120 journées

Résumé : J'ai lu Les Cent Vingt Journées de Sodome, ainsi que d'autres livres de Sade, quand j'étais encore adolescent. Des Cent Vingt Journées, je n'ai pas conservé le souvenir des turpitudes, mais celui, plus fascinant, d'une structure, d'une fiction enclose dans une autre fiction enchaînée par une arithmétique maniaque. L'idée d'écrire mes propres Cent Vingt Journées m'est alors venue . Ensuite seulement, j'ai souhaité parler de ce conflit imaginé, ourdi, par les adultes entre enfance et adolescence, ce moment où les adultes décident avec brutalité d'arracher les enfants à leur enfance et de les précipiter dans cette géhenne fictionnelle qu'est l'adolescence, géhenne que je connais à force de pratiquer mon sacerdoce d'auteur pour la jeunesse. Le château de Silling, décor gothique que j'ai transformé en théâtre industriel et souterrain, était le cadre idéal. Les victimes des quatre libertins du roman de Sade ont en effet l'âge d'aller au collège. Je ne voulais pas d'un huit-clos, pas d'une obscurité perpétuelle. J'ai donc inventé un second théâtre, plus bucolique, plus personnel, habité d'une anxiété différente. Et du dialogue biaisé entre le premier et le second sont nés d'autres fictions, contes, fantasmes... Partant d'un postulat de thriller (après tout, c'est le récit d'une séquestration), je suis arrivé à un roman bizarrement réaliste et constamment fantastique où les ogres, à l'instar de ceux de Sade, se nourrissent de mots plutôt que de chair.