U.S.A. 1990's

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LE film de genre de la décennie. Michael Mann est un super-auteur, capable d'obtenir des budgets dingues pour des métrages subtils aux ambiances léchées, où tout semble aérien... "Heat" est la concentration de toutes ses lubies: mise en scène virtuose et stylisée, narration tendue, lumière bleue, persos névrosés et professionnels à en mourir, intrigue pessimiste, critique du monde moderne sans la nostalgie mal placée. Toutes les phobies de l'Amérique libérale triomphante sont ici transposées. Ce polar épique et intimiste est depuis devenu l'étalon-mètre de tout film policier qui se respecte, de Tarantino à Winding Refn, de Greegrass à Marchal. Pour le meilleur et pour le pire. Mais le meilleur, cela reste bien "Heat".

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Débat furieux au sein de la doctrine pour déterminer quel est le chef-d'oeuvre de Marty... A mon humble sens, c'est "Casino" sans véritable hésitation. Scorsese ouvre le bal des années 90 avec un film sublime ("Les Affranchis") dont les thèmes et la mise en scène seront développés de façon exponentielle ici-même. Jamais Scorsese n'a été à ce point virtuose dans la composition du cadre, le montage, la musicalité de l'ensemble. Son sens du cinéma devient ici clinquant comme toutes les loupiottes du Strip de Vegas. Les acteurs trouvent tous un aboutissement total qu'ils ne retrouveront plus par la suite: De Niro, Stone et Pesci sont tour à tour terrifiants, drôles et faibles. Le chant du cygne de Scorsese, le sommet combiné de plusieurs carrières, un chef-d'oeuvre américain des 90's.

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Quand McTiernan retrouve Schwarzie et Shane Black (créateur de l'"Arme Fatale") pour leur second film après "Predator", c'est pour accoucher d'une perle rare du film d'action, bien que dans la douleur. Ici McT fait la nique à Spielberg avec une intrigue nostalgique et proche de l'enfance, tout en se régalant à développer sa mise en scène ludique et virtuose. Rempli de clins d'oeil cinéphiliques et artistiques, action savamment dosée et discours sous-jascent subversif sur Hollywood, "Last Action Hero" s'est pourtant ramassé face aux dinos de "Jurassic Park" et McT a fini tricard pour plusieurs années en enchaînant des projets hasardeux. Ce film fait encore débat aux US quant à une possible réhabilitation. Toutefois souvenons-nous que ses géniteurs aiment à le penser comme leur film préféré... Venant d'eux ce n'est pas rien. Le dernier héros d'action? Peut-être. Le plus attachant, sûrement!

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Encore un film de tous les records pour tonton Steven! 1ère bande-son numérique en DTS, 1ers effets spéciaux perfectionnés à ce point (avec les magiciens ILM et Phil Tippett), 1ers dinosaures crédibles à l'écran, 1er film à dépasser la barre des 900 millions $ au box-office (Spielby bat lui-même ses 2 précédents records des "Dents de la Mer" et "E.T.")... Autre chose que Marvel et ses Avengers! Scénario ambitieux (belle réflexion sur la création et la nature), persos inoubliables et score impérial de John Williams. Mieux que le Cirque.

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Encore un réal des 70's qui trouve une renaissance créative dans les 90's: Robert Altman. Big Bob retrouve un sang neuf bienvenu avec le superbe "The Player" sorti l'année précédente, et par la même occasion un nouveau casting dont il utilise une bonne partie (Tim Robbins, Fred Ward, Lyle Lovett, etc) pour "Short Cuts", adapté de nouvelles plutôt misanthropes de Raymond Carver. La narration semble éclatée et pourtant tout se recoupe avec une fluidité extraordinaire. QT s'en souviendra pour "Pulp Fiction" l'année d'après... Le Tout-Hollywood semble s'être réuni et dépassé pour donner vie à ce Los Angeles banlieusard et médiocre qu'on nous cache tant: Julianne Moore, Matthew Modine, Huey Lewis, Andie McDowell, Frances McDormand, Robert Downey Jr, Chris Penn, Tom Waits etc. Une perle noire, cruelle et impitoyable, où vous croiserez probablement votre voisin du dessous si insupportable.

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De Palma revient et avec Pacino dans les bagages. Le duo gagnant de "Scarface" est dans le creux de la vague en ce début de décennie et cherche un sang neuf. En postulant une fausse suite de leur perle 80s, où Tony Montana chercherait sa rédemption dans le milieu new-yorkais des années 70, les 2 font mouches. Pacino incarne brillamment un truand au grand coeur dont le destin est tracé comme une balle en plein cœur et ce dès les 1ères minutes. Il faut toute la science du suspense et la mise en scène virtuose du Brian pour porter ce "petit film" dans un romantisme noir juste parfait. Et cette dernière demi-heure, putain...

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2 films de guerre trustent la décennie dans le ciné US: "Il faut sauver le Soldat Ryan" et "La Ligne Rouge". Deux moments de la WW2, deux géographies différentes. Si le 1er pose ses rangers dans la boue romanesque de Normandie, Terrence Malick fait vivre à ses GIs une quête existentielle en pleine Guerre du Pacifique. En confrontant ses protagonistes à une culture japonaise qu'ils ne comprennent pas, à des environnements paradisiaques qui se révèlent rapidement un enfer vert, Malick décrit poétiquement mais avec précision la culture belliciste de son pays, notamment via un évident parallèle avec le Vietnam. Inutile de rajouter que la mise en scène est sublime. Inutile de dire qu'aucun acteur est mauvais (et inconnu par ailleurs). Utile de revoir ce monstre régulièrement, oui!

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Big John a traversé les 70s et les 80s avec une classe incomparable. Il est l'éternel maverick du ciné de genre US, l'outsider de luxe du 7ème art, l'anar' de droite 1er degré au pays des démocrates hypocrites. Après une succession de perles indémodables et depuis revendiquées par toute une génération d'artistes ("Assaut", "Halloween", "The Fog", etc), il passe un cran en lançant sa trilogie de l'Apocalypse: "The Thing", "Prince des Ténèbres" et donc "L'Antre de la Folie". Prenant pour base le socle Lovecraft (puissances anciennes et maléfiques arrivant sur Terre pour foutre la merde, en gros), il en profite pour sceller les destins de personnages dont le cynisme évoque par trop l'état d'esprit triomphant et impérialiste d'une Amérique en perte de repères. Sa mise en scène si unique (toujours en Scope, splendide) permet de retrouver la fibre des films noirs de Wilder ou Siodmack (un agent d'assurance aux prises avec le Mal) tout en développant un discours subversif hérité du Nouvel Hollywood. Un homme dangereux, ce Jean Charpentier.

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Les 90s US se terminent tranquillement en trouvant une nouvelle génération digne d'hériter des vieux sages des 60s et 70s: Soderbergh, Tarantino ou encore les frères Coen. Mais le plus attachant (et non moins virtuose) est bien PTA. Ses récits "choraux" où plusieurs personnages se croisent en une destinée qui semble imprévisible et toute tracée à la fois, son montage électrisant, sa caméra virevoltante et sa lumière nostalgique rappelle les grands maîtres Scorsese, De Palma et surtout Altman. D'ailleurs le grand Robert adoubera son jeune disciple sans hésitation... Ici, une évocation des 70s triomphantes, à travers la carrière d'un acteur porno, avant la chute programmée dans des 80s cannibales. Funky, cool, épique, beau: en un mot inoubliable!

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Ok, pas très original... Mais derrière la machine, une belle histoire, un discours de lutte des classes (toujours d'actualité d'ailleurs), une mise en scène référentielle et parfaitement exécutée (appels du pied récurrents au méconnu "Atlantique Latitude 41°" de 58), montage brillant qui ne voit pas ses légendaires 3h14 défiler. Tout le monde peut y trouver son compte et Dieu sait qu'un très bon film fédérateur qui ne se prostitue pas devant ses spectateurs est aujourd'hui un bien inestimable puisque rarissime. N'oublions donc pas les proverbiaux grands anciens. Et puis il y a quand même les 2 meilleurs acteurs du monde dans ce film: Billy Zane et David Warner. Une raison totalement justifiée, à mon sens, de (re)voir ce monument.