bien à distance de ce doc, il est préférable de l'aborder plus comme une installation d'art contemporain, par ailleurs d'une très grande beauté visuelle, que comme un témoignage brut. C'est donc un objet que chacun est libre de rejeter, d'interpréter, qui peut choquer ou amuser, politique ou ludique. Probablement tout ça à la fois, venant d'un être cruel (au moins artistiquement) mais surtout très malin et manipulateur.

Et pour finir ayons une pensée pour le cochon d'Inde... ( Vous vous en êtes remise @lempika ? )

Annotation :

Je n'ai plus lu Tardi depuis très très longtemps et pourtant instantanément je me suis retrouvé dans son monde, preuve de la fidélité de ce très beau film d'animation à l’œuvre d'origine.

Annotation :

Avant le formidable "The Florida Project" Sean Baker avait donc déjà le goût des personnages marginaux hauts en couleurs, de la tchatche, de l'interlope, de l'esthétique flashy, de l'humour pour cacher la misère.

"Tangerine", film fauché tourné à l'iPhone, est une bombe d'énergie, un objet transgenre savoureux où un Los Angeles inconnu quasi-documentaire se dévoile.

Annotation :

Contrairement à "La Cordillère des songes" du même Patricio Guzmán, sorti il y a quelques mois, que j'avais trouvé d'une grande pauvreté, ce "Bouton de nacre" est foisonnant, multipliant les pistes passionnantes. Entre documentaire didactique et réflexion émouvante, du beau travail.

Annotation :

Ça c'est une vraie bonne surprise. Ma dernière expérience avec un film pour ados qui soi-disant révolutionnait le genre datait de "Love, Simon" et ce fut pour le moins douloureux, donc je suis rentré dans celui-ci sur la pointe des pieds.

On pense fatalement à plein d'autres films car "This Is Not A Love Story" n'est pas non plus un punk et reste assez balisé, pour ne pas jouer les anciens combattants je vais citer deux trucs sortis après-guerre : "Le Monde de Charlie" en moins romantique et plus canaille, et "Nos étoiles contraires" en moins ouin-ouin et plus trash.

Ce qui fait la différence ici avec le tout-venant, ce sont clairement les dialogues qui décapent, et je l'avoue j'ai même trouvé ce film brillantissime durant une bonne heure, avant que le récit ne perde un peu de son mordant, comme si le scénariste pliait peu à peu face aux producteurs hollywoodiens. La férocité s'est doucement envolée, et mon intérêt avec, mais c'est clairement une jolie réussite.

Annotation :

Après des débuts mitigés avec le cinéma de Jérôme Bonnell, lui et moi sommes réconciliés depuis le très beau "Le Temps de l'aventure". Ici il m'a rattrapé de justesse, tant les premières minutes m'ont fait craindre un énième variation sans caractère autour du triangle amoureux.

Mais petit à petit le charme agit, comme celui de la formidable distribution, la légèreté apparente se mêle de gravité, un peu comme si un Truffaut venait mettre son nez dans un vaudeville à la Emmanuel Mouret.

Séduisant, langoureux, tendre comme du Richard Hawley...

Annotation :

Sorte d'épisode XXL sophistiqué de "Black Mirror", "Ex Machina" a le mérite de poser des questions fondamentales. Il a tout du film programmatique, passionnant théoriquement mais ne tenant pas totalement ses promesses sur la durée.

Et il manque le trouble, la mélancolie, qui faisait par exemple de "Her" une œuvre unique et qui, elle, me poursuivra.

Jolie petite surprise cependant.

Annotation :

Comme souvent chez Catherine Corsini il y a un gros manque de subtilité mais compensé par son réel savoir-faire, par sa faculté à réussir quelques scènes marquantes.

Ici par exemple il y a cette fin, et surtout le choix de cette dernière image presque subliminale, ce cut ravageur.