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Wim Wenders - Commentaires

Les deux films magnifiques qu’il a signé au cœur des années 80 me suffisent pour considérer Wenders comme un grand auteur, un poète doté d’un exceptionnel sens de la composition plastique et d’une sensibilité au moins égale. Il a composé une œuvre d’une grande richesse autour du dialogue entre les ...

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15 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a environ 2 ans
Alice dans les villes
7.7

Alice dans les villes (1974)

Alice in den Städten

1 h 50 min. Sortie : 25 mai 1977 (France). Drame, Road movie

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Wenders affirme son goût pour le vagabondage et la contemplation avec le périple tendre et naïf d’un journaliste un peu paumé, dont le voyage aux États-Unis s’est achevé dans une certaine confusion professionnelle et intellectuelle, et d’une fillette de neuf ans pour laquelle il se prend d’affection. Réunis par le hasard, ils vont de New York à Amsterdam puis errent dans la Ruhr, peut-être en quête d’une réalité dont les conditions de perception échappent à l’adulte en proie au doute. Composant une recherche de l’identité allemande à travers les traces de la culture américaine (rock, cinéma, images de Polaroïd), le cinéaste trace une quête tout à la fois géographique, identitaire et intérieure, qui séduit autant par son originalité de ton que par sa chaleur tranquille et son rythme indolent.

Faux mouvement
6.3

Faux mouvement (1975)

Falsche Bewegung

1 h 43 min. Sortie : 22 octobre 1975 (France). Drame, Road movie

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Deuxième volet du triptyque consacré au mal-être de l’Allemagne des années 70. Plus littéraire que les autres, parfois lesté d’un certain verbiage métaphysique, il agit à l’image de ses protagonistes, réunis par hasard dans une équipée erratique sur les routes de la RFA : en larguant les amarres et en fuyant toute cimentation narrative. Entre haltes et promenades, des rives du Rhin aux faubourgs crépusculaires de Bonn, le road movie développe une réflexion quelque peu ésotérique sur la crise identitaire d’un pays, d’une époque, d’êtres velléitaires et sans idéaux tentés par l’engloutissement. Son attrait naît de sa plastique travaillée, du charme d’Hannah Schygulla et de la toute jeune Nastassja Kinski, d’une forme de poésie du désarroi faite d’humour laconique, de nonchalance et de mélancolie.

Au fil du temps
7.4

Au fil du temps (1976)

Im Lauf der Zeit

2 h 55 min. Sortie : 14 mars 2018 (France). Comédie dramatique, Road movie

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un projectionniste itinérant, qui promène son mutisme souriant le long de l’Elbe, dans les décombres du cinéma allemand, rencontre un homme venant de quitter son épouse. Ils sympathisent et transforment leurs solitudes au fil du voyage, "on the road again". Il faut à Wenders du temps, de la lenteur, des coups de mou et d’étonnants pieds-de-nez à la bienséance (la défécation en live de Rüdiger Vogler !) pour appréhender la nonchalance de ses personnages et la respiration particulière de leur parcours. C’est une fois de plus l’empreinte du cinéma américain qui se dessine derrière ces paysages immenses comme les étendues de l’Arizona, dans l’apologie d’un rêve de liberté rythmé par quelques standards du rock, et dans une perspective de fuite qui raccorde à tout un nouveau romantisme cool.

L'Ami américain
7.2

L'Ami américain (1977)

Der amerikanische Freund

2 h 08 min. Sortie : 28 septembre 1977 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Adaptant un roman de Patricia Highsmith, faisant appel à une galerie de figures cinéphiles (Hopper, Fuller, Eustache, Ray…), Wenders intègre à une fiction policière ambiguë ses propres conceptions du lyrisme et ses obsessions caractéristiques, en un film à la frontière du pastiche mais jamais parodique, qui se double d’une pénétrante réflexion sur la solitude et la mort. Un peu à la manière d’un Melville, il démonte les conventions du genre noir, délaissé par ceux de sa génération, et met en scène de pauvres loques, des cadavres en sursis qui essaient tant bien que mal, avec une dérision désespérée, de dominer leur angoisse existentielle. Le privilège accordé à l’aube et au crépuscule, les dominantes brune et rouge, le jeu avec les horizontales et verticales du décor en font une œuvre assez singulière.

Hammett
6.5

Hammett (1982)

1 h 37 min. Sortie : 9 juin 1982 (France). Policier, Drame

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Du cinéma de luxe, réglé au quart de réplique près, sans un défaut qui traîne des pardessus, des chapeaux feutres ou du savant clair-obscur des plateaux des Zoetrope Studios. Voici donc le romancier Hammett embringué dans une enquête filandreuse à Chinatown, avec toutes les conventions du film noir au rendez-vous : poulettes amoureuses et flics ripoux, notables corrompus et chefs de gang tirés à quatre épingles, mœurs crapuleuses et dessous nauséabonds. Double fond, duel entre fiction et réalité, règne exclusif de l’écriture, du cliché et du mensonge. Wenders a beau jouer honnêtement le jeu du suspense et de la stylisation "à la manière de", son regard lent semble se promener sur des ectoplasmes et creuser quelque chose qui ressemble à du vide. L’exercice de style a de la gueule, mais guère plus.

L'État des choses
7

L'État des choses (1982)

Der Stand der Dinge

2 h 10 min. Sortie : 20 octobre 1982. Drame

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Parce qu’il a été réalisé dans un état de déprime, alors que le tournage américain de "Hammett" était interrompu, on pourrait voir dans ce film de vacance et d’attente un règlement de comptes avec Hollywood, un amer constat de la mort du septième art. Fausse route. Wenders l’a créé pour clamer l’espoir que son expression reste un moyen de subsistance immuable. Où vais-je, où vont ma vie, mes aspirations, mon moi ? De quelles réalités est faite l’existence des gens de cinéma lorsqu’ils sont privés de fiction ? La réponse est pathétique : ils vivent par procuration, enfermés dans un hôtel bunker tel un navire échoué, abandonnés au bord du vide, gagnés par le silence et le désarroi. Égotique, contemplative, plastiquement composée par Alekan, l’œuvre exerce une fascination réelle mais intermittente.

Paris, Texas
8

Paris, Texas (1984)

2 h 25 min. Sortie : 19 septembre 1984 (France). Drame, Road movie

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Comment raconter une histoire, puiser dans la légende américaine et la mémoire cinéphilique (mélodrame, western, comédie), l’essence même d’une méditation sur leur mythologie ? C’est la question qui anime Wenders tout au long d’une sublime quête de paternité, d’un suspense sentimental touché par la grâce. Dès les premières images, avec les notes lancinantes et suspendues de Ry Cooder, qui donnent l’impression que le film a été tourné avec une caméra et une guitare, l’envoûtement est total et l’émotion absolue. Étourdissant de pudeur et de maîtrise, frémissant de sensibilité et de délicatesse, ce road-movie est gravé dans un décor de béton, de sable et de néons, hanté par la peur de l’immobilité, de l’échec et de l’incommunicabilité, par le besoin vital de rencontres, de rapprochements, d’échanges. C’est ce que l’on appelle communément un chef-d’œuvre.
Top 10 Année 1984 :
http://lc.cx/UVv

Tokyo-Ga
7.1

Tokyo-Ga (1985)

1 h 32 min. Sortie : 20 novembre 1985 (France). Cinéma

Documentaire de Wim Wenders

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Rassemblant un ensemble d’éléments épars tournés au gré de ses déambulations dans la capitale japonaise, Wenders érige une sorte de "tombeau d’Ozu" enchâssé entre deux séquences de "Voyage à Tokyo". Il promène dans des salles de Pachinko, des stands d’entraînement de golf situés sur les toits d’immeubles, des cimetières où les enfants jouent au base-ball et des squares où des adolescents dansent le rock. Il dit surtout la proximité familière avec le grand cinéaste nippon, qui à force de raconter les mêmes histoires simples des mêmes gens dans la même ville, a conçu une œuvre transparente et universelle. On aimerait toutefois se sentir plus concerné par ces légers croquis, cette intimité faite d’idées et de sensations un peu plates, quand bien même on y ressent les flux et reflux d’un maelstrom personnel.

Les Ailes du désir
7.6

Les Ailes du désir (1987)

Der Himmel über Berlin

2 h 10 min. Sortie : 23 septembre 1987. Drame, Romance, Fantastique

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Englués dans un mal-être qui les taraude, les Berlinois reçoivent la visite de deux messagers célestes porteurs d’une lumière différente et soucieux de leur apporter chaleur et réconfort. Authentique poète renouant avec l’âge d’or de l’expressionnisme, Wenders se fait ici le témoin de la crise des valeurs, de la confusion des sentiments, des mutations du monde contemporain. La puissance évocatrice du texte de Handke, la beauté contrastée des images d’Alekan font de cette fable allégorique et spirituelle aux accents métaphysiques un véritable hymne à la vie, qui transfigure le désenchantement de son tableau social (terrains vagues, artères lugubres, bunkers constellés de graffitis et bibliothèque-nécropole) par le fragile espoir de renouveau qu’il exprime à chaque instant. Un véritable état de grâce.
Top 10 Année 1987 :
http://lc.cx/UVy

Jusqu'au bout du monde
7

Jusqu'au bout du monde (1991)

Bis ans Ende der Welt

2 h 38 min. Sortie : 23 octobre 1991 (France). Action, Drame, Science-fiction

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Film-fleuve de près de trois heures, où Wenders s’essaie à l’anticipation et brasse, avec un goût affiché du serial feuilletonnesque d’autrefois, anticipation technologique, obscures histoires d’espionnage et intrigues amoureuses, le long d’un gigantesque périple autour du monde. Vaut-il mieux vivre ses rêves ou rêver sa vie ? Fructueuse et stimulante question, à laquelle le cinéaste ne répond pas tout à fait, un peu empêtré dans des images mentales étonnantes mais qui embarrassent sa pensée sans doute plus qu’elles ne la portent. Le récit et le propos sont ambitieux, le résultat n’est pas complètement à leur hauteur, quand bien même la méditation sur le péril nucléaire, le pouvoir des images et la morne vacuité des songes dans l’univers actuel manie de captivantes problématiques.

Si loin, si proche !
6.5

Si loin, si proche ! (1993)

In weiter Ferne, so nah!

2 h 24 min. Sortie : 1 septembre 1993 (France). Drame, Fantastique, Romance

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

En réalisant une suite aux "Ailes du Désir", quatre ans après la chute du mur de Berlin, Wenders dresse un nouvel état des lieux de l’Europe contemporaine et spécule sur les contradictions goethéennes de l’"Heimat" retrouvé. Mais ses anges ont pris du plomb dans les plumes, l’évocation de l’Histoire allemande et des pouvoirs nocifs de la pornographie assimilée au trafic d’armes se noie dans une complexité affectée, et le message simpliste au ton sentencieux frise parfois le cocktail à l’ammoniaque. Cette naïveté s’inscrit cependant dans la perspective plus large d’une réflexion sur le regard, suscitant de réels moments de beauté lorsque le cinéaste sollicite la toujours divine Nastassja, le ténébreux Willem, le facétieux Peter, ou lorsqu’il retrouve l’invention du muet authentique, du serial et des origines foraines.

Lisbonne Story
7

Lisbonne Story (1994)

Lisbon Story

1 h 40 min. Sortie : 6 juillet 1995 (France). Comédie, Drame, Musique

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Douze ans auparavant, Wenders était au Portugal pour ausculter l’état des choses ; déjà celles-ci étaient mal en point et l’impuissance généralisée. En tirant le portrait de Lisbonne, il effectue un retour symbolique, revient sur son cinéma pour réfléchir à son devenir et tenter de proposer un bilan de cent ans d’images. En résulte une fable à la fois épurée et curieusement tarabiscotée sur le septième art, le son, les aléas d’une quête intérieure, qui semble vouloir répondre à l’inquiétude contemporaine en introduisant dans la technique l’incertitude, l’amateurisme, le tour de main. Et si le film ne souffre pas trop de sa péroraison pataude, c’est sans doute parce que son discours, qu’on sent venir de loin, arrive quand persiste encore un sentiment de détachement léger qui fait plus aisément passer la pilule théorique.

Buena Vista Social Club
7.4

Buena Vista Social Club (1999)

1 h 45 min. Sortie : 14 juin 1999. Musique

Documentaire de Wim Wenders

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Pour un disque devenu un hit, Ry Cooder avait fait sortir de l’ombre ces figures légendaires de la culture cubaine, ces "super abuelos" sémillants et facétieux, pauvres et cultivés. Deux ans plus tard, Wenders filme leur rencontre, quelques concerts et enregistrements en studio, en un rendez-vous qui donne une dernière chance d’interroger l’Histoire. L’utilisation de la vidéo écrase les couleurs de La Havane d’un grain oscillant entre la perle, le béton et le plomb, mais d’où émergent le marron ensoleillé de la terre et des murs, le bleu délavé d’une carrosserie antique ou les tons électriques d’un palais sans objet. Et si le cinéaste se contente de capter les artistes d’un œil bienveillant, il introduit chacun par un mouvement tourbillonnant de révérence qui donne à la musique assez de force pour s’échapper.

Don't Come Knocking
6.6

Don't Come Knocking (2005)

2 h 02 min. Sortie : 12 octobre 2005 (France). Drame

Film de Wim Wenders

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Réunis vingt ans leur inoubliable "Paris, Texas", Wenders et son scénariste (ici acteur principal) Sam Shepard retrouvent tout naturellement leur prédilection pour l’errance, la fuite des jours, la paternité, le remords et les regrets. Mais cette fois le récit de disparitions s’avère pittoresque, burlesque, plein de portraits bariolés, et la séduction de l’impossible retour dessine une quête du temps perdu bien plus enjouée que mélancolique. Encadrant la mise en abîme du passé professionnel du héros dans celle du réalisateur lui-même, la chronique, qui baigne dans les grands espaces magnifiques de l’Ouest, transpire un bel amour du cinéma et affirme, autour d’une ronde de personnages à la fois doux et tourmentés, de belles convictions utopistes. Un film mineur mais vraiment attachant.

Le Sel de la terre
7.8

Le Sel de la terre (2014)

The Salt of the Earth

1 h 50 min. Sortie : 15 octobre 2014. Portrait, Photographie

Documentaire de Juliano Ribeiro Salgado et Wim Wenders

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

C’est en admirateur respectueux que le cinéaste rend hommage au travail de Sebastião Salgado, qui a choisi la voie écologique après avoir relaté certains évènements majeurs de l’histoire moderne. Du ventre ouvert du Brésil, déversant des milliers de chercheurs d’or, aux territoires reculés des Andes, des insoutenables images de la famine au Sahel aux exactions du génocide rwandais, des champs pétrolifères enflammés du Koweït à l’éden préservé d’une forêt équatoriale, les clichés de l’artiste subjuguent. Wenders en restitue la terrible beauté, exalte leur poésie de paradis et d’enfer, éclaire sobrement la bouleversante détresse humaine qui les habite. Et si l’on peut s’interroger sur son absence de remise en perspective, rien ne peut entraver la force émotionnelle de ce très beau documentaire.
Top 10 Année 2014 :
http://lc.cx/zse

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