Visionnage // 2025
15 films
créée il y a environ 2 mois · modifiée il y a 13 joursToto le héros (1991)
1 h 31 min. Sortie : 19 juin 1991 (France). Comédie dramatique, Fantastique
Film de Jaco van Dormael
kotougouvfr a mis 4/10.
Annotation :
- La vie est un long fleuve de merde -
Le film n'est pas inintéressant à la base, mais souffre d'une mise en scène inégale et d'un dénouement que l'on voit venir à des kilomètres. Quelques bonnes idées sont parsemées ci et là, des séquences un peu sympa, mais ça ne va pas plus loin. On s'ennuie ferme.
Il faut aussi dire que cette relation entre Thomas et sa sœur m'a profondément dérangé. Rien n'a justifié ces séquences giga-malaisantes.
Fatima (2015)
1 h 19 min. Sortie : 7 octobre 2015. Drame
Film de Philippe Faucon et Fatma El Ayoubil
kotougouvfr a mis 8/10.
Annotation :
- Un sourire pudique vaut mille mots -
De nombreuses personnes ont reproché le "vide" du film. Le trouver vide, c'est minimiser ou ne pas comprendre le quotidien de ces femmes. Fatima, c'est la vie de milliers de mères. Fatima, c'est ta voisine, ta collègue, celle qui brique le sol avant que tu ramènes ton cul sur ton lieu de travail. Nul besoin de mise en scène complexe ni d’artifices pour dépeindre la beauté d’une mère dévouée envers ce qu’elle a de plus cher. Le film est assez court, c'est peut-être ici que le bât blesse. Rallonger de quelques séquences aurait permis de mieux cerner les personnages, mieux les comprendre et vivre avec eux d'avantages.
Mishima - Une vie en quatre chapitres (1985)
Mishima: A Life in Four Chapters
1 h 56 min. Sortie : 15 mai 1985 (France). Drame, Biopic
Film de Paul Schrader
kotougouvfr a mis 8/10.
Annotation :
- J'aime mon pays comme j'aime ma baguette : traditionnelle -
Mishima, ce boug est intense. Écrivain mystérieux, nationaliste, reconnu et célébré durant son vivant, tout se terminera de la plus spectaculaire des manières avec un Seppuku. Alors, nous voici devant ce film ambitieux qui ne manque pas d'astuces pour dépeindre cet homme complexe. Le film est découpé en quatre parties sur lesquelles on voyage à travers les pensées d'un Mishima obnubilé par son idéal politique et torturé dans ses pensées. Son esthétique et sa mise en scène, juxtaposant le passé, le présent et ses œuvres littéraires, offrent un résultat détonnant. Pour un biopic, il ne rentre jamais dans le pathos, ce qui est malheureusement souvent le cas dans ce style.
Twilight : Chapitre 1 - Fascination (2008)
Twilight
2 h 02 min. Sortie : 7 janvier 2009 (France). Drame, Fantastique, Romance
Film de Catherine Hardwicke
kotougouvfr a mis 2/10.
Annotation :
- La meuf est croque love d'une boule à facette -
Je ne vais pas cracher dans la soupe, comme bon nombre d'adolescent·es, j'ai été fan de Twilight. Pendant longtemps, j'ai refusé de le revoir, mais je me suis laissé tenter par une soirée entre filles "tu bois quand tu es cringe". J'ai sifflé des lignées de Gin Tonic comme c'est pas permis. Au-delà des effets spéciaux datés et de propos qui ont mal vieilli, Twilight, c'est chiant, ringard et c'est niais à en crever. La mise en scène est un enchaînement plat de champs / contrechamps avec cette teinte bleutée omniprésente qui donne des images sans saveurs. Les acteurs cabotinent à l'exception du père de Bella qui est le seul personnage à peu près sain dans tout ce gloubi-boulga d'abrutis.
Allez quelques points appréciables quand même : La musique, j'étais fan de Muse à l'époque où c'était encore écoutable. On note aussi que c'est le lancement de carrière de Robert Pattinson, un des meilleurs glow-up d'artistes de ces dernières années.
Twilight : Chapitre 2 - Tentation (2009)
The Twilight Saga: New Moon
2 h 10 min. Sortie : 18 novembre 2009 (France). Aventure, Drame, Fantastique
Film de Chris Weitz
kotougouvfr a mis 1/10.
Annotation :
- Je suis un loup Bella, tu comprends ? UN LOUP ! -
Edward quitte Bella, Bella déprime, Bella s'acoquine avec son ami Jacob, "je t'aime moi non plus", Bella tente de se suicider pour attirer l'attention d'Edward, Edward se dore littéralement la pilule en Italie, ils se retrouvent, il s'aime et ne se quitte : ça fera 2h10.
Shokuzai : Celles qui voulaient se souvenir (2013)
Shokuzai
2 h 01 min. Sortie : 29 mai 2013 (France). Drame
Film de Kiyoshi Kurosawa
kotougouvfr a mis 7/10.
Shokuzai : Celles qui voulaient oublier (2013)
Shokuzai
2 h 31 min. Sortie : 5 juin 2013 (France). Drame
Film de Kiyoshi Kurosawa
kotougouvfr a mis 7/10.
Annotation :
- Sempiternelle souffrance -
Quelle œuvre singulière. Cette série japonaise, regroupée en deux films d’un peu plus de deux heures de chaque, m’a transporté dans un tourbillon de désespoir. On reconnaît le style radical de Kiyoshi Kurosawa, froid et inamical. On assiste devant un ballet de personnages torturés par les accidents de la vie, condamnés à avoir le poids de culpabilité de la mort d'une jeune fille. Chaque épisode, chaque plan, chaque jeu d'acteurs, tout est fabriqué intelligemment. La première partie installe les événements, la seconde file au dénouement, avec un final mémorable à l'image du reste : déprimant.
The Substance (2024)
2 h 20 min. Sortie : 6 novembre 2024 (France). Drame, Épouvante-Horreur
Film de Coralie Fargeat
kotougouvfr a mis 4/10.
Annotation :
- Gollum, reine du bal -
Coralie Fargeat a un sens de l’esthétique certain, elle sait construire ses plans et elle a beaucoup de références cinématographiques. Ça s’arrête là. J’ai été sidéré par The Substance que j’ai vécu comme un calvaire. Non pas pour le body horror, mais pour le scénario qui tient sur un timbre-poste et les enchainements d’images toutes plus insipides les unes des autres.
Malgré 2h30 de film, tout va trop vite et tout s'enchaine On ne nous laisse jamais le temps de contempler les personnages plus de 5 minutes, si bien qu'au final, je n'en avais juste plus rien à foutre. En ce qui concerne le propos de la célébrité en perdition et en quête d’éternelle jeunesse, ça a déjà été fait des milliers de fois depuis les années 50 et ce film ne propose rien de nouveau. C’est téléphoné, bourré de cliché et pas subtil pour un sou. Je repense encore avec une certaine colère à ces séquences horriblement clichées : L'étoile de Hollywood qui se fissure, le ketchup qui se renverse et son parallèle claqué avec la fin, le salopard de producteur immonde filmé en gros plan qui bouffe ses crevettes, les bruitages, les gens qui repoussent le monstre en criant successivement "MONSTER" et "FREAKS"... J'aurais trouvé ce film cool s'il avait été fait dans les années 80, mais en 2024, c'est plus possible de traiter ce sujet de manière aussi grossière. In Fine, je l'ai vécu comme un long épisode de Black Mirror avec beaucoup de budget et beaucoup de branlette intellectuelle. C'est bas du front, idiot, c'est juste Coralie Fargeat qui te hurle dans les oreilles tout son manque de subtilité.
Tout n’est pas à jeter, Demi Moore est splendide, la musique est cool, graphiquement, c'est qualitatif, les décors et les effets spéciaux sont propres, mais selon moi, la beauté et le style ne suffisent malheureusement pas. Je ne m'attendais pas à grand-chose, mais certainement pas à une aussi grosse coquille vide.
Les Graines du figuier sauvage (2024)
Daneh Anjeer Moghadas
2 h 46 min. Sortie : 18 septembre 2024 (France). Drame
Film de Mohammad Rasoulof
kotougouvfr a mis 8/10.
Annotation :
- Femme, vie, liberté -
On sait aujourd’hui à quel point il est difficile de tourner des films en Iran. Celui-ci a été fait en totale clandestinité et pourtant, (presque) rien ne le laisse présager. Les plans sont construits, les acteurs sont d'une grande justesse et le film redouble d’astuces pour dépeindre un environnement cohérent et réaliste. On bascule alors de huis clos en huis clos, au plus près de l'intimité des personnages. On vit dans leur appartement, on sort dans leur voiture, on termine dans un village reculé et on assiste les bras ballant devant la descente aux enfers d’une famille iranienne ordinaire.
Le film brosse à peu près tous les sujets qui touchent l’Iran, entre le complot et la paranoïa, la répression et les peines de mort, mais le cœur du sujet sera la condition des femmes, avec pour point de départ la mort de Mahsa Amini. Cet événement provoquera de violentes manifestations dans tout le pays, qui seront réprimés avec force par le régime iranien. Le film mélange savamment fiction et réalité, en parsemant ci et là de vraies vidéos de personnes battues, ensanglantées et parfois mortes, gisant dans son sang. Ces vidéos font l’effet d’un uppercut. Le réalisateur choisit de nous envoyer la réalité en pleine face et nous n’avons pas le droit de détourner les yeux. Tout le film monte en tension jusqu’à cette fin mémorable. Une course poursuite dans un village en ruine, avec des bruits de pas affolés et la terreur des femmes comme seule musique. On ne prendra aucun plaisir regarder ce film, et ce n’est pas le but.
La Favorite (2018)
The Favourite
1 h 59 min. Sortie : 6 février 2019 (France). Historique, Drame, Comédie
Film de Yórgos Lánthimos
kotougouvfr a mis 6/10.
Annotation :
- Pose ce lapin, Abigail -
J'ai toujours un souci avec Yorgos Lanthimos. J'aime ne pas savoir où il va m'emmener, j'aime son sens de l'esthétisme et sa cruauté, j'aime sa manière de tordre ses personnages, mais au fond, je le trouve un tantinet prétentieux. J'éprouve beaucoup d'amour envers les films historiques et les drames à la sauce royale. Malgré ma répulsion pour tout ce qui s'approche de près ou de loin à la monarchie, j'adore voir ces immondes aristocrates poudrés se chamailler en robe de velours. J'en attendais peut-être un peu trop de La Favorite. Le triangle infernal que forme Coleman-Weisz-Stone est un délice à voir, mais il tourne rapidement en rond, si bien qu'on ne comprend plus très bien les motivations de chacune.
Les décors et les costumes sont magnifiques. Chaque plan fourmille de petits détails nous plongeant dans cet univers, comme si nous étions planqués derrière une tenture à regarder les complots se préparer. Lanthimos s'en amuse d'ailleurs en altérant tous ces artifices, il fait vomir ses personnages dans des vases, transforme le salon en course d'oie et humilie un type à poil, hilare de se prendre des oranges juteuses plein la gueule. Dans ce château où règne la puissance et l'argent, beigne des personnes tous plus cinglés des uns et des autres, n'aillant cure de la guerre qui frappe leur pays, privilégiant leur petit bonheur personnel. C'est du déjà-vu, mais ça reste plaisant.
Koyaanisqatsi (1983)
1 h 26 min. Sortie : 24 août 1983 (France). Expérimental
Documentaire de Godfrey Reggio
kotougouvfr a mis 9/10.
Annotation :
- Societer… -
Il y a beaucoup de choses à dire sur cette œuvre singulière, bien qu’il ne s’agisse « que » de successions d’images. Film contemplatif et expérimental, Koyaanisqtasi est un voyage au travers l’Amérique des années 80, de la beauté sauvage de ses paysages aux monstres tentaculaires que sont ses villes en développement. Ainsi, les hommes sont de petites fourmis, les lumières des gratte-ciel et des phares de voitures sont des circuits géants dans cette gigantesque machine qu’est le capitalisme. Sans voix-off ni scénario (enfin si, mais pas dans le sens conventionnel du terme), le film est un message universel que l’on peut comprendre à tout âge, en venant de n’importe quel horizon. Certains plans, en plus d’être très beaux, sont d’une grande technicité. La caméra se balade de lieux en lieux, elle s’approche, recule, tourne, plane. Enfin, il est impossible de mentionner Koyaanisqatsi sans parler de la bande originale intemporelle de Philip Glass. Les musiques s’enchainent et épousent l’écran, donnant un relief à chaque séquence et une tension croissante et décroissante au fil du temps.
Fanny et Alexandre : Version longue (1983)
Fanny och Alexander : Director's Cut
5 h 12 min. Sortie : 31 juillet 2019 (France). Drame
film de Ingmar Bergman
kotougouvfr a mis 9/10.
Annotation :
- Dans la joie et la douleur -
Fanny et Alexandre est sur ma watchlist depuis bien des années. J'ai été pendant longtemps freinée par la durée (version longue de 5h), mais je me suis lancée en le regardant comme une mini-série, à raison de 4 épisodes de quasi 1h30. Quel film incroyable.
Le film narre une gigantesque fresque familiale (et sociale) de la Suède à l’aube du XXe siècle. Les scènes se suivent, d’un Noël fastueux jusqu’au décès tragique du paternel, d’un beau-père violent et d’une mère sous emprise, sous l’œil d’Alexandre, qui sera notre guide. Fanny et Alexandre brosse tout un tas de sujets variés et complexes en y apportant une certaine philosophie. D’abord la famille, sujet central avec tout ce que cela évoque : L’amour, la jalousie, la fraternité, mais une famille soudée envers et contre tout. On retrouve aussi des réflexions sur la religion, ses excès et son hypocrisie par la figure du beau-père, évêque luthérien et tyrannique. Enfin, la place de la femme et des enfants au sein d’un système patriarcal auquel il est difficile de s’échapper, sauf en commettant l’irréparable.
Fanny et Alexandre est un savant mélange de séquences réalistes et de fantaisies - voire paranormales. Ces séquences s’alignent avec la toile de fond du film : le Théâtre. La mise en scène et tout ce qui la compose est organique. Comme au théâtre, les décors sont les mêmes. Ils disparaissent et réapparaissent et les personnages s’y déploient entre chaque scène. Profitons-en pour parler de cette mise en scène intelligente avec l’utilisation des hors-champs. La sensation d’être épié par les fantômes, les mains lourdes qui se posent sur une épaule, on ressent à chaque instant une présence qui nous frôle et nous fige.
C'est un film inter-générationnel, sensoriel et d'une beauté à couper le souffle.
Matins calmes à Séoul (2011)
Bukchonbanghyang
1 h 19 min. Sortie : 16 mai 2012 (France). Comédie dramatique
Film de Hong Sang-Soo
kotougouvfr a mis 6/10.
Annotation :
- Bières, clopes et solitude -
Matins calmes à Séoul est un film simple et la simplicité a parfois du bon. On suit les pérégrinations d’un ancien cinéaste dans sa balade au cœur de la capitale coréenne. Accompagné de ses deux ami·es, il picole et se noie dans ses pensées et dans sa mélancolie. Le film se déroule sur une temporalité qu'il est difficile de cerner. Est-il ici à Séoul depuis 24h ? Une semaine ? Au final, ce n'est pas important. Les jours se répètent et se ressemblent, mais on continue de s'accrocher aux petites choses de la vie.
Sans révolutionner quoi que ce soit, le film propose un regard plein de tendresse sur ses personnages. Je regrette peut-être le choix du noir et blanc qui n’apporte pas grand-chose. Des couleurs douces auraient pu apporter une autre dimension, un peu d’onirisme.
Shéhérazade (2018)
1 h 49 min. Sortie : 5 septembre 2018. Drame, Romance, Thriller
Film de Jean-Bernard Marlin
kotougouvfr a mis 8/10.
Annotation :
- La belle de Marseille -
Zac est un gars de 17 ans qui sort de prison, abandonné par sa mère, son foyer et la juge pour enfant. Sa vie bascule lorsqu’il rencontre Shéhérazade. Elle, c’est une prostituée qui partage un squat avec une personne transgenre, qui sera son (rare) appui dans cet enfer. Sur cette rencontre lors d’une passe, les deux personnages vont s’apprivoiser. Au détour d’un regard et de mains qui s’effleurent, l’amour naissant de deux êtres qui retrouvent un peu de tendresse au milieu du chaos. La caméra se fait petite et capte ces petits instants d’humanité. Terrible sort que cette fille à peine sortie de l’enfance, qui suce encore son pouce et qui n’a comme seule solution de vendre son corps pour survivre. En cela, le film n’est pas totalement une fiction, c’est une triste réalité qui se passe près de nous. Dans cette infernale tournante, on va s'approcher des compagnons d’infortunes, une seconde famille qui vient peu à peu remplacer celle du sang. Être dans un clan demandera de respecter un code d’honneur où il est interdit de balancer, car être une poucave, c’est le pire déshonneur. Pourtant, Zac préférera outrepasser cette règle pour sauver sa bien-aimée face à l’injustice.
Le film nous plonge dans cet univers sordide avec des plans magnifiques et des décors réalistes. Les deux gamins déambulent entre les rues étroites de Marseille et les couloirs inhospitaliers des institutions. La nuit venue, la lumière bave, elle ressemble à des néons. Tout semble irréel dans ce monde obscur. Les jours pourtant si ensoleillés de Marseille sont tristes. Certaines scènes provoquent une mise en tension du spectateur, je pense notamment à la scène du jugement au tribunal. La force du film est de nous narrer une histoire sans rentrer dans le pathos, nuls effets outranciers, seulement la froideur de la réalité. Le réalisateur filme ses personnages avec respect et leur donne tout le loisir de briller à chaque instant. Soulignons aussi que les acteur·ices ne sont pas des professionel·les du métier, et pourtant ils jouent si bien.
La Nuit du chasseur (1955)
The Night of the Hunter
1 h 32 min. Sortie : 11 mai 1956 (France). Drame, Thriller, Film noir
Film de Charles Laughton
kotougouvfr a mis 9/10.
Annotation :
- La main de Caïn -
La Nuit du Chasseur est sans aucun doute un des plus grands films noirs hollywoodien jamais réalisé.
Inspiré d’une histoire vraie, celle d’un tueur en série qui a sévi dans les années 50, nous suivons deux jeunes orphelins, entre les mains d’un monstre prêt à tout pour une poignée de billets. Ce monstre, un prêcheur du nom de Powell, charismatique et serein, réussira à séduire et tuer leurs mères, pour piquer du pognon. De son assurance (et de ses larmes de crocodile), Powell a le monde à ses pieds. Un homme de foi est un homme supérieur au commun des mortels, un intouchable, digne représentant de Dieu. Les femmes sont quant à elles de stupides pécheresses frivoles. Le film brosse tous les maux des États-Unis des années 30 (et d'aujourd'hui ?) : l’hypocrisie puritaine, l’alcoolisme et la pauvreté, obligeant des enfants abandonnés à leur sort à quémander pour des pommes de terre. Ces enfants, d’ailleurs, les seuls à ne pas perdre la face dans ce monde d’adultes dégénérés. Mutiques et courageux, ils sont les héros de cette tragédie.
Le film est assez court, mais c'est suffisant pour nous plonger dans un cauchemar sans fin. Le sentiment d’urgence est suffocant, poussé par la mise en tension constante de l’antagoniste qui poursuit ses proies. Avec sa démarche souple et détendue, sa voix mielleuse et ses bondieuseries, il en devient encore plus terrifiant. Son ombre plane (littéralement) tout du long, comme prêt à surgir face caméra. Il apparaît à la lueur de la nuit, derrière une porte ou sous un réverbère. Il est là, chantonnant tout près, rôdant.
La mise en scène du film ne s’interdit rien, puisant son inspiration dans l’expressionnisme allemand. Les plans sont construits avec un travail remarquable des lumières et des contrastes. Certaines séquences sont même plutôt novatrices, l’environnement est comme disséqué par des coupes sagittales, ressemblant à des maisons de poupées. Les objets du quotidien deviennent également des menaces, l'ombre d'une énorme poutre ou encore une ampoule qui vacille, personne n'est à l'abri.
Au final, les livres sacrés, c’est comme toutes les autres œuvres. On peut le lire sous tous les angles et en tirer les conclusions qui nous arrangent. Même si cela inclut de buter des gosses.