Wertkritik

Annotation :

Les Aventures de la marchandise constitue, à mon avis, l'ouvrage clé du courant de la critique de la valeur. Contrairement aux écrits de Kurz (qui semble parfois volontairement forcer le trait), c'est un ouvrage qui ne rebute pas par son jargon. Cela n'empêche qu'on y retrouve en substance l'apport théorique de la critique de la valeur.

Sa lecture doit aller de paire avec celle de la Société autophage, qui vient compléter les analyses essentiellement économiques des Aventures de la marchandise d'une analyse particulièrement intéressante de la forme-sujet.

Annotation :

Voilà un ouvrage qui m'aura fait mentir sur Kurz, visiblement très capable d'écrire un essai clair, intéressant et sans jargon. Cet essai clarifie surtout grandement la notion de limite interne au capitalisme (bien plus que la Substance du capital, dont c'est pourtant l'objet).

Annotation :

Sa lecture fait double emploi avec TTDS (non, ce n'est pas un album de Taylor Swift) mais pour ceux qui ne l'ont pas lu, c'est une bonne manière de découvrir de la thèse de Postone.

Le recueil n'est pas forcément le plus pertinent, cela dit. Une fois qu'on a lu les deux ou trois premiers articles, le reste n'apporte plus grand-chose (Postone est maître dans l'art de dire différemment les mêmes choses - il devait être un bon prof). Les entretiens de la fin sont assez intéressants donc ça vaut le coup d'y jeter un œil avant de poser le livre.

Annotation :

Collection d'essais, plus ou moins courts, d'intérêt hétérogène. La première partie constitue une bonne introduction - simple et synthétique - des thèses de la critique de la valeur. La seconde partie contient quelques essais intéressants : les travaux sur William Morris en font partie, ainsi que le dernier essai sur la question des enfants et de l'enfance, qui fait fortement écho aux analyses développés par l'auteur dans La société autophage.

Annotation :

Si Postone n'appartient pas à proprement parler au courant de la Wertkritik, les thèses qu'il développe le rapproche considérablement de ce courant, même s'il existe entre eux des différences qu'il ne faut à mon avis pas minimiser.

Postone, dans son œuvre majeure, présente l'avantage indéniable de s'adresser à un public plus large que Robert Kurz (tant le style jargonnant de celui-ci peut dissuader de s’intéresser à ses idées) : le style est bien plus accessible, la construction de l'ouvrage se veut pédagogue (la répétition étant la meilleure manière de se faire comprendre visiblement).

Toutefois, si Temps, travail et domination sociale peut constituer une bonne première approche des thèses qui rapprochent Postone et la critique de la valeur au sens strict, l'ouvrage est déroutant - si ce n'est décevant - par ses conclusions. Après avoir passé presque 500 pages à critiquer durement le marxisme traditionnel, en pointer les failles théoriques et proposer une approche soi-disant radicale et complètement novatrice, Postone finit tout simplement par proposer des solutions qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à celle dudit marxisme traditionnel !

Le tout sous couvert d'une lecture de Marx que lui seul aurait bien compris, les autres avant lui s'étant fourvoyés. La critique de la valeur (Anselm Jappe en particulier) a au moins un mérite qui est celui de faire l'effort de remplacer leur critique dans son contexte et de montrer en quoi leur critique radicale est consubstantielle à l'état actuel du capitalisme, ce qui rendait une telle critique improbable auparavant.

Annotation :

La question soulevée par les textes qui sont ici réunis est intéressante : que garder de la philosophie des Lumières, dès lors que ses concepts et la manière de penser qu'elle implique sont historiquement consubstantiels au capitalisme ?

Facile de rester sur sa faim, puisque si l'hypothèse de Kurz est a priori convaincante, il ne s'encombre que de très peu de réflexions sur l'avant ou même sur l'après-pensée des Lumières. D'autant plus que quand on aborde le cœur du sujet, soit la question de savoir quoi sauver de la pensée des Lumières ou comment savoir ce qui peut l'être sans renoncer à son projet émancipateur, Kurz se défile, préférant verser dans l'ironie pour masquer son refus (ou son incapacité) de penser positivement (constructivement) l'émancipation qu'il s'échine pourtant à défendre.