Words (2020)
(Je n'inclus pas ici les nombreuses relectures pour l'agrégation d'œuvres déjà présentes dans ma liste de 2019.)
2019 : https://www.senscritique.com/liste/Words_2019/2336816
2018 : https://www.senscritique.com/liste/Words_2018/1960673
2017 ...
53 livres
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a presque 4 ansAspremont (1190)
Chanson de geste du XIIe siècle
Sortie : 1190.
livre
Paul_ a mis 4/10.
Annotation :
Agrégation de lettres modernes 2020
Chanson de geste du XIIème siècle : tout est dit. Un texte de propagande anonyme, composé en Sicile pendant les préparatifs de la troisième croisade, faisant le récit d'une expédition fictive de Charlemagne contre l'ennemi sarrasin afin d'exalter l'image d'une chrétienté unie. Donc des préoccupations d'un autre temps mais surtout une esthétique fondée sur la répétition avec des laisses (strophes) reprenant systématiquement le fil de la précédente, ce qui donne une sensation de surplace narratif assez déroutante pour le lecteur contemporain. Même du point de vue de la description des combats, il y a de quoi rester sur sa faim : la chanson de Roland, dont l'auteur d'Aspremont s'est semble-t-il fortement inspiré, paraît au moins fournir un peu plus de matière épique.
Le cœur est un chasseur solitaire (1940)
(traduction Marie-Madeleine Fayet)
The Heart Is a Lonely Hunter
Sortie : 1947 (France). Roman
livre de Carson McCullers
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Agrégation de lettres modernes 2020
Le titre, l'âge de l'autrice au moment de sa rédaction, la peinture d'âmes esseulées dans une petite ville du sud des États-Unis font naturellement espérer un grand roman américain à la Faulkner ou à la Harper Lee. McCullers coche en effet toutes les cases : l'alternance des points de vue, les tensions sociales et raciales ou encore le mutisme de ses figures (jusqu'au sens propre : Singer, personnage central du récit autour duquel gravitent tous les autres, est sourd-muet). Pourtant il me semble qu'on est loin de la densité narrative qu'atteignent les auteurs sus-cités : les personnages bien que vaguement attachants demeurent flous, inconsistants, encore trop baignés dans la nébulosité de l'intellect, comme si la romancière s'était contentée de tracer leurs contours sans en colorier l'intérieur. Le style un peu quelconque – la traduction ne doit pas aider – participe de cette impression. Reste une certaine mélancolie, à l'image du « Café de New York » que son propriétaire tient à laisser ouvert toute la nuit, qui peut évoquer l'ambiance des tableaux de Hopper.
Les Caractères (1688)
Sortie : 1688 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie
livre de Jean de La Bruyère
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Agrégation de lettres modernes 2020
Les Caractères sont d'abord une curiosité éditoriale : après une première publication remarquée, ce véritable livre-monstre ne cessera d'enfler au fil des ajouts successifs de son auteur, passant de 420 remarques à 1120 dans sa neuvième édition posthume ! Car en s'inspirant des « caractères » du philosophe grec Théophraste, La Bruyère, partisan des Anciens dans la fameuse querelle avec les Modernes, trouve une forme toute privilégiée pour peindre les mœurs de son siècle. Mais loin de simplement recycler la typologie des travers moraux à laquelle s'était livré son aîné (l'Hypocrite, le Flatteur, le Bavard...), le moraliste n'assigne pas de style figé à son caractère : à l'inverse d'un La Rochefoucauld qui publie ses Maximes quelques années avant lui, il n'hésite pas à méconnaître le principe d'unité en faisant varier la longueur de ses réflexions en fonction de leur nature (« on pense les choses d'une manière différente, et on les explique par un tour tout aussi différent »). Alors, pas si classique, La Bruyère ? Pour Barthes, c'est cette conscience supérieure de la forme, qu'il appelle « responsabilité de l'écriture », qui le distingue de ses contemporains et fait même de lui « le premier des modernes ».
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« Est-ce un bien pour l'homme que la liberté, si elle peut être trop grande et trop étendue, telle enfin qu'elle ne serve qu'à lui faire désirer quelque chose, qui est d'avoir moins de liberté ?
La liberté n'est pas oisiveté, c'est un usage libre du temps, c'est le choix du travail et de l'exercice : être libre en un mot n'est pas ne rien faire ; c'est être seul arbitre de ce qu'on fait ou de ce qu'on ne fait point : quel bien en ce sens que la liberté ! »
Et le caractère favori de Proust, cité de mémoire par Charlus quelque part dans La Recherche :
« Être avec des gens qu’on aime, cela suffit ; rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. »
Du monde entier (1924)
Sortie : 1924 (France). Poésie
livre de Blaise Cendrars
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Recueil de poèmes écrits entre 1912 et 1924 qui vaut surtout pour « Les Pâques à New-York » et la célèbre « Prose du Transsibérien ». Cendrars et Apollinaire se sont mutuellement influencés et on retrouvera dans Alcools, paru en 1913, ces vers en forme d'« images-associations » ainsi que l'absence de ponctuation.
Vies minuscules (1984)
Sortie : 2 février 1984 (France). Récit
livre de Pierre Michon
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Il me semble que c'est Blanchot qui disait que pour un écrivain en panne, la meilleure façon d'écrire reste encore d'écrire sur son incapacité à écrire. Les plus belles pages du récit (recueil de nouvelles ? autobiographie ? autofiction ?) de Michon me paraissent justement être celles où il dissèque son marasme : passées les deux-trois premières « vies » sur des ancêtres plus ou moins lointains, le temps de s'accoutumer à cet encombrant arsenal stylistique au parfum un peu rance de Huysmans (imparfait du subjonctif, adjectifs substantivés et points-virgules à gogo), le ton se fait plus naturel dès lors que l'auteur se met à parler de lui et on peut enfin goûter la beauté de cette langue en voie de disparition, évidemment le seul et véritable sujet du livre.
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« Je convoquais des lieux invisibles et nommés. Je découvrais les livres, où l'on peut s'ensevelir aussi bien que sous les jupes triomphales du ciel. J'apprenais que le ciel et les livres font mal et séduisent. Loin des jeux serviles, je découvrais qu'on peut ne pas mimer le monde, n'y intervenir point, du coin de l'oeil le regarder se faire et défaire, et dans une douleur réversible en plaisir, s'extasier de ne participer pas : à l'intersection de l'espace et des livres, naissait un corps immobile qui était encore moi et tremblait sans fin dans l'impossible vœu d'ajuster ce qu'on lit au vertige du visible. Les choses du passé sont vertigineuses comme l'espace, et leur trace dans la mémoire est déficiente comme les mots : je découvrais qu'on se souvient. »
Tentative d'épuisement d'un lieu parisien (1975)
Sortie : 1975 (France). Roman
livre de Georges Perec
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Histoire de l'œil : des pages qui à première vue pourraient sembler bien vaines si tout le projet esthétique de l'auteur ne tenait dans ce petit livre, à savoir celui de se forcer à écrire sur ce qui nous paraît le plus banal, le plus commun, le plus quotidien, pour (ré)apprendre à regarder les êtres et les choses qui nous entourent. Et quelles touches d'humour ! Perec de loin le meilleur écrivain pour apprendre à écrire.
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« Quelle différence y a-t-il entre un conducteur qui se gare du premier coup et un autre ("90") qui n'y parvient qu'au bout de plusieurs minutes de laborieux efforts ? Cela suscite l'éveil, l'ironie, la participation de l'assistance : ne pas voir les seules déchirures, mais le tissu (mais comment voir le tissu si ce sont seulement les déchirures qui le font apparaître : personne ne voit jamais passer les autobus, sauf s'il en attend un, ou s'il attend quelqu'un qui va en descendre, ou si la R.A.T.P. l'appointe pour les dénombrer...) »
L'Insoutenable Légèreté de l'être (1984)
Nesnesitelná lehkost bytí
Sortie : 1984 (France). Roman, Philosophie
livre de Milan Kundera
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
Comme si Kundera avait écrit son roman à l'envers : en élaborant une théorie philosophique d'abord, puis en plaquant des personnages et des situations narratives qui s'attachent à la démontrer. Si bien que ses meilleures idées et ses aphorismes les plus brillants, dont je sens pourtant qu'ils auraient pu me toucher davantage dans un contexte différent, tombent systématiquement à plat, comme s'évaporant au moment de leur expression parce qu'ils ne sont pas incorporés au terreau fertile de la fiction. Sans compter qu'en explicitant régulièrement ses métaphores, Kundera a une fâcheuse tendance à prendre son lecteur par la main.
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« Tomas se disait : coucher avec une femme et dormir avec elle, voilà deux passions non seulement différentes mais presque contradictoires. L'amour ne se manifeste pas par le désir de faire l'amour (ce désir s'applique à une innombrable multitude de femmes) mais par le désir du sommeil partagé (ce désir-là ne concerne qu'une seule femme). »
« Nous avons tous besoin que quelqu'un nous regarde. On pourrait nous ranger en quatre catégories selon le type de regard sous lequel nous voulons vivre.
(...)
Enfin, il y a la quatrième catégorie, la plus rare, ceux qui vivent sous les regards imaginaires d'êtres absents. Ce sont les rêveurs. »
Être sans destin (1975)
Sorstalanság
Sortie : 1997 (France). Roman
livre de Imre Kertész
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Émotion grammaticale, quasi-proustienne de s'enfoncer et de se perdre dans les méandres de cette phrase qui semble s'allonger à mesure que le récit progresse. Avec cette publication trente ans après l'expérience concentrationnaire qui rend inévitable la part de recréation, on pourrait – un peu honteusement – se poser la question de la fidélité au réel, de l'altération du souvenir. Réflexe inconscient de lecteur qui n'a pas lieu d'être ici : les impressions du narrateur sont de toute manière tellement incongrues, tellement absurdes qu’on voit mal comment elles ne pourraient pas être issues de la mémoire encore immédiate, ou tout comme, de Kertész. Seule la fin, peut-être, a dû faire l’objet d’un long travail de recul, d’objectivation.
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« Après, on s'est de nouveau embrassés, et alors elle m'a appris comment on pouvait rendre l'expérience encore plus inoubliable, à savoir que nos langues devaient aussi jouer un certain rôle. »
Moravagine (1926)
Sortie : 1926 (France). Roman
livre de Blaise Cendrars
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Les cinquante premières pages qui racontent l'enfance de Moravagine, pur bloc romanesque teinté de fantastique, sont foudroyantes de verve et d'idées, peut-être les plus belles de l'œuvre de Cendrars. On retrouve ensuite la routine des voyages, des choses plus ou moins passionnantes, un complot révolutionnaire en Russie, un trip poétique chez les Indiens bleus. Le style se dilue forcément quelque peu mais restent cette vitalité, cette foi en l'écriture qui placent l'infatigable Blaise bien au-dessus du lot. Avec, en prime, le petit luxe d'écrire une véritable autofiction en 1926 (la fin du livre est dans la préface).
(Ne pas passer à côté du « Pro domo : comment j'ai écrit Moravagine », rajouté par l'auteur en 1956, document passionnant qui présente la genèse de l'œuvre et la prolonge en même temps, où l'on y apprend que Cendrars rêvait de Moravagine dans les tranchées et que d'avoir su employer le mot « corallien » parmi les derniers couchés sur son manuscrit le remplissait davantage de joie et de bonheur que tout le reste du livre, sur lequel il dit avoir tant peiné.)
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« Je sais bien que ce n'est qu'un rêve et, qu'aussitôt rassasié, j'aurais des démangeaisons, et, qu'aussitôt assis, je voudrais enfiler mes vieilles godasses qui ont fait le tour du monde, et manger encore la sale barbaque de la cambuse, et porter des chemises qui n'ont pas de bouton au col, et trimer, et crever de soif au soleil, et tirer la langue, et maudire ma sale garce d'existence, et coucher dans des villes inconnues, et râler de misère, et rencontrer un vieux frère qui comme moi n'en peut plus et en a marre, et qui rue et qui s'entête et qui pue le bouc – mais, que voulez-vous, cette fois-ci j'étais pincé, sérieusement pincé. La fille était belle. Je venais de me caler les joues. Les drinks se succédaient. J'avais les poches pleines. Les petits oiseaux mécaniques chantaient toujours. Le bar rutilait et, vraiment, j'avais par trop bourlingué à bord de ce sacré baleinier de malheur. »
Phèdre (1677)
Sortie : 1677 (France). Théâtre, Romance
livre de Jean Racine
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Relu (+1).
J'en fais une lecture comparée avec l'Hippolyte de Garnier, paru un siècle plus tôt, et j'en profite pour réviser mes classiques. Quel plaisir de retrouver dans leur milieu originel des vers connus, isolés par la mémoire individuelle ou collective, et qui sont comme des visages familiers ! Et pour la première fois dans une pièce je suis pleinement sensible à la mécanique implacable du tragique, à ces engrenages dans lesquels est prise Phèdre, « ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente » selon les propres mots de Racine.
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« J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine.
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes. »
L'Amour la gueule ouverte (2015)
(hypothèses sur Maurice Pialat)
Sortie : mars 2015. Essai, Cinéma & télévision
livre de Alban Lefranc
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Bref ouvrage retrouvé par un heureux hasard, parfait pour accompagner mon petit cycle Pialat. J'aime bien l'idée de la biographie imaginée, encore qu'elle ne soit pas neuve (l'auteur, s'adressant directement au « vous » du réalisateur, propose donc des « hypothèses » sur sa vie), mais je suis toujours aussi peu à l'aise au moment de lire le viol assumé d'une intimité, des pensées que l'on prête, des interprétations psychologiques posthumes. La question me taraude : qu'en aurait pensé Pialat lui-même ? Heureusement le livre est émaillé d'anecdotes, d'extraits d'entretiens et de scénarios qui permettent de ne pas trop perdre de vue le sujet. Alban Lefranc se regarde parfois un peu écrire mais son style sensible se prête bien à la figure de l'artiste.
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« À force de conversations, de saouleries, de déluge d'images interchangeables, après un bon brassage collectif des surfaces et des mots, la fragile exception se cicatrise tout à fait. Volets fermés, branches arrachées, on piétine la tache, on range les lettres et les photos, on jette les dessins d'enfance, circulez. À rebours du gâchis général, Proust postule que le livre est le lieu où l'on risque de rencontrer cette chose affolante, cette chose insupportable : la vie d'un autre. L'amour ("Paulina était nue. Être nue c'est être absolue enfin") et l'œuvre – les deux seules voies, rares et difficiles, pour être soi. »
Le Cid (1637)
Sortie : 1637 (France). Théâtre
livre de Pierre Corneille
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
C'est surtout le baroque de la langue qui fascine : jamais une pièce ne pourra se targuer d'avoir produit autant de vers légendaires, de répliques passées à la postérité, et pourtant combien d'impropriétés, de mètres boiteux, de maladresses de style ses contemporains, l'Académie en tête, se sont fait un malin plaisir de relever ! Et c'est vrai qu'à la lecture on est surpris d'alterner entre des formes touchant à la perfection et des constructions un peu plus hasardeuses, comme si l'ouvrage avait été écrit à plusieurs mains. La Bruyère à ce propos dira superbement : « Il est peut-être moins difficile aux rares génies de rencontrer le grand et le sublime, que d'éviter toute sorte de fautes. » Il faut le comprendre, c'est que Corneille est poussé par le souffle de l'aventure ! Et si son Cid ressemble davantage à un roman mis en scène qu'à une tragédie aristotélicienne composée dans les règles de l’art, les grands et beaux sentiments n'y demeurent pas étrangers pour autant : il faut voir par exemple le personnage de l'Infante, jugé inutile à l'action à l'époque, et cependant magnifique dans sa douleur tue, dans sa fermeté stoïcienne qui lui fait favoriser l’union entre Chimène et Rodrigue afin de mieux réprimer l’amour qu’elle porte pour ce dernier.
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« Je cherche le silence et la nuit pour pleurer. »
Regard
Betrachtung
Sortie : 1912 (France).
livre de Franz Kafka
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Dix-huit petits récits, moins des réflexions que des impressions (des « regards »), la plupart n’excédant pas une page, comme autant de fragments de son Journal que Kafka aurait voulu isoler et mettre en relief. Ce sont des textes de jeunesse, on a parfois du mal à voir où l’auteur veut en venir mais certains morceaux portent déjà un peu de la puissance mystérieuse des œuvres futures. Mes préférés : « Le Passager du tramway » et « L’Amoureux éconduit ».
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« Le Passager du tramway »
« Je suis debout sur la plate-forme du tramway et je suis dans une complète incertitude en ce qui concerne ma position dans ce monde, dans cette ville, envers ma famille. Je serais incapable de dire, même de la façon la plus vague, quels droits je pourrais revendiquer à quelque propos que ce soit. Je ne puis aucunement justifier de me trouver ici sur cette plate-forme, la main passée dans cette poignée, entraîné par ce tramway, ou que d'autres gens descendent de voiture et s'attardent devant des étalages. Personne, il est vrai, n'exige rien de tel de moi, mais peu importe.
La voiture s'approche d'une station, une jeune fille s'avance vers le marchepied, prête à descendre. Je la vois aussi nettement que si je l'avais touchée du doigt. Elle est vêtue de noir, les plis de sa jupe sont presque immobiles ; son corsage est ajusté, avec une collerette de dentelle blanche à petites mailles ; la main gauche est à plat contre la paroi de la voiture ; de la main droite, elle appuie son parapluie sur la deuxième marche. Son visage est hâlé ; son nez, légèrement pincé, est large et rond du bout. Elle a une abondante chevelure brune, un peu ébouriffée sur la tempe droite. Elle a l'oreille petite et bien plaquée ; mais, comme je suis tout près, j'aperçois de derrière tout le pavillon de l'oreille droite, ainsi que l'ombre qu'il porte près de sa racine.
Je me suis demandé ce jour-là : d'où vient qu'elle ne s'étonne pas d'être comme elle est, qu'elle garde la bouche close et ne dise rien de toute cela ? »
Le Verdict (1913)
(traduction Jacques Outin)
Das Urteil
Sortie : 1997 (France). Nouvelle
livre de Franz Kafka
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Nouvelle écrite en une nuit de 1912 et qui a semble-t-il représenté un déclic pour Kafka. Sept ans avant la Lettre au père, l’inquiétante étrangeté de la figure paternelle l’obsède déjà. L’absurde est sensible ici comme une fine crête entre le réalisme et le fantastique. Les récits de Kafka sont comme des châteaux de cartes, leur beauté réside dans leur fragilité, comme si un rien suffisait à les rendre ratés, quelconques.
L'Illusion comique (1636)
Sortie : 1636 (France). Théâtre
livre de Pierre Corneille
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
La mise en abyme, avec cette jolie idée du théâtre comme caverne, et le croustillant, mythique personnage qu'est Matamore. Corneille s'amuse, mélange les genres, conscient d'être déjà bien en avance sur son temps avec cette pièce qu'il présente dans sa dédicace comme un « étrange monstre ».
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« Quand on n'a plus d'espoir, Lyse, on n'a plus de crainte. »
Horace (1640)
Sortie : 1640 (France). Théâtre
livre de Pierre Corneille
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Relu.
Après la querelle du Cid qui l'a profondément marqué dans son amour-propre, Corneille, pour rester dans les bonnes grâces de Richelieu, se range à la mode de la tragédie classique et au respect de la sacro-sainte triple unité. D'où cette copie un peu scolaire (à l'image des morceaux de rhétorique du cinquième acte), cette langue que l'on sent moins à l'aise dans un corset qui fera le bonheur de Racine. Plus sombre, moins attachant que Rodrigue, Horace demeure malgré tout un modèle du héros cornélien, rongé par le goût de l'absolu comme un personnage du XXème siècle.
Illusions perdues (1839)
Sortie : 1839 (France). Roman
livre de Honoré de Balzac
Paul_ a mis 9/10.
Annotation :
Soufflé par la vitalité, la voracité de cet ogre qu'est Balzac... Et dire qu'à côté de cette somme, qui ressemble à l'œuvre d'une vie, il faut encore compter près de 90 romans et nouvelles ! C'est tout bonnement inhumain, et on se dit naïvement qu'à passer tout ce temps à écrire l'auteur de la Comédie humaine ne doit pas avoir vécu grand-chose... Et pourtant c'est justement ce qui m'a le plus impressionné ici, ce sentiment de la vie, ce formidable don de contorsionniste qui lui fait revivre la candeur et l'ambition d'une jeunesse révolue avec les yeux de l'homme déjà désabusé et revenu de tout. Et cette intelligence de la déception, cette sorte de sagesse négative n'a pas fini de nous parler : c'est un roman plus moderne que jamais sur le capitalisme qui détruit les rêves, sur la marchandisation de la littérature qui déshumanise l'art, l'art que l'on croyait être notre dernier refuge. Sur un plan plus psychologique, il y a aussi cette idée qui me touchera toujours (et que l'on retrouve bien sûr au centre de l'œuvre de Proust) voulant que la connaissance des êtres qui nous sont proches nous soit à jamais imparfaite, et que la beauté qu'on leur trouve dépende à ce point du milieu dans lequel ils baignent qu'elle puisse être irrémédiablement altérée par un changement subit d'atmosphère : l'arrivée à Paris et la méprise réciproque et simultanée entre Lucien et Mme Bargeton est de ce point de vue exemplaire. Pour finir je n'ai pas été dérangé plus que ça par la phrase censément grossière de Balzac (et cette réputation d'auteur payé à la ligne qui lui colle à la peau), ce n'est certes pas un styliste hors pair mais pour son écriture que l'on devine rapide il a quand même des fulgurances poétiques, de belles métaphores récurrentes et même quelques jolis néologismes.
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« Lucien lut le sonnet suivant ; mais il le lut la mort au cœur, car le sang-froid impénétrable de Lousteau lui glaça son débit. Plus avancé dans la vie littéraire, il aurait su que, chez les auteurs, le silence et la brusquerie en pareille circonstance trahissent la jalousie que cause une belle œuvre, de même que leur admiration annonce le plaisir inspiré par une œuvre médiocre qui rassure leur amour-propre. »
Le Jeu de l'amour et du hasard (1730)
Sortie : 1730 (France). Théâtre
livre de Marivaux
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
J'y ai trouvé si peu de hasard en fait, sinon un triste déterminisme social faisant que, sans surprise, les conditions se retrouvent derrière le masque. Ça se lit d'une traite et la langue de Marivaux, pure prose, n'est pas non plus très marquante.
Dom Juan (1665)
Sortie : 1665 (France). Théâtre, Romance
livre de Molière
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Relu.
Drôle de pièce composite – mais non moins plaisante – sans réelle intrigue cohérente, mêlant comédie et tragédie (presque l'invention du drame avant l'heure) et jouant, à travers la galerie de personnages bigarrés qu'elle présente, sur des registres de langue variés. Le Dom Juan de Molière s'avère finalement bien différent du coureur de jupons qui nous est resté aujourd'hui, il devient même une véritable incarnation du mal lorsque le dramaturge décide, quitte à lui faire perdre un peu de son unité et de son charme, d'ajouter à sa débauche le vice d'hypocrisie, afin de se venger de la cabale des dévots qui a conduit à l'interdiction de la première version de Tartuffe. Molière n'a pas eu le temps d'écrire la pièce en vers mais on n'y voit que du feu, le style est toujours aussi superbement clair et direct.
Heureuse trouvaille synchrone, Baudelaire prolonge le mythe littéraire à sa manière avec le quinzième poème des Fleurs du Mal, « Don Juan aux Enfers » :
« Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, l'œil fier comme Antisthène,
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir ;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir. »
Le Misanthrope (1666)
Sortie : 1666 (France). Théâtre
livre de Molière
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Relu (+1).
Là encore, l'action n'est pas mémorable et ne suscite d'ailleurs pas l'enthousiasme du public de l'époque qui juge la pièce peu comique. Mais Alceste, incompris au XVIIème avant d'être progressivement réhabilité par Rousseau (forcément) et les romantiques qui lui reconnaissent de vraies qualités de sincérité et de noblesse, est un personnage décidément très attachant.
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« Mais de tout l'univers vous devenez jaloux.
– C'est que tout l'univers est bien reçu de vous. »
Boule de suif (1899)
Sortie : 1899 (France). Recueil de nouvelles
livre de Guy de Maupassant
Paul_ a mis 9/10.
Annotation :
Je n'y peux rien, toutes les nouvelles ne se valent pas et il y en a que j'oublie déjà, mais j'envie trop la plume sensuelle de Maupassant, je porte un amour infini pour la simplicité fulgurante de sa phrase – un peu comme celle de Flaubert sans ses rigidités. Ces histoires sont rarement mémorables, elles flirtent parfois avec l'anecdotique (on sait que le Normand piochait dans les faits divers des journaux pour se faire les idées) et la dernière phrase en forme de saillie ironique vient souvent comme un cheveu sur la soupe, mais franchement qu'importe avec un tel style qui épouse à merveille la douce amertume de la vie, sa tendresse aussi bien que sa cruauté.
Top 5 nouvelles :
1) « Boule de suif »
2) « La Chevelure »
3) « La Parure »
4) « Le Bonheur »
5) « Une soirée »
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« Les regards luisaient ; on avait bu beaucoup. »
Les Fleurs du mal (1857)
Sortie : 25 juin 1857. Poésie
livre de Charles Baudelaire
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Relu (+1).
En picorais des bouts, jusqu'à le relire presque intégralement, afin d'abolir la méprise qui m'avait laissé de marbre face au recueil il y a maintenant quelques années. Les Fleurs du mal sont comme un musée qu'il faut sans cesse revisiter ; il serait vain de prétendre apprécier tous ses tableaux en une fois. Et aujourd'hui je suis beaucoup plus réceptif à ses pièces maîtresses comme à ses toiles plus méconnues, même si l'artiste me fait toujours l'effet d'un monstre froid : Baudelaire est ce « Boileau hystérique » qui veut du nouveau mais qui fait toujours des phrases, qui fornique mais en gardant son corset. D'où un plaisir plus intellectuel que sensuel – en plus de l'admiration obligatoire devant un monument de l'histoire littéraire, qui a joué le rôle de passeur entre les anciens et les modernes.
Top 5 poèmes :
1) « À une passante »
2) « À celle qui est trop gaie »
3) « L'Albatros »
4) « Une charogne »
5) « Les Promesses d'un visage »
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« À une passante »
« La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair… puis la nuit ! — Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?
Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! »
Micromégas (1752)
Sortie : 1752 (France). Conte
livre de Voltaire
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Relu (-1).
Premier conte philosophique de Voltaire, genre qu'il invente mais ne nomme pas ainsi. Sensiblement plus court que la triade Zadig – Candide – L'Ingénu, ce qui le rend peut-être plus plaisant. C'est déjà très programmatique – toujours le relativisme avec ses gros sabots – mais ces deux géants sont attachants, et le conte a au moins le mérite de faire le travail pour nous en passant en revue les différents courants philosophiques de l'époque incarnés par des personnages adeptes d'Aristote, Descartes, Malebranche, Leibniz et Locke, ce dernier à la pensée duquel se rattache le déiste Voltaire pour son empirisme et son scepticisme.
La Princesse de Babylone (1768)
Sortie : mars 2007 (France). Roman
livre de Voltaire
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
L'Orient comme dans Zadig mais surtout une redite de Candide avec ce voyage à travers les différents pays d'Europe, prétexte à en moquer les mœurs. Voltaire donne parfois l'impression d'être ce vieil oncle toujours fier de sa petite formule qui, depuis qu'il a découvert l'ironie un beau matin, en use plus que de raison à chaque repas de famille. Reste le vague plaisir, purement narratif, de l'aventure dans la veine des Mille et Une Nuits.
Britannicus (1669)
Sortie : 1669 (France). Théâtre
livre de Jean Racine
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
La « pièce des connaisseurs » dixit Voltaire. Avec Britannicus Racine est déterminé à aller chercher Corneille sur son propre terrain, celui de l'histoire romaine. Il en tire une pièce complexe où le contexte politique, à savoir les débuts du règne de Néron, devient prétexte à un drame privé. Car comme à son habitude et pour notre plus grand plaisir, le dramaturge ne peut pas s'empêcher d'ajouter une intrigue amoureuse autour du personnage de Junie. Elle campe l'héroïne racinienne par excellence en ce que, « amante négative » selon le mot de Mauriac, sa passion ne prend vie qu'en proportion de l'obstacle contre lequel elle se brise.
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« Non, je la crois, Narcisse, ingrate, criminelle,
Digne de mon courroux ; mais je sens, malgré moi,
Que je ne le crois pas autant que je le doi.
Dans ses égarements mon cœur opiniâtre
Lui prête des raisons, l'excuse, l'idolâtre.
Je voudrais vaincre enfin mon incrédulité :
Je la voudrais haïr avec tranquillité. »
Iphigénie (1674)
Sortie : 1674 (France). Théâtre
livre de Jean Racine
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Les défauts semblent toujours plus voyants chez Racine où tout est réglé comme du papier à musique. Alors on pourra s'étonner de ce choix du Deus ex machina qui, en substituant à la biche des versions antiques une homonyme cachée, donnerait presque à la tragédie un dénouement amer, parce que trop heureux. À cause de ses glorieux prédécesseurs le sujet grec paraît peut-être aussi moins adapté au carcan du classicisme français, les mots d'Achille et d'Ulysse sonnant étrangement faux ailleurs que dans un cadre épique. Mais une pièce imparfaite de Racine vaut encore un chef-d'œuvre chez d'autres, et il m'est d'avis que chaque aspirant écrivain devrait régulièrement se faire son théâtre complet pour tailler son propre langage, l'élaguer de tout superflu tant cette économie de moyens, ce laconisme confinent au sublime.
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« J'entends gronder la foudre, et sens trembler la terre. »
Le Prophète (1923)
The Prophet
Sortie : 1926 (France). Essai, Poésie
livre de Khalil Gibran
Paul_ a mis 5/10.
Annotation :
Ah, il n'est pas dans le top des meilleurs livres de développement personnel ? Non, plus sérieusement, je n'ai pas retenu grand-chose de ces jolies formules creuses enfilées comme des perles qui expriment pompeusement des sagesses rebattues. Autant lire la Bible, où les métaphores sont au moins encore toutes fraîches. À ma décharge j'aurais pu le lire en anglais.
Les Confessions (1782)
Sortie : 1782 (France). Autobiographie & mémoires
livre de Jean-Jacques Rousseau
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Livres I à IV uniquement.
J'ai l'impression de ne pas rendre justice à l'œuvre de ce pauvre Jean-Jacques, dont on sait l'importance dans l'histoire littéraire en tant que première véritable autobiographie mais aussi l'apport essentiel à la psychanalyse, pour la place inédite que les Confessions accordent aux épisodes d'enfance (dont la fameuse fessée). Derrière cette belle langue sensible qui pourrait paraître pudique, il y a une grande licence pour l'époque dans le traitement de certains sujets, à l'image de cet édifiant témoignage d'agression sexuelle. Et pourtant... le déroulé chronologique des événements de sa vie m'ennuie, le repentir complaisant qui marque l'œuvre de son sceau ne me touche pas, et l'envie me prend régulièrement de secouer l'auteur par les épaules. Rousseau, so emo !
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« Dans mes sottes fantaisies, dans mes érotiques fureurs, dans les actes extravagants auxquels elles me portaient quelquefois, j'empruntais imaginairement le secours de l'autre sexe, sans penser jamais qu'il fût propre à nul autre usage qu'à celui que je brûlais d'en tirer. »
Andromaque (1667)
Sortie : 1667 (France). Théâtre
livre de Jean Racine
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Relu (+1).
Racine, ça se boit toujours comme du petit-lait : on s'identifie forcément à ces personnages devenus dupes de leurs propres sentiments, de ces « feux mal couverts [qui] n'en éclatent que mieux », et on s'amuse à les voir se tourner subitement vers leur soupirant dans le seul espoir de rendre l'autre jaloux. Pyrrhus, notamment, jugé soit trop puéril soit trop violent avec son confident par les commentateurs de l'époque, est particulièrement attachant parce que justement humain, trop humain.
Et encore combien de vers d'anthologie ! Parmi lesquels la fameuse anacoluthe « Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ? » (connaît-on alexandrin plus dense ?), sur laquelle parle superbement Boileau :
« Où en serait M. Racine si on allait lui chicaner ce beau vers (...) qui dit si bien, et avec une vitesse si heureuse (...) Ces sortes de petites licences de construction, non seulement ne sont pas des fautes, mais sont même assez souvent un des plus grands charmes de la poésie »
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« PYRRHUS : Je vois ce qui la flatte :
Sa beauté la rassure, et malgré mon courroux,
L'orgueilleuse m'attend encore à ses genoux.
Je la verrais aux miens, Phœnix, d'un œil tranquille.
Elle est veuve d'Hector, et je suis fils d'Achille :
Trop de haine sépare Andromaque et Pyrrhus.
PHŒNIX : Commencez donc, Seigneur, à ne m'en parler plus. »
Les Bonnes (1947)
Sortie : 1947 (France). Théâtre
livre de Jean Genet
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Relu.
Agrégation de lettres modernes 2021
La première lecture est plutôt simulante, d'autant que la pièce est courte, mais à bien y regarder, sa puissance émotionnelle me paraît assez limitée, son contenu réflexif assez pauvre. Une fois compris le jeu de théâtre dans le théâtre (certes plus rapidement pour le lecteur que pour le spectateur grâce à l'indication du nom des personnages), on pourrait grossièrement résumer la pièce à quelques jeux de mots et à un symbolisme abscons. Genet me semble vraiment meilleur romancier, et ce n'est d'ailleurs pas anodin de le voir multiplier, comme dans Le Balcon, les didascalies et les indications de mise en scène, parfois jusque dans d'intempestives notes de bas de pages, comme si l'auteur (au sens le plus fort du terme) ne s'accommodait pas de la nature hybride du genre théâtral, comme s'il voulait continuer à faire du roman sans daigner céder son texte à la liberté d'un metteur en scène.
Mais c'est une première impression assez confuse pour une pièce qui reste complexe, et j'ajusterai peut-être mon commentaire après l'avoir étudiée davantage.