Visionnage 2022

Quelqu’un veut-il bien garder mes filles pour que je puisse regarder des films ???

Liste de

73 films

créée il y a presque 3 ans · modifiée il y a 11 mois
Paris-Brest
6.1

Paris-Brest (2020)

1 h 19 min. Sortie : 27 mars 2020. Drame

Téléfilm de Philippe Lioret

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Petit téléfilm, adapté d’un petit roman de Tanguy Viel. Mais du petit comme ça, j’en prend tous les jours. Je lève mon chapeau au réal pour avoir su dépasser le roman. Le texte de Viel vaut surtout pour son style, son regard légèrement décalé face à l’histoire qu’il nous raconte. Normal, c’est un auteur des éditions minuit. Or le film ne suit pas du tout cette voie-là, il adopte un ton sombre, mélancolique et vengeur que le récit suggère, ce qui offre alors un tout nouveau regard sur cette histoire.

Licorice Pizza
7.1

Licorice Pizza (2021)

2 h 13 min. Sortie : 5 janvier 2022 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Paul Thomas Anderson

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Faut d’abord dire ce qui est : c’est un bon film. PTA, maître absolu du rythme sait, comme toujours, insuffler une énergie, une vibe qui ne ressemble à rien d’autre. C’est toujours un plaisir presque sensoriel qu’on récolte face à ses films. Le rythme, le cadre, la photo, la direction d’acteur, met au tapis bien des cinéastes. Ça n’est plus à prouver, PTA est un très grand faiseur d’image. Il est aussi pour moi le réalisateur le plus intéressant de la production américaine (oui oui), car il me surprend souvent, se fait caméléon, explore des champs jamais foulés. Ici en revanche ce n’est pas le cas, d’où mon petit 7. Peut-être est-ce là ma déception : ne pas avoir été bousculé, et m’être retrouvé devant une proposition que je connais déjà.

Disons que Licorice Pizza c’est un peu son American Graffiti, version seventies. C’est son Once Upon a Time in Hollywood à lui, sa propre compile musicale, c’est donc une démarche qui ne fait que suivre le sillon tracé par Tarantino. Offrir une histoire d’amour prétexte à embrasser les années 70, et à déverser de la musique à chaque scène. Mais quand même se servir de ce cadre pour brosser des personnages tels qu’il les aime.

L'humanité
7.5

L'humanité (1999)

2 h 28 min. Sortie : 27 octobre 1999 (France). Drame

Film de Bruno Dumont

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Sûrement le plus beau Dumont que j’ai vu, dans lequel la thèse christique est une évidence. C’est d’abord une hypothèse en suspension tout le long du film face au comportement du personnage principal. Pharaon de Winter incarne l’homme simple, disons même le simplet du village mais dont la bonté transparait dans chacun de ses gestes, chacun de ses silences. Plus tard l’hypothèse est levée à travers la scène du potager. Pour une fois, les longueurs chez Dumont, et les moments grotesques servent quelque chose de plus universel – par exemple, il y a ces longs regards sur la plaine, ou simplement sur le paysage qui se présente devant le personnage. Dans d’autres films comme La vie de Jésus ou Flandres, ces regards traduisent souvent l’ennuie des personnages et leurs luttes internes. Ce sont des silences pleins. Ici au contraire, Pharaon semble faire corps avec la nature, il semble revêtir les douleurs des autres, et les interroger. Il médite.

Donc quelque part, ce sont les mêmes procédés que dans ses autres films. La vie de ploucs dans le nord de la France, une vie chiante sans possibilité d’avenir, des journées à regarder les mobylettes passer dans la rue. C’est le même cadre, les mêmes plans, la même lenteur, les mêmes moments crus et grotesques, mais Pharaon de Winter fait la différence. Il est comme un Christ au milieu de cette vie trop humaine.

Don't Look Up - Déni cosmique
6.8

Don't Look Up - Déni cosmique (2021)

Don't Look Up

2 h 18 min. Sortie : 24 décembre 2021. Comédie dramatique, Science-fiction

Film de Adam McKay

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Je reconnais que la satire est fun et que j’ai passé un bon moment. Mais je préfère encore quand McKay ne dénature pas le réel. Dans The big short par exemple la critique fonctionne sans avoir besoin de grossir le trait. Ici, pour faire passer l’énormité de cette histoire, tous les personnages en accusation sont écrits comme des guignols. La présidente est une vraie connasse, les présentateurs télé sont des hyènes ignares, le boss de Batch est inhumain au possible, etc. Bien sûr on pourra y trouver des inspirations du réel, c’est le propre d’une satire, et c’est ce que le film cherche à faire, mais forcément ça devient plus facile et un peu malhonnête de faire passer les méchants pour des cons, et les gentils pour des gens sensés. Les gentils scientifiques motivés par la raison VS les méchants médias et méchants politiques motivés par la bêtise. Ça aurait été autrement plus complexe (mais faisable) de montrer que l’organe médiatique n’est pas représenté seulement par quelques vedettes, mais qu’il y a des lignes éditoriales derrière, des têtes pensantes, des conflits au sein des équipes (il existe plein de films qui nous montrent comment ça fonctionne). Et si la présidente jouée par Meryl Streep peut faire penser à Trump, c’est oublier que Trump a eu une opinion public défavorable tout au long de son mandat. Sauf en cas de totalitarisme, un dirigeant politique aussi con, aux intentions malhonnêtes aussi évidentes, est vite démasqué et moqué par le peuple. Or pour servir son propos, le film fait le choix de montrer un monde où les politiciens, les média et le peuple sont unis dans la bêtise, tous d’accord entre eux. Le film n’oppose aux deux scientifiques qu’une poignée de personnalités ultra caricaturées qui seraient censées représenter toutes les forces décisives (quid des lobbys scientifiques ? quid des médias sérieux ? quid des associations populaires ?). Enfin bref, tous ces gros traits un peu faciles rendent l’accusation un peu moins efficace que ce qu’elle aurait dû être. Reste quand même un film sympa avec un final oppressant et marquant. J’aurais aussi à redire sur le casting. Je trouve assez gênant qu’un réalisateur qui cherche depuis plusieurs films à accuser les systèmes de l’argent, fasse des films aux castings aussi bankables. Et puis casting pas toujours pertinent. Timothée Chalamet en figuration, alors qu’un acteur méconnu (moins belle gueule) aurait été tout aussi bien pour jouer un jeune punk skateur non ?

Kuso
6.4

Kuso (2017)

1 h 34 min. Sortie : 2 mars 2021 (France). Animation, Comédie, Drame

Long-métrage d'animation de Flying Lotus

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Gros trip d’1h30 aux délires creepy, avec du vomi, de la merde, du torture porn, des scènes sous psychotrope. Le tout formant différents sketchs sans queue ni tête, liés les uns aux autres par des transitions en mode spot tv totalement what the fuck, comme un message sous-jacent sur la culture télé, qui nous dirait « télé, sous-culture de décérébré, gros étron visuel et auditif ». Sans déconner, le plus fou dans le film, ce sont les transitions entre les différents segments. Sortes de clips pscyhédéliques en animations papier, ou bien dans une 3D dégueulasse, dans lesquels vont défiler des images vraiment immondes. Le film a réussi cet exploit d’insérer dans ma mémoire des images d’une bizarrerie et d’une dégueulasserie inimaginable. Ce qui surprend avec Kuso, c’est qu’on le regarde avec attention, non pas pour la qualité de ses histoires qui n’ont absolument rien à dire, mais juste parce qu’on est scotché par ce qu’on voit. Attention toutefois, le trailer laisse penser à un film barré et fun. En vrai, c’est barré et glauque. Certains sketchs tiennent du pur malaise, âme sensible s’abstenir.

La Crise
6.7

La Crise (1992)

1 h 35 min. Sortie : 2 décembre 1992 (France). Comédie

Film de Coline Serreau

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Il faut aimer les échanges bruyants, les répliques absurdes et les dialogues qui fusent sans s’interrompre. La Crise est à prendre comme un vaudeville mouvementé qui cherche plus l’effet théâtral, l’éclat du bon mot, que la vérité sur son sujet. Le film laisse croire qu’il interroge le couple. En vrai, il n’interroge pas grand-chose. Il balance des situations de crise qui reposent sur d’énormes archétypes (voire des stéréotypes) : les femmes en ont ras le bol de leur mari, buveurs de bières, fans de foot, qui n’en branlent pas une. Elles préfèrent se casser ou vivre seules, car les mecs c’est vraiment tous des cons. Oui, les mecs en prennent pour leur grade, mais c’est drôle et bien écrit, donc tout à fait acceptable, précisément parce que c’est du cliché inoffensif et qu’il n’en ressort aucune rage, aucune analyse ciselée, aucune vraie remise en question. Tout est écrit pour la déconne. Le film utilise une multitude de crises pour imaginer des scènes aux dialogues piquants et savoureux.

Quand je ne dors pas
7.2

Quand je ne dors pas (2015)

1 h 22 min. Sortie : 30 septembre 2015. Romance

Film de Tommy Weber

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Forcément on pense aux 400 coups de Truffaut. Ma culture cinéma maigrichonne m’empêche de faire d’autres rapprochements, mais celui-ci me parait évident. Filmer Paris, dans un noir et blanc somptueux, suivre un jeune entêté, incapable de nouer des relations normales, qui erre dans Paris, va de rencontre en rencontre, et qui en plus s’appelle Antoine ! Ouais, c’est clairement un hommage, voire un pastiche. Mais c’est les 400 coups revisité à notre époque dans un Paris nocturne, donc un autre monde. Ça m’a fait penser à l’émission Paris dernière (paye ta référence). On y croise des dealers, des racailles, des clodos, des soirées étudiantes. Faut noter surtout que le film est porté par son acteur principal, c’est son personnage qui donne une saveur particulière à chaque rencontre puisqu’il l’entreprend toujours avec une idée derrière la tête (se faire de la thune ou draguer) et le fait toujours avec audace, avec provocation même. C’est important ça. Antoine n’est pas un simple personnage lisse, un personnage prétexte à vadrouiller dans la nuit qui laisserait la place aux autres, comme on peut en voir dans les histoires de ce type. Au contraire, il provoque les rencontres, va au-devant d’elles, et les perturbe. En quelques sortes, on n’observe pas une soirée étudiante normale, on observe une soirée chamboulée par Antoine. Un Antoine pas bien dans sa peau, mais qui se bat férocement pour obtenir ce qu’il veut, qui n’en a rien à foutre de rien (paye ta deuxième référence, Nekfeu ma gueule). Et c’est toujours lui qui nous intéresse. On est curieux de voir ce qui va sortir d’une rencontre entre lui et les autres, comme on observerait une réaction explosive entre deux éléments chimiques. Voilà voilà, c’était ma petite analyse.

En eaux troubles
4.5

En eaux troubles (2018)

The Meg

1 h 54 min. Sortie : 22 août 2018 (France). Action, Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Jon Turteltaub

-Alive- a mis 2/10.

Annotation :

Voilà, j’avoue tout. Mon péché mignon c’est les films de requin (ou autres bébêtes marines). Attention pas les gros nanars type sharknado, ça je peux pas. J’aime que le truc soit un minimum sérieux. Les nanars conscients d’en être, qui sont écrits et financés pour être des nanars, ça m’ennuie plus qu’autre chose. Mais pour peu qu’il y ait une mise en scène bien foutue, ça me va. Par exemple : The Reef, Peur Bleue, Instinct de Survie, je trouve ça chouette. Mais The Meg (en eaux troubles en français) bascule trop vite dans le nawak. Sorte de version daubée du Abyss de Cameron qui tente d’amorcer un début sérieux : une histoire de trauma, une base nautique à la Peur Bleue, des scientifiques exaltés d’atteindre des profondeurs jamais explorées, et quelques scènes prenantes dans lesquels on devine la menace sans la voir. Ça fonctionne pas mal, ça fait le taff. Puis très vite, on se met à enchainer les facilités d’écriture, les grosses scènes stupides et le film finit par assumer sa connerie. Cf : la scène où statham se retrouve à quelques centimètres nez à nez avec le Mégalodon, et ce dernier arrêté par quelques cordes et une poulie. Gros nawak. En fait j’aime quand ce genre de film essaie de créer du stress, qu’il déploie des idées et qu’il ne se moque pas de lui-même. Instinct de survie le fait bien par exemple. Mais ici pas du tout. À force de rire de lui-même, le film bascule dans un comique sanglant qui ne m’intéresse pas. Ça me sort du film.

Bref, c’était à chier.

Ex Machina
7.1

Ex Machina (2015)

1 h 48 min. Sortie : 3 juin 2015 (France). Drame, Science-fiction, Thriller

Film de Alex Garland

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Un peu déçu quand même. Vu la réputation du film, je m’attendais à quelque chose de plus profond. Finalement Ex Machina n’apporte pas plus sur le sujet de l’intelligence artificielle que tous les films qui ont déjà traité la question. J’veux dire, des films comme Blade Runner, Her ou même I-robot, ont déjà dit tout cela. Il y a cette idée de l’intelligence qui feint l’émotion, feint l’amour. Et à l’homme de savoir distinguer un amour véritable d’un amour simulé. Question intéressante mais déjà vue et revue. L’impression que le film lance des pistes de réflexion sur le sujet qu’il abandonne aussitôt. J’aurais aimé que chaque conversation entre les deux mecs dure plus longtemps, aille plus loin, ose dérouler des vrais échanges intellectuels. En fait ils ne servent qu’à faire avancer le film. C’est qu’à mon avis, aucun film ne peut aller plus loin que cela. Si on veut vraiment parler IA en détail, parler de comment se construit une intelligence artificielle, et philosopher sur l’éthique de l’IA, le mieux est encore d’aller lire des ouvrages sérieux sur le sujet.

Alors reste un huis-clos sympathique, mais là encore très attendu je trouve. Je n’ai pas forcément deviné les péripéties, mais je les ai senties arriver. J’ai senti très tôt où le film voulait me mener, senti qu’il y aurait des choses cachées, des coups de putes, des manipulations, des rebondissements. Car le film fait tout pour nous l’annoncer. Dès le début par exemple, on apprend que certaines pièces de la maison sont interdites, seulement accessibles avec une clé spéciale. Bon bein là c’est cramé. On sait que tôt ou tard ces portes seront ouvertes et qu’elles cachent des secrets. Si bien que j’ai regardé Ex Machina en mode automatique. Franchement pour moi, ça ne vaut pas plus qu’un épisode de Black Mirror.

Les Mitchell contre les machines
7.1

Les Mitchell contre les machines (2021)

The Mitchells Vs. the Machines

1 h 50 min. Sortie : 30 avril 2021. Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Michael Rianda et Jeff Rowe

-Alive- a mis 4/10.

Annotation :

Survitaminé et bombardé d'idées visuelles, ce qui en fait un film quali techniquement. Rien à redire là-dessus. Mais pour être franc, j'en ai pas grand chose à faire. Ce n'est pas ça qui fait que j'aime un film. On peut être fou-fou, torpiller le film de blagues bien fichues, de gags amusants, mais si c'est pour me servir ENCORE un film au canevas convenu et aux thématiques éculées, je m'en fous un peu. Je suis lassé du cinéma d'animation US et je sens que les gros studios ont du mal à nous servir autre chose que de l'adrénaline en barre. Tout doit être gag, fun, rapide, feel good, vite consommable. Donc Les Mitchelle est bien fichu, c'est un bon spectacle....mais du petit cinéma. Un cinéma qui ne sait plus dire grand-chose - d'ailleurs cette histoire de famille dysfonctionnelle (mais qui sauve le monde quand même hein) ça a presque 20 ans et ça s'appelait les Indestructibles. Ce serait bien un peu de renouveler la forme, de chercher à aller ailleurs plutôt que de simplement augmenter la cadence et les effets. D'ailleurs j'y pense. C'est un film qui nous invite à nous déconnecter de nos téléphones, mais qui lui-même choisit un rythme effréné, à base de mèmes internet, de dégueuli de références. Critiquer la vacuité de l'ère numérique, mais l'épouser pleinement dans la forme. Cocasse. Et puis autre chose encore, j’en ai RAS LE BOL d’entendre cette ode à la différence. Il n’y a plus que ça comme discours dans les films : la différence fait ta force, cultive-la, démarque-toi du moule. Alors qu’à chaque fois, ces films sont précisément ce qu’il y a de plus conventionnel. Ici par exemple, on nous fait passer cette famille pour différente des autres, alors que c’est une famille lambda, imparfaite, middle classe qui fait comme elle peut, c’est-à-dire comme toutes les familles normales. Mais c’est très américain cette croyance, voir l’individu comme un caractère qu’il s’agirait de fructifier à l’encontre des autres, pour s’en démarquer. Si on déroule la pelote, au bout il y a une culture du business, du self-made. Pour les américains, la différence c’est ce qui va te démarquer sur le marché de l’emploi, sur un CV, sur un projet entrepreneurial. Mais la vraie différence, par exemple : idéologique, raciale, politique, religieuse, bref la différence non conforme à leur pensée, les américains en sont terrifiés. Du coup, sous couvert de nous montrer des personnages différents, on nous montre des personnages tout à fait normaux, qui nous ressemblent à bien des égards.

Noce blanche
6.5

Noce blanche (1989)

1 h 32 min. Sortie : 8 novembre 1989 (France). Drame, Romance

Film de Jean-Claude Brisseau

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

J’ai été intéressé par Noce Blanche, mais pas réellement touché. Et difficile de savoir ce que le film cherche vraiment à créer chez le spectateur. Moi je pense qu’il ne cherche rien du tout, qu’il nous donne son histoire et à nous d’en faire ce que nous voulons. L’histoire d’un professeur à la vie rangée (pas une vie triste pour autant, au contraire, une vie agréable mais pantouflarde) qui va tomber amoureux de son élève lycéenne. Faut dire aussi que Vanessa Paradis était sublime. C’est presque insoutenable une telle beauté. Et ça donne le sentiment que Brisseau a imaginé le film d’après elle, que la beauté juvénile de son actrice a été le déclencheur du film. Fort fort probable aussi que lui-même ait ressenti un désir puissant envers elle, et que le film ne cherche qu’à raconter cela au final. En même temps quel homme normalement constitué ne ressentirait pas du désir face à elle ? Mais le cœur du film est là précisément. On peut adhérer à cet amour, tomber soi-même amoureux, et s’y laisser porter sans jugement. Ou on peut sentir une gêne, ce qui était mon cas. Gêné de voir cet homme oublier toute lucidité, et tout détruire pour une fille qu’il prend pour un idéal. Maintenant ça ne veut pas dire que le film m’ait déplu. D’abord parce que le film lui-même ne donne aucune vérité, ne nous raconte pas un amour idéal et bienfaiteur. C’est un amour destructeur, mais un amour vrai. C’est un désir qui nous gêne, mais qui existe, dont il ne faudrait pas nier la sincérité.

La Sentinelle
7.1

La Sentinelle (1992)

2 h 19 min. Sortie : 20 mai 1992. Drame, Thriller

Film de Arnaud Desplechin

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Le tout premier film de Desplechin. Et c’est fou, j’ai beau connaitre son style, à chaque fois je me retrouve un peu sur le cul. Car soyons franc : Desplechin a un style déstabilisant qui exige une certaine abnégation. Il ne faut pas chercher à tout maîtriser, il faut surtout ne pas vouloir plier le fim à nos exigences, car ici tout éclate. C’est l’histoire d’un jeune homme, fils de diplomate, au passé secret qui revient en France pour poursuivre des études de médecine légale. D’emblée, deux genres s’entrechoquent : le film d’espionnage et le film documentaire. Plus tard, viendra l’étude sentimentale, telle que Desplechin aime les mener. Toujours très dense évidemment, avec cette façon de dépasser le réel, de jouer une musique dissonante à nos oreilles. Les personnages surréagissent, parlent d’amour comme personne. Et donc ces styles vont se mêler, non pas comme trois fils narratifs distincts, mais comme une forme à trois facettes. C’est comme trois films en un, où les personnages sont déterminants dans chacun d’eux. Et comme d’hab chez Desplechin, tout va trop vite pour qu’on comprenne parfois les virages que prennent les personnages. On les regarde se démener et on ne comprend pas de suite leur décision. Certains diraient que c’est « mal raconté », moi au contraire je trouve ça fabuleux, car je pense simplement qu’on ne nous donne pas accès à leurs pensées. Si c’était un livre, peut-être les entendrions-nous réfléchir et tourner leurs obsessions dans leur tête. Mais ici, avec l’image, il faudra se contenter de gestes précipités, de dialogues gonflés mais inutiles à l’action, et on piochera quelques indices pour anticiper les changements abrupts du récit.

Massacre à la tronçonneuse
4.3

Massacre à la tronçonneuse (2022)

Texas Chainsaw Massacre

1 h 21 min. Sortie : 18 février 2022. Épouvante-Horreur

Film de David Blue Garcia

-Alive- a mis 4/10.

Annotation :

Après le Desplechin, il me fallait un truc facile. Comme on pouvait s’y attendre c’est un film avec zéro ambition. Le film tente maladroitement de replacer le mythe leatherface dans un cadre moderne, en le confrontant à des hipsters, entrepreneurs, un peu progressistes sur les bords, venus s’aventurer au Texas seulement pour se faire massacrer. Et c’est là le seul intérêt du film, on le comprend vite. Ne rien oser, ne rien faire de neuf, juste un massacre modernisé. En atteste cette scène de bus, ma foi assez jouissive, dans laquelle des clubbers insouciants se font charcler comme des bouts de viande. Le film est donc très convenu, mais le spectacle est quand même amusant pour une soirée pop-corn, parce qu’il déploie du gore outrancier assez surprenant venant d’une prod Netflix. On voit clairement les ventres se faire étriper, les cranes se faire écraser à coups de marteau, les os défoncer, et la tronçonneuse tronçonne plus que jamais. Paradoxalement, cette surenchère de gore reste propre et bien financée, donc elle ne crée aucun malaise. Bref, comme la plupart des remakes osefs actuels, ce film ne sort pas du lot.

Bande de filles
6.3

Bande de filles (2014)

1 h 52 min. Sortie : 22 octobre 2014. Drame

Film de Céline Sciamma

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

En vrai je ne sais pas trop quoi penser du cinéma de Sciamma. D’un côté, j’y vois une entreprise intéressante, dans le fait de vouloir filmer la sororité dans différents contextes. Ici, elle choisit de parler des jeunes femmes de banlieue, engluées comme le sont les hommes dans une culture de la violence, mais y tenant une place particulière puisqu’elles sont prises entre les interdits : interdits des hommes notamment, prises pour des putes pour peu qu’elles montrent des velléités sentimentales. Mais ça Sciamma nous le montre sans complaisance et sans victimisation. Les filles qu'on suit sont quand même assez détestables, et leur situation n'excuse pas tout.
D’un autre côté, la manière dont Sciamma filme ça est un peu froide. Il y a une colère sous-terraine qui anime ce fim, comme dans Portrait de la jeune fille en feu. Une colère revancharde tournée contre l'injustice qui fait que les moments "naturels" par exemple les moments de joie (la scène du karaoké, les scènes de fou rire) sonnent un peu faux, un peu forcés. J'ai aussi un problème avec le quelques moments clipesques du film, mais ça c'est parce que je n'aime pas les réals clipesques de manière générale.

The Batman
7

The Batman (2022)

2 h 56 min. Sortie : 2 mars 2022 (France). Action, Drame, Policier

Film de Matt Reeves

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Faut clairement pas s’attendre à un grand film, The Batman c’est un peu comme Joker ou Logan : du film de super-héros qui essaie de s’inscrire dans un autre genre, mais qui reproduit en moins bien le genre auquel il emprunte. Joker c’était la Valse des Pantins, Logan c’était du western, et là Batman c’est clairement du thriller à la Se7en. Mais jamais ça ne va plus loin que le pastiche vide, ça n’emprunte que des codes visuels, des gimmicks, des idées de scénario sans chercher à aller plus loin. D’ailleurs j’ai trouvé le scénario très bateau, parfois un peu con même. Un pote (black adam) m’a fait remarquer très justement que si on s’attarde deux secondes sur les fameuses révélations de l’histoire, il n’y a en fait jamais rien de très grave : une simple histoire de détournement de fonds par des gangsters ! Olala ! Mon dieu, des magouilles financières dans Gotham, incroyable ! Donc c’est vrai, que le film emprunte à Se7en son côté sordide, son jeu de piste macabre, mais simplement pour nous faire croire qu’il nous raconte des choses macabres, alors que non. On peut également noter un autre gimmick qui saute aux yeux : Batman tient un carnet et parle de manière déprimée comme Rorschach dans Watchmen. Oulala c’est sombre. La différence c’est que Rorschach est vraiment un mec violent et nihiliste, et que dans Watchmen les révélations sont des complots d’État hautement plus sordides que ceux de Batman. Mais…Mais je dois avouer que si on ferme les yeux sur ces défauts, ça reste un film visuellement cool qui touche le geek, amateur de Bruce Timm et Frank Miller. Il y a des choses qui font plaisir à voir : le Batman un peu inexpérimenté, les gangsters légèrement caricaturaux, la relation avec Catwoman. Les scènes de baston sont très chouettes, en fait les meilleures qui soient dans un film Batman. On retrouve cette fameuse scène d’échappée du commissariat reprise de Year One (on notera toutefois ici son incohérence : pourquoi Batman, qu’on a laissé fouler chaque scène de crime, qu’on n’a jamais emmerdé, devient soudainement soumis à une garde à vue ?) Il y a également le fait d’aller tête la première dans une detective story sans chercher à faire vivre mille personnages à l’écran (ce qui posait un vrai soucis chez Nolan, il faut le dire), le film de Reeves respire, laisse parler Gotham, prend son temps, et ça c’est fait du bien dans un film de super héros.

Mortal Engines
5.3

Mortal Engines (2018)

2 h 08 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Fantastique, Science-fiction, Aventure

Film de Christian Rivers

-Alive- a mis 5/10.

Annotation :

Ma femme voulait le voir, moi pas trop. Finalement ça va, c’est mieux que ce que j’imaginais. C’est le genre de blockbuster qui a au moins un mérite : celui de proposer autre chose dans un monde dominé par les super-héros Disney-Marvel, et qui pousse son concept jusqu’au bout, qui y croit, qui a envie de nous offrir un bon spectacle sans grande prétention. En somme, c’est ce qu’étaient les blockbusters avant que le paysage se marvelise, et c’est recevable. Dans la même veine, je pense à John Carter, Jupiter Ascending ou encore Tomorrow Land. Après voilà, comme les films cités, c’est sympa mais léger. Le gros délire geek débridé de villes qui marchent et qui mangent d’autres villes, parce que : post apo, manque de carburant. Il faut quand même opérer une sacrée suspension d’incrédulité pour y croire. S’ils manquent de carburant, pourquoi faire avancer des villes sur des robots géants ? Pourquoi ne pas avoir des villes fixes, et envoyer des raids à la mad max ? Bon je sais je sais, je chipote, on s’en fout, faut pas trop poser de questions. À part ça, le film est un peu enfantin, un peu niais, comme les films cités là-encore. L’enjeu, le bad guy, le héros, l’écriture générale, c’est gentillet. On finit sur un bon "c’est le pouvoir de l’amour !". L’amour entre deux nations qui viennent quand même de s’envoyer des armes de destruction massive sur la gueule, mais que voulez-vous, une fois les bombardements terminés, tout le monde s’aime, c’est beau !

La Femme qui s’est enfuie
6.6

La Femme qui s’est enfuie (2020)

Domangchin yeoja

1 h 17 min. Sortie : 30 septembre 2020 (France). Drame

Film de Hong Sang-Soo

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Mon premier Hong Sang-Soo, et c’était spécial à bien des égards. Spécial mais pas inintéressant. On y suit une femme, Gam-hee, qui profite que son homme soit en voyage d’affaire pour revoir des copines, ou disons plutôt pour errer. Déjà, tout est un peu vaporeux, le rythme est hors du temps. Difficile de dire combien de temps dure cette errance, et comment Gam-hee passe d’une amie à l’autre. Elle a vraiment l’air de marcher sans buts, parfois d’aller voir volontairement une amie, d’autres fois de tomber sur elle par hasard. Le cœur du film alors, ce sont ces rencontres. Et ce qu’il y a de notable, c’est précisément qu’il n’y a rien de notable. J’entends par là : ces femmes discutent juste comme des copines, se racontent des banalités, je dirais même le summum des banalités (10min de dialogue sur le fait qu’une viande soit bonne, et qu’on aimerait être végétarien, mais que quand même la viande est bonne). Elles se racontent leur life, ou parfois aimeraient se raconter leur life, en dire plus, et c’est dans les gênes, les silences, les choses dites mais non pensées, qu’on commence à toucher la nature sensible de la conversation humaine.
C’est le dialogue banal érigé comme outil d’étude de la condition humaine. Oui oui. C’est vraiment le sentiment qui point à chacune de ces conversations. Formellement vides, presque amusantes par leur médiocrité (médiocre par leurs sujets hein), mais qui parviennent, pour peu qu’on y soit attentif, à nous montrer…eh bien…les gens.

L’autre chose notable évidemment, c’est qu’en réponse à cette banalité, vient le disruptif des hommes. Quelques interventions masculines au milieu de ces retrouvailles de femmes, qui se présentent à chaque fois comme des éléments, pour le coup, pas banals. Mais là encore, rien de grandiloquent, rien qui n’essaie de dépasser la réalité. Juste des mecs parfois gênants, incapables de dialoguer, se ruant dans un dialogue fermé d’avance, dialogue de sourd quoi, mais qui une fois partis sont aussitôt oubliés. Ils n’ont aucun impact sur ces femmes.

Donc voilà, film étonnant qui aurait pu être une nouvelle, un sujet insignifiant, et intéressant parce qu’il est, et qu’un cinéaste décide de s’y intéresser, de faire cette insignifiance un sujet qui vaut la peine de faire un film.

Jack Reacher
6.1

Jack Reacher (2012)

2 h 10 min. Sortie : 26 décembre 2012 (France). Action, Policier, Thriller

Film de Christopher McQuarrie

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

C’est de l’actionner classique, avec un Tom Cruise finalement très proche de celui qu’on trouve dans Mission Impossible (droit dans ses bottes, intimidant, badass comme il faut, sans attache). Donc on pourrait dire que Jack reacher est le Ethan Hunt solo, donc un Hunt qui s’assume comme tel, puisque qu’à l’époque de MI2 et MI3 Hunt se l’était joué solo, avant de revenir aux fondamentaux (une team soudée !). C’est moins grand spectacle que Mission Impossible, car ça tourne autour d’une enquête, mais le film a son lot de bonnes trouvailles qui en font ma foi un film efficace et qui réussit à divertir. Sinon c’est quand même toujours aussi drôle ce patriotisme latent chez les ricains, ici d’autant mieux servi que le méchant est encore un russe . Un russe bien cliché : un type borgne et maussade qui déssoude ses hommes de mains dans des parkings obscurs (incarné par werner herzog).

Alice et le Maire
6.2

Alice et le Maire (2019)

1 h 43 min. Sortie : 2 octobre 2019 (France). Comédie dramatique

Film de Nicolas Pariser

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

J’ai beaucoup aimé de ce dont traite le film, car c’est assez rare de voir ça abordé au cinéma, et de manière aussi fine. On nous parle DU politique contre LA politique. LE politique incarné par la fameuse Alice, c'est-à dire les convictions, les idées, l’éthique, la pensée. Quelque chose de profond mais de très nébuleux et de difficile à appliquer concrètement. Bien évidemment, difficile pour un film de réellement dérouler des idées politiques. Le film n’ose pas le faire et ne se laisse pas la liberté de le faire (ce qui est dommage) mais c’est compréhensible, car ce n’est pas tant les idées qui l’intéresse mais …disons-le comme ça : le concept d’idées. Le film ne peut pas se permettre de nous parler sérieusement de socialisme par exemple, ou de progrès, ou de libéralisme. Rien de mieux que des essais pour ça. Ce qu’il veut faire c’est nous montrer ce que la pensée politique devient une fois qu’elle se confronte à l’exercice politique, à ses velléités, mais aussi à ses bonnes intentions prises dans le tourbillon de la posture, de la communication, du mouvement qui va avec la vie d’un homme politique. Bref ! Le sujet est intéressant,et la façon dont il incarne ça à travers deux figures : Alice confronte ses idéaux au réel, et en ressort déprimée. Le maire sort la tête de son monde de communicants et regoûte à la vie et aux idées (dignement représentées par la littérature). Leurs deux trajectoires croisées disent bien la forme de compromis qu’il y a de passer de l’un à l’autre.

Alerte rouge
6.4

Alerte rouge (2022)

Turning Red

1 h 40 min. Sortie : 11 mars 2022. Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Domee Shi

-Alive- a mis 5/10.

Annotation :

Je vois de plus en plus chez Pixar cette envie de représenter des sphères minoritaires de la société. Alors je sais bien que cette histoire raconte du vécu, l’enfance de la réalisatrice, mais quand même. Le catalogue Pixar devient un véritable représentant de la diversité. Après le Mexique et l’Amérique noire, voilà donc la minorité asiatique. Après tout, pourquoi pas ? Car je la trouve intéressante cette étude d’une famille entre deux mœurs : jeune fille ado à Toronto, passionnée de boys band, mais prise au piège dans sa culture chinoise. C’est peut-être le plus intéressant dans cette histoire. Mais ensuite, ça devient assez chiant quand on se rend compte qu’elle ne sert qu’à dérouler toujours le même genre de discours. Toujours cette vision de la famille comme un frein, et de l’individu roi. La jeune adolescente veut vivre son adolescence, et le grand méchant ici c’est sa mère, qui doit apprendre de sa fille. On a eu ça avec Rebel, avec Coco, avec Soul. Toujours les aspirations et passions de l’individu érigées comme but suprême. Et toujours “les autres” ou “la famille”, “la société” vue comme un carcan, un frein à nos honorables aspirations. C’est vraiment une façon très simpliste de couper le monde en deux : nous contre les autres. Et au final pour nous servir une sorte de douce moquerie des traditions, cf : la fin du film lorsque la famille décide de faire de leur temple familial une sorte de parc à touriste payant, pour se faire du blé sur leur culture. Ah ça c’est bien les américains !

PS : le film qui suit traite exactement de la même chose.

Encanto : La Fantastique Famille Madrigal
6.3

Encanto : La Fantastique Famille Madrigal (2021)

Encanto

1 h 39 min. Sortie : 24 novembre 2021. Animation, Aventure, Fantastique

Long-métrage d'animation de Jared Bush, Byron Howard et Charise Castro Smith

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Même chose ici: la famille fantastique est une famille pourrie, qui en cherchant à respecter une forme de tradition, nuit à l’un de ses membres. On y revient encore une fois, à cet individualisme érigé comme fondamentalement “bon” et à ce discours qui nous dit : hey les traditions tu n’es pas obligé de les respecter si elles sont néfastes. Je ne dis pas que la chose est fausse. Je me rends juste compte que ce discours est devenu automatique dans chaque film d’animation. Un discours qui nous invite à ne pas respecter les traditions et les parents, et qui nous conforte dans la croyance de notre individu. Et pour moi ça incarne parfaitement le progressisme actuel, le “ok boomer”.

Sinon, à part ça, j’ai l’impression qu’Encanto est une sorte de Cent ans de solitude version édulcorée, où le réalisme magique aurait été mal compris par les scénaristes, avalé et digéré pour donner une forme de fantastique coloré typé amérique du sud. Tout cela donne un côté très très faux à cette culture, très fantasmé, comme d’hab chez Disney. Tout n’est que visuel. Mais il y a quand même un truc qui a fonctionné chez moi : les chansons. Le registre pop latino du film donne une bonne B.O. On écoute ça dans la voiture avec mes filles et il faut avouer que les chansons du films sont de meilleurs single pop que bien des single qui sortent aujourd’hui.

La Loi du marché
6.5

La Loi du marché (2015)

1 h 32 min. Sortie : 19 mai 2015. Drame

Film de Stéphane Brizé

-Alive- a mis 6/10.

Annotation :

Prises indépendamment, chaque scène du film est intéressante en ce qu’elle montre la réalité d’un quinqua chômeur. L’entretien d’embauche difficile, le passage chez la banquière qui tente encore de vous vendre une assurance, la vente des biens, les galères du fils à l’école, etc. Mais mises ensemble, elles nous racontent quand même une vie bien morose. Aucun espoir, aucune lumière, juste un enchaînement d’épisodes merdiques. Le personnage de Lindon en prend plein la gueule, tellement qu’on finit par ne plus y croire et par ne voir dans le film que l’engagement politique biaisé, tracé au stabylo bien épais. Dommage car le récit est intéressant. C’est intéressant de suivre un homme qui a subi la violence du marché, devoir la faire subir à son tour aux autres lorsqu’il devient vigil de super-marché. On aurait pu raconter ça en gardant seulement une ou deux scènes fortes. Et le film aurait été mieux équilibré, plus proche de ce qu’il cherche à raconter : la réalité du monde du travail. Là quand même, ça manque cruellement de subtilité.

Après il y a encore un autre truc qui me gêne, c’est le final. Le film se termine lorsque Lindon décide d’abandonner son poste (visiblement) car il ne veut plus avoir à faire ça, il ne peut plus supporter ce métier. Ce qui fait de lui une sorte de héros moralement sauf. Trop bon, il décide de renoncer à un travail qu’il a mis des années à obtenir car son immoralité ne lui convient pas, l’air de nous dire : seul le marché est pourri, les gens sont bons, les travailleurs sont bons, regardez ! Oui bon…..sauf que dans la réalité, dans cette situation précaire, ton boulot tu le gardes.

Nous ne vieillirons pas ensemble
7.4

Nous ne vieillirons pas ensemble (1972)

1 h 50 min. Sortie : 3 mai 1972. Drame

Film de Maurice Pialat

-Alive- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Observer un couple plus défaillant que de raison, et être témoin d’une forme de maltraitance, sans faire peser une quelconque morale là-dessus, je trouve ça très fort. C’est fort parce que ce genre de situation a longtemps existé. Un couple dont tout le monde voit que ça va mal. Tout le monde sait que l’homme est ignoble avec sa femme. Personne n’échappe à ces petits comportements, à peine cachés. Les parents de Catherine eux-mêmes savent que leur fille prend deux-trois coups de temps en temps. Mais à l’époque, c’était comme ça, on ne s’en mêlait pas trop. Il y a aussi que Jean est un sale con avec Catherine, qu’il la traite comme de la merde, mais malgré ça, elle s’accroche à lui (dans un premier temps du moins) et à tout moment leur relation peut rebasculer vers de la tendresse et de l’amour. Du coup, on ne sait pas trop quoi faire de ça. Et ce genre de relation existe, j’ai moi-même un exemple similaire dans mon entourage. Bravo à Pialat d’avoir fait un film sur ce genre de réalité, qu’on n’ose rarement représenter à l’écran.

Les Minions 2 - Il était une fois Gru
5.6

Les Minions 2 - Il était une fois Gru (2022)

Minions: The Rise of Gru

1 h 27 min. Sortie : 6 juillet 2022 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Kyle Balda

-Alive- a mis 3/10.

Annotation :

Premier cinéma de ma fille, pour ses trois ans. Seul film accessible pour elle à ce moment-là. Le film était nul, c’était prévisible, mais ma fille a été ravie, donc c’est l’essentiel. J’ai vraiment rien à dire dessus, c’est une aventure excitée, hyperactive, aux gags complètement cons, une sorte de liquéfaction du cerveau. Un film qui use et abuse des références aux seventies. Quand on regarde ça, on saigne du nez tellement c’est débile. Moi je me demande surtout quand est-ce que les wokes vont intervenir, car bordel ! ya quand même toute une partie du film qui se passe à chinatown, avec une asiatique acupunctrice qui enseigne le kung fu aux minions. Plus cliché, tu meurs ! Vite vite, qu’on cancele ce film, qui bourre le crâne de nos enfants avec des idées réac. Non je déconne, je m’en bats les couilles en vrai. C’est marrant les blagues sur les chinois.

Yesterday
6

Yesterday (2019)

1 h 56 min. Sortie : 3 juillet 2019 (France). Musique, Comédie

Film de Danny Boyle

-Alive- a mis 5/10.

Annotation :

Le pitch est quand même ultra convenu. Je ne compte plus les comédies qui usent et abusent de ce genre de récit : la situation d’un type change, devient un “et si?” après un évènement pseudo-magique. Ici un blackout généralisé aboutit à un monde sans Beatles (mais pas seulement). Et le type va profiter et s’amuser de cette nouvelle situation avant de se rendre compte que c’était moralement pas bien. Mais bien que le pitch soit convenu, le début est plutôt intéressant, et la résolution finale aussi d’ailleurs. Par contre, ce qu’il y a entre, c’est éculé de chez éculé. La major américaine complètement tarée, la success story, l’histoire d’amour à coup de je-t’aime-moi-non-plus, le sidekick. C’est triste de voir Danny Boyle faire un tel enfilement de clichés cinématographiques, et aboutir finalement à un film qui ne dépasse jamais le gentil téléfilm du dimanche.

Séjour dans les monts Fuchun
7.1

Séjour dans les monts Fuchun (2020)

Chun jiang shui nuan

2 h 30 min. Sortie : 1 janvier 2020. Drame, Romance

Film de Gu Xiaogang

-Alive- a mis 8/10.

Annotation :

Ouais bon, je m’incline, c’était un très beau film. Un film qui tient entièrement sur son pari naturaliste. Pas naturaliste dans le sens “filmer la nature”, bien qu’il y ait un peu de ça. Mais naturaliste au sens Zolien du terme. Séjours dans les monts Fuchun raconte la vie d’une fratrie sur plusieurs saisons. Les multiples récits qui accompagnent cette fratrie sont des récits tout simples : les galères financières de l’un des frères, l’amour incompris d’une jeune fille dont la mère veut la marier avec un autre prétendant, la vie d’un couple mise entre parenthèse parce qu’ils ont dû quitter leur immeuble qui va être détruit, …et au départ de ces histoires il y a celle de la grand mère devenue sénile et dont il faut s’occuper. Bref, le film raconte des choses simples, mais qu’on se plaît à suivre pour plein de raisons. D’abord parce que c’est intéressant de voir à quoi ressemble la vie d’une famille chinoise. Pur intérêt culturel. Le film nous plonge au cœur de la vie chinoise, comme si son seul but était d’en dresser un tableau. Et je pense que c’est le cas. Ensuite parce que le film insuffle une ambiance, une mystique hypnotisante. La vie de cette famille et des habitants est intimement liée au fleuve Fuchun. La caméra flotte souvent sur l’environnement, auquel il laisse une grande place, si bien que l’environnement est indissociable des personnages qui y vivent. Il y a vraiment des tas de plans somptueux dans ce film, souvent des plans séquences qui dégagent quelque chose de très apaisant. À cela j’ajouterai que je trouve le film parfaitement rythmé. Il est flottant, naturaliste, apaisé, et pourtant jamais chiant. Il est d’une fluidité exemplaire, et je n’ai pas vu le temps passer.

Bad Dreams
6.3

Bad Dreams (2021)

Come True

1 h 45 min. Sortie : 1 juillet 2021 (France). Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Anthony Scott Burns

-Alive- a mis 5/10.

Annotation :

Bad Dreams me renvoie à ces nombreux films d’épouvante que j’ai vu en festival. À ces projets indépendants plein de bonnes intentions, mais qui ont du mal à offrir des projets solides et qui finissent souvent par tomber dans le gimmick creux. C’est exactement le problème ici. Le film a un picth de départ intéressant, une ambiance éthérée et nocturne qui fonctionne, et même certaines scènes de cauchemars tétanisantes. Mais plus le film avance, plus les failles du scénario se manifestent. Le film n’a pas grand-chose à raconter, pas grand-chose à donner au spectateur sinon des éléments épars qui ne suffisent pas à construire un bon film. Comme si les scénaristes avaient eu des débuts d’idées, puis s’étaient arrêtés là. L’impression que le film n’existe que pour une poignée de scènes, et qu’il a fallu greffer à cela un semblant d’histoire pour obtenir un long métrage.

Top Gun: Maverick
7

Top Gun: Maverick (2022)

2 h 11 min. Sortie : 25 mai 2022 (France). Action, Drame

Film de Joseph Kosinski

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Pour moi, cette dernière mouture de Top Gun a réussi l’exercice d’équilibriste le plus périlleux qui soit. Offrir une suite liée de manière cohérente au premier film, en y rattachant directement son enjeu principal. Tout en manifestant des clins d’œil très appuyés au premier film, sans pour autant être dans un simple resucé nostalgique. Et malgré ça, offrir à l’arrivée un film d’action meilleur que le premier, en empruntant sa formule à celle des Missions Impossible. Top Gun Maverick c’est donc un peu tout à la fois : c’est du doudou nostalgique mais pas trop, et c’est une suite logique mais qui fait neuf avec du vieux.

Ce qui rend le film efficace surtout, ce sont ces scènes de vol, et la manière dont le récit est construit. On est dans du pur film de casse, où l’on suit chaque étape de préparation d’une mission périlleuse. Comme dans les Missions Impossibles, la mission des aviateurs nous entraine dans des difficultés propres au domaine de l’aviation. Tom Cruise maîtrise vraiment son art, et sait offrir du vrai bon divertissement, prenant mais jamais stupide. Bref ! Du bon blockbuster, ça fait toujours du bien.

Énorme
5.9

Énorme (2020)

1 h 41 min. Sortie : 2 septembre 2020. Comédie

Film de Sophie Letourneur

-Alive- a mis 7/10.

Annotation :

Intéressant dans sa manière de faire de la comédie potache, en la confrontant à des interlocuteurs très réels. Les soignants du film ne sont pas des acteurs, ce sont de vrais professionnels, et ça se voit. Également le seul film à ma connaissance dans lequel on montre vraiment comment se passe un accompagnement de grossesse et un accouchement. Si bien que par moment, avec ma femme on commentait ce qui se passait à l’écran, puisque ça nous rappelait la naissance de nos filles. Le film ose donc le mariage audacieux entre comédie et documentaire, pour un résultat ma foi très plaisant.

L'Île au trésor
7.3

L'Île au trésor (2018)

1 h 37 min. Sortie : 4 juillet 2018.

Documentaire de Guillaume Brac

-Alive- a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Que Guillaume Brac fasse un tel documentaire, pour moi c’est une évidence. C’est même assez fou de voir combien il parvient à retrouver ici les formules de son cinéma, alors que ce qu’il filme est vrai. En posant sa caméra dans ce lieu de baignade, Brac arrive à retrouver tout ce qui fait le charme de son cinéma : les amourettes de vacances, les situations amusantes et parfois malaisantes, les jeunes dragueurs audacieux, le mélange entre les jeunes insouciants et les séniors, mais aussi d’autres figures liées à ce lieu comme ce vigile qui nous raconte son passé, ou bien ces deux gamins noirs qui occupent leur solitude dans un parc désormais vidé de ses vacanciers. Le film se balade sur le lac pendant une saison estivale complète, jusqu’à l’arrivée des premières pluies, et la fin des vacances, et nous fait entrer en contact avec des personnalités très diverses. La balade est plaisante. Entre joie et tristesse. Un objet finalement proche de ce que à quoi nous a habitué Brac. Pour moi, parmi ce qu’il a fait de mieux.

-Alive-

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