Vu ou revu en 2023

Annotation :

01/01 (Sélection Cinetek - Ca se fête - Ang Lee) : 2023 commence par un film qui donne très faim, tant les scènes de repas sont brillamment filmées. Sur le fond, c'est une belle histoire où un grand chef cuisinier, père veuf peu bavard montre ses sentiments à travers la cuisine qu'il offre à ses proches. C'est beau, mais ça pâtit malheureusement d'une caractérisation des personnages trop caricaturale et très américanisée qui enlève pas mal d'authenticité au film.

Annotation :

02/01 (Jim Jarmusch) : Découvert en salle à l'occasion d'une ressortie. Encore un très beau film de Jarmusch qui mélange habilement deux genres pourtant assez antinomiques : le film de samouraïs, avec ses codes, son bushido, et le film de guerre de gangs. La réalisation est assez inspirée (même s'il y a quelques maladresses pardonnables) et donne à l’œuvre un côté très poétique

Annotation :

03/01 (Jim Jarmusch) : Succession de courts-métrages forcément un peu inégaux, dont le point commun est que des personnages parlent autour de tasses de café en fumant des cigarettes. J'ai été un peu circonspect sur les premiers segments mais ça devient vraiment très bon dans la 2e partie (en particulier les segments avec Cate Blanchett, avec le Wu Tang Clan et Bill Murray et, surtout, celui avec Molina et Coogan). On retrouve tous les habitués de Jarmusch, c'est assez fun de voir les acteurs jouer des rôles tout en utilisant leur vrai nom et leur vrai background, et Jarmusch est excellent quand il s'agit de filmer les tables et les tasses de café.

Annotation :

03/01 (Lino Brocka) : J'avais plutôt apprécié Insiang de Brocka mais j'avais quand même eu pas mal de réserves. Je ne savais donc vraiment pas à quoi m'attendre en lançant Cain et Abel, édité en BR chez Carlotta à partir d'une copie visiblement proche de la mort (gondolée et parfois floue). Au final, ça donne un film très étonnant, mélangeant deux thématiques bibliques (Abel et Cain, forcément ça spoile un peu, et la parabole du fils prodigue) dans un contexte social philippin. Le résultat, c'est un mélange entre drame social et film d'action parfois un peu bourrin, et si j'ai mis quelques temps à pleinement rentrer dans le film, j'ai été conquis par la 2e partie, malgré quelques scènes peut être un peu trop appuyées.

Annotation :

04/01 (Jim Jarmusch) : Encore un très beau film de Jarmusch qui doit beaucoup à la présence monolithique mais pleine de nuances de Bill Murray dans le rôle principal. Une œuvre très mélancolique sur les occasions manquées.

Annotation :

09/01 (Julien Duvivier) : Premier film de Duvivier, vendu comme un western français dont je cherche encore les caractéristiques. A part un pistolero, ça ressemble à un melo avec une histoire de vengeance, en Corrèze.
Au final, j'ai trouvé un peu décevant, pas très agréable et un peu confus à suivre jusqu'à la fin. Heureusement que Duvivier sait déjà filmer (dans des conditions assez chaotiques si on lit ses interviews sur ce film) donc on a des belles images à se mettre sous les yeux.

Annotation :

11/01 (Andreï Konchalovsky) : Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un Konchalovsky. J'ai trouvé celui-ci assez touchant, on s'attache à ces malades livrés à eux-mêmes dans un environnement plongé dans une guerre qu'ils ne comprennent pas, leur spontanéité et naiveté fait plaisir à voir.
Mais globalement, j'ai l'impression que l'hôpital psy est un peu devenu un lieu commun au cinéma, que la mise en scène n'est pas la plus inspirée des films de Konchalovsky. Il manque un petit quelque chose. Cela dit, je n'ai pu le trouver qu'en VF et on sent clairement qu'on perd quelque chose, elle n'est pas de très grande qualité. A revoir un jour dans de meilleures conditions.

Annotation :

14/01 (Michael Mann) : Revu pour la première fois depuis mon adolescence et +1 sur la note. Si seulement plus de thrillers pouvaient ressembler à ça : Tom Cruise qui était encore un acteur et pas une marque, accompagné par un superbe Jamie Foxx, LA de nuit, des plans et un montage d'une précision redoutable, un rythme équilibré, une écriture juste et jamais trop manichéenne.

Annotation :

15/01 (Sortie 2022) : Grosse déception devant ce film qui n'aura pas d'autre fonction que celle de la sortie scolaire, pour montrer le rôle des tirailleurs sénégalais pendant la guerre. Pour le reste, l'écriture est trop timide et on ne sait pas si on doit condamner le traitement des sénégalais ou héroïser leurs actions, tout est très prévisible et la fin frise le ridicule. Sur la forme, c'est mou, en particulier durant les scènes de bataille. Omar Sy peine à convaincre en patriarche de tribu, mais son fils rattrape l'ensemble en étant plutôt convaincant. La musique de Desplats est d'une grande platitude, comme un grand nombre de ses dernières partitions. Bref, le sujet est passionnant, le traitement beaucoup moins.

Annotation :

15/01 : Un documentaire absolument passionnant, pas tant pour l'épopée Citroen (encore que, les mecs qui montent à 5200m dans l'Himalaya avec des bagnoles étaient des grands malades) que pour la cartographie du monde de 1930 qu'il permet de dresser pour le spectateur d'aujourd'hui. On y voit des choses absolument passionnantes, avec le regard un peu "supérieur" du français qui donne un ton particulier à l’œuvre. La traversée du moyen-orient et des montagnes est passionnante. Dommage que ça aille parfois un peu trop vite, surtout vers la fin.

Annotation :

15/01 (Ousmane Sembène) : Pas facile pour un européen de regarder le cinéma de Sembène (ou le cinéma d'auteur africain en général) tant il utilise des codes et des éléments narratifs différents de tout ce que nous sommes habitués à regarder (cinéma euro, us ou japonais). Ceddo a peu de moyens, une réalisation parfois un peu outrancièrement théâtrale (sur les scènes de duel notamment) et le film est un peu trop long avec des redites et des séquences très étirées. Mais c'est aussi un film passionnant, une fable hors du temps sur la conversion religieuse des peuples d'Afrique de l'Ouest au détriment de leur culture et de leur croyance, et sur le sort réservé aux opposants. En racontant l'histoire d'un village, Sembène raconte l'histoire de l'Afrique. Et en plus, le film est féministe, ce qui renforce son côté avant-gardiste.

Annotation :

16/01 : Film chinois intrigant et plutôt agréable à regarder malgré de nombreux petits défauts. Sur le fond, il y a un peu du "Nuages épars" de Mikio Naruse dans le synopsis, avant que ça bascule vers le thriller conventionnel. Le film ne raconte finalement pas grand chose en se perdant dans ses embranchements et cherche à masquer cela avec un montage éclaté. Sur la forme, c'est plutôt élégant quoiqu'un peu maniéré par moments. Les jeux de lumière, l'utilisation de la nuit, de la musique, donne un certain cachet au film.

Annotation :

16/01 (Sortie 2023) : Premier film détonnant qui raconte les affrontements entre fafs et jeunes de banlieue dans les années 80. Les deux gros points forts du film sont l'écriture et la mise en scène. L'écriture est toujours nuancée et évite tout manichéisme pourtant très facile sur un sujet comme celui-ci. Les personnages sont en colère, un peu perdus et on le sent parfaitement. Le film arrive à montrer avec beaucoup de justesse ce à quoi mène l'engrenage de la violence et la vengeance. Niveau mise en scène, c'est rythmé, plutôt joli malgré l'absence de moyens, la violence est retranscrite avec des scènes vraiment dures et le tout est parfaitement accompagné par une musique originale très réussie.

Annotation :

17/01 : La La Land ne vieillissait pas très bien dans mon esprit alors j'ai saisi l'opportunité de le revoir en salle pour me refaire un avis. Au final, j'ai vraiment du mal à être complètement enthousiaste sans pour autant détester le film.
Déjà, je trouve qu'il y a dans cette histoire des moments de grâce qui fonctionnent très bien sur moi. Cette histoire d'occasions manquées à cause de la poursuite d'un rêve est touchante, surtout qu'Emma Stone et Ryan Gosling s'en sortent bien dans la partie melo.
Par contre, j'ai été très déçu au revisionnage par le coeur du film, c'est à dire le côté comédie musicale. J'avais un grand souvenir de la première scène mais là, je l'ai trouvée bien chorégraphiée et orchestrée mais aussi très lourde. Lourde, dans le sens où j'avais l'impression que la caméra comme les protagonistes pesaient une tonne. Et ça s'est vérifié sur toutes les scènes où Chazelle voulait créer du mouvement. Les acteurs ont bossé mais ce ne sont pas des danseurs, donc c'est toujours un peu lourdauds, et la caméra est trop "visible", on la sent trop. Paradoxalement, Chazelle s'en sort beaucoup mieux quand il fait du simple champ-contre champ sur ses acteurs.
Bref, je ne serai jamais un grand adorateur du film même si j'en reconnais malgré tout les qualités. Et puis les gens ont l'air d'adorer, et j'aime autant que les gens adorent La La Land plutôt que d'autres trucs parfaitement oubliables.

Annotation :

19/01 (Sortie 2023) : Vu deux jours après avoir redécouvert La La Land, Babylon confirme que Chazelle ne manque pas d'idées et de talent mais manque clairement de subtilité et de finesse. Un film plein d'excès qui montre autant une fascination pour le cinéma qu'un dégout pour les excès hollywoodien, le propos est globalement passionnant et sans doute sincère. N'empêche que Chazelle use toujours des mêmes gimmicks de mise en scène (la caméra qui se retourne brusquement au lieu de faire un contrechamp, il faut arrêter maintenant), la musique est parfois un copié collé de celle de La La Land, les mouvements de caméra sur les plans séquences sont impressionnants mais beaucoup trop visibles (on a l'impression de voir la caméra se déplacer).
Quelques très belles scènes (le tournage du film de guerre médiévale, les premiers tournages parlants, Brad Pitt et la critique ciné...), mais c'est globalement lourdingue, Margot Robbie joue bien mais toujours le même rôle (elle rejoue littéralement une scène du dernier Tarantino), les 25 minutes avec Tobey Maguire sont totalement gratuites et inutiles, on se fait chier dessus par un éléphant.
Bref, Chazelle gagnerait à être un peu canalisé. Il a des choses à dire mais il faut arrêter de le laisser écrire ses films seuls et lui poser quelques limites dans la réalisation...
Ça reste quand même un bon moment dans l'ensemble et je suis content qu'un tel film existe.

Annotation :

20/01 : Revu en salle et +1 sur la note. Ce que fait Cocteau du mythe d'Orphée est fascinant, il parvient à en garder la substance tout en lui offrant un cadre plus contemporain. Les acteurs surjouent un peu mais transpirent le charisme (surtout Jean Marais bien sûr). Mais le plus impressionnant dans tout ça, c'est l'univers fantastique créé par Cocteau avec des effets très simples et très vrais, des gestes qui pourraient être ridicules mais qui paraissent très crédibles dans cet univers là. Un grand film de poète.

Annotation :

21/01 (Roger Corman) : Le "duo" Corman/Poe fonctionne encore très bien dans ce 2e opus mais j'espère que les 6 films suivants se renouvèlent un peu... En adaptant une courte nouvelle de Poe, Corman et Matheson ont brodé un scénario pour tenir 1h20 qui ressemble quand même beaucoup à celui de la Maison Usher. Il n'empêche que l'ambiance est encore une fois très travaillée, que les décors, pourtant faits de brics et de brocs, sont magnifiques, et que Vincent Price est toujours aussi convaincant en tant que noble torturé.

Annotation :

21/01 : Découverte tardive de ce classique de l'animation français. Un film aussi simple que bon, dans lequel Michel Ocelot donne vie aux légendes de l'Ouest Africain. C'est à la fois très enfantin et assez complexe pour être apprécié par un adulte, le dessin est sobre est beau, l'ensemble est très bien écrit.

Annotation :

22/01 (Sélection Cinetek - Paris - Jacques Becker) : Un Becker qui part des bandes parisiennes au début du XXe siècle pour aller vers une romance simple et touchante. Dans le genre films de malfrats par Becker, je l'ai préféré à Touchez pas au grisbi. L'ambiance est très travaillée dès les premières minutes, l'intrigue est bien écrite, les acteurs très bons avec en tête Simone Signoret qui occupe parfaitement le cadre pendant 1h30

Annotation :

22/01 (Ousmane Sembène) : Encore un film de Sembène qui partage les qualités des autres films que j'ai pu voir du même réalisateur. Une oeuvre pas toujours évidente à saisir pour le spectateur occidental même si celle-ci explicite davantage les enjeux à travers les dialogues ou les discours de Guelwaar. J'ai trouvé le film trop long et avec quelques défauts de rythme, mais une fois lancé, il montre bien toutes les spécificités et ambivalences de la société sénégalaise, tiraillée entre deux religions qui viennent de loin et prise dans l'étau occidental qui lui fait l’aumône avec l'aide alimentaire tout en entretenant un certain rapport de domination. Un film assez radical sur la volonté d'une émancipation africaine

Annotation :

22/01 (007) : Revu en salle dans le cadre de la rétro 007, et même appréciation que la dernière fois. Autant la scène sous-marine qui clôt le film est très sympa et originale pour l'époque, autant tout le reste est trop long voire un peu pénible.
Le rôle de Bond est au sommet de sa caricature, entre agressions sexuelles et chantage au sexe, avec des femmes assez loin de l'image d'Ursula Andress plus indépendante dans le premier volet. Il faut quand même dire que la James Bond girl française du film, jouée par Christine Auger, est magnifique !

Annotation :

23/01 (Pierre Schoendoerffer) : J'ai vraiment envie de mettre une meilleure note parce que c'est un très beau film fait avec de très bonnes intentions (énoncées notamment dans le mot de la fin prononcé par le réalisateur lui même). Il y a d'immenses qualités dans Dien Bien Phu, à commencer par l'ambiance générale qui s'en dégage : de vrais champs de bataille, du vrai matériel, de vraies explosion... Tout sonne vrai, sans grand effet. Le film réussit intelligemment à montrer la bravoure des soldats sans jamais les héroïser, à montrer successivement le quotidien sur le champ de bataille et dans une ville qui se vide progressivement de ses soldats. On sent que ça a été fait par quelqu'un qui connait son sujet.
Cela étant dit, j'ai du mal à passer outre d'importants défauts qui ternissent un peu l'ensemble : trop long, de gros soucis de rythme, de montage (certains plans magnifiques sont coupés au bout de 3 secondes), de narration (on hésite entre le docu et la fiction, avec des dialogues trop écrits ; la voix off du réalisateur qui contextualise chaque scène est assez pénible).
Un film passionnant d'un point de vue historique, mais j'ai quand même largement préféré la 317e section, réalisé presque 30 ans plus tôt.

Annotation :

24/01 (Sélection Cinetek - Paris - Wim Wenders) : Un Wenders assez étonnant, au scénario assez simple et pas forcément extrêmement lisible dans sa dernière scène. Mais le réalisateur arrive à créer une ambiance qui donne au film tout son cachet : la réalisation est très soignée, les acteurs principaux sont très bons (notamment D. Hopper dans le rôle de Ripley) avec quelques prestigieux guests. Un polar somme tout assez classique en apparence mais sublimé par le travail de Wenders et son équipe.

Annotation :

25/01 (Sortie 2023) : Sentiment mitigé au lendemain du visionnage de ce film qui semble avoir été fait avant tout pour filer des prix à Cate Blanchett. En même temps, rien à dire, elle est absolument sublime du début à la fin, dans tous les rôles, dans toutes ses scènes, et parfaitement mise en valeur par la mise en scène en plans fixes de Todd Field.
Globalement, j'ai passé un bon moment, une histoire assez ambigue pour laisser le spectateur se faire son propre avis sur le sort réservé au personnage principal, des tunnels de dialogue assez sympa à suivre si on a quelque attirance pour la musique classique (sinon, c'est sans doute un peu pénible), une réalisation soignée et qui laisse beaucoup de place aux personnages.
Mais il n'empêche que beaucoup d'intrigues secondaires sont de trop et que le film aurait pu durer 1h50 sans aucune difficulté, la fin bascule un peu dans une surenchère dispensable et mine de rien (je n'arrive pas à me sortir ça de la tête), ça reste un film qui semble n'avoir été fait que pour filer des prix à Cate Blanchett...

Annotation :

26/01 (Woody Allen) : Film plaisant mais assez quelconque au départ, il devient vraiment agréable à suivre à partir du moment où Cheets prend plus de place dans le récit. Comédie très divertissante qui parle du statut d'artiste avec toute la légèreté nécessaire pour ne pas rendre le film indigeste.

Annotation :

29/01 (Sélection Cinetek - Paris - Eric Rohmer) : Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de Rohmer et ces Nuits de la pleine lune m'a rappelé ce que j'apprécie chez ce réalisateur : une ambiance, des dialogues, des acteurs et actrices, un désir de liberté et de libération

Annotation :

29/01 (Sélection Cinetek - Paris - Louis Malle) : J'apprécie l'intention, cette volonté de faire un grand film bordélique où enfants et adultes se rejoignent dans une sorte de totale irresponsabilité. Le style mêlant du Tati et du cinéma muet des années 20 US est assez étonnant, surtout pour un Louis Malle. Cela étant dit, j'ai eu du mal à accrocher passées les 20 premières minutes, à l'exception de quelques scènes.

Annotation :

30/01 (Davy Chou) : L'histoire de jeunes cambodgiens qui regardent vers leur avenir. C'est intéressant mais un peu brouillon, malgré quelques scènes qui fonctionnent (trop peu sur 20 minutes)

Annotation :

30/01 (Davy Chou) : Une femme traverse un ancien cinéma devenu un squat, dans une ambiance sonore très sensorielle et étrange. C'est très joli, fait à partir de rushes d'un documentaire, mais ça aurait gagné à durer quelques minutes de plus avec un basculement dans l'étrange plus marqué.

Annotation :

30/01 (Davy Chou) : Un joli court métrage de vacances réalisé par un jeune Davy Chou