Présenté un peu partout comme un livre féministe, j'ai trouvé qu'il était bien plus que çà et c'est tout à l'honneur de l'autrice.
En effet, dans la Turquie traditionaliste et rigide de la fin du siècle passé, malheur à ceux et à celles qui ne se plieront pas aux traditions familiales et à la voie qui leur est tracée.
Ce triste constat s'applique aussi bien aux garçons qu'aux filles comme l'on pourra le constater tout au long du récit. Ceux-là n'auront d'autres choix que de faire une croix à leur famille de sang et à essayer de se constituer une famille de coeur pour survivre.
L'héroïne, dégoutée par les faux semblants de sa famille va vouloir tenter sa chance à Istanbul et va très vite être contrainte à se prostituer. Heureusement elle arrive à garder la tête hors de l'eau grâce à une poignée de fidèles ami(e)s qu'elle s'est constituée au cours son existence.
Ce n'est jamais scabreux même si le sujet pouvait le laisse craindre et au contraire c'est toujours bourré d'humanité.
J'ai été dérouté que le livre ne se termine pas à la mort de Leila mais conte les déboires de ses amis pour récupérer son corps. J'ai trouvé ça superflu dans un premier temps mais en y réfléchissant, cette dernière partie garde toute son importance. L'autrice nous montre ainsi à quel point la famille de coeur que Leila s'est constituée est soudée malgré les différence de sexe, de race et de religion. Et en soi, c'est une formidable leçon d'humanité que nous offre l'autrice voulant croire que l'amour entre les personnes va au-delà de leurs différences qui pourraient les séparer.