Varia (2020)

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Inaugure en toute beauté maléfique ce début d'année. Huysmans offre aux lecteurs incrédules un bréviaire de l'occulte où Durtal cherche à se désennuyer coûte que coûte dans son siècle "américanisé" aux plaisirs au rabais.
Il en ressort des tournures enchanteresses propres à Huysmans basculant sans cesse entre la langue précieuse des symbolistes et le registre familier, conciliant cet aspiration négative vers l'en-deçà et son siècle qu'il exècre. Flaubert l'emporte sur Zola au fil de cette messe basse. Seulement Durtal est loin de se douter où son incroyance va l'emmener. Certains passages d'un sadisme avoué, on ressent ce plaisir malsain qui sert de vitamines pour se revigorer dans cette fin-de-siècle siècle médiocre.
Ici-bas, on lit Là-bas à défaut d'être là-haut. Et mon humeur est down, down, down...

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Que peut-on ajouter de plus sur le plus long poème en prose de la langue française ? C'est le croisement hybride d'une bible et d'un roman-feuilleton. Je retiens surtout l'émotion de ces scènes et de ces personnages épiques qui m'émeuvent, de ces tirades et digressions comme seul Hugo est capable d'en faire. Cette lecture me semblait un massif insurmontable plus jeune, et après des années d'alpinisme littéraire, l'Himalaya hugolien sur la misère sociale fait figure de clef de voûte de son édifice homérique. Hugo se prend pour un poète-prophète, et de temps à autre, je veux bien le croire sur parole.

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Court roman autodiégétique, unique dans la carrière du géant légendaire de Guernsey. Rédigé comme déclaration de guerre contre son grand ennemi de la Grève, le couperet sanglant du docteur Guillotin qui hante tel un spectre les pages de son oeuvre de Notre-Dame de Paris à Quatrevingt-treize. Le paratexte est tout aussi intéressant que ce soit la stratégie des papiers trouvés, de la petite pièce mettant en scène les accusations envers ses textes ou de la préface de 1832, véritable discours contre la peine de mort. Est abrégé ici le lyrisme des derniers instants tant chanté par Cioran.

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Le père du libéralisme moderne s'est adonné comme Chateaubriand à la chose littéraire. Récit de la vie et de la mort d'un premier amour, le texte contient en son sein un propos politico-religieux. Un bon complément à René du "mal du siècle" au "désert du monde", le romantisme français est bel et bien la consécration de la pensée de Jean-Jacques Rousseau. Une façon plus développée de ressentir les choses ou d'accéder aux vérités du coeur humain, en d'autres termes.

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Initié à la confiture verte grâce au projet expérimental du Dr Moreau de Tours, Gautier raconte une aventure fantastique et halluciné vécue par ce petit groupe d'assassins littéraires (les fameux fumeurs de hachich). Drôlatique puis angoissant à l'image des vapeurs provoquant tours et détours de la raison enfumée. L'hôtel Lauzun sur l'île Saint-Louis, devenue celle du Docteur Moreau devient un îlot pour les orientalistes en quête de visions apocalyptiques. La dilatation du temps et l'idée de son arrêt probable fait poindre à la fin du texte une certaine peur masquée par l'écriture baroque et polie de Gautier. Le hachich met-il entre parenthèses le passage du temps ? Le club s'avère être celui des pendules arrêtées contre les heures fuyantes de l'hyperactivité industrielle.

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Article du jeune Baudelaire six avant sa reconnaissance en tant que poète. Influencé par Gautier, Balzac, il esquisse une distinction entre deux excitants modernes si semblables à l'homme dans leurs propriétés. Eléments antithétiques, le vin et le haschisch permettent à l'homme d'accéder à la divinité et au bonheur de manière concrète. Un inspiration poétique qui démultiplie les facultés et le moi. Enfin, cet éloge reste nuancé quant à l'importance de la volonté personnelle comme source poétique de création artistique. En un sens, les drogues permettent au plus grand nombre de se sentir comme un poète sans en être un; et c'est sur ce point que le jeune Charles fera bientôt ses preuves.

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Un texte sur plusieurs sujets excédant le livre d'art sur Piranèse. Auteur romantique trop méconnu, Nodier fait de son Piranèse une série de pensée sur l'influence du cauchemar qu'il a popularisé dans la vie et l'art, tout en reliant son propos à la psychologie de son temps à l'égard d'Esquirol. La "monomanie réflective", variante qu'il découvre inspiré par le néologisme grec d'Esquirol de "monomanie" dans Des Maladies mentales, hante l'esprit des poètes, leur idée fixe qui leur sert d'inspiration créatrice. Une conception qui permet de réfléchir l'envers de la raison, le négatif comme éclaircissement du positif.