1888, Jack l'éventreur et les fantasmes victoriens

Résumé : ÿ partir du fait divers, l?auteur nous convie à uneanalyse des mentalités victoriennes. Il montre combien lagrande peur qui secoua Londres, à la fin de 1888, doit êtrerapportée à l?incroyable tension mentale que crée le systèmemoral puritain de l?époque.« Jack l?ÿventreur » : un des plus célèbres criminelsde l?histoire, d?autant plus connu peut-être que le mystèrede son identité n?a jamais été percé et que les hypothèses lesplus folles, y compris la mise en cause de proches parents dela reine Victoria, ont été exposées à ce sujet et continuent dese nourrir de « révélations » successives.Cette « affaire » sert ici de point de départ à uneenquête sur les mentalités victoriennes, qui seules peuventexpliquer l?étrange écho provoqué par cette série de meurtressordides.On s?aperçoit bien vite que les Victoriens ont vécuen proie à quelques grandes peurs : de la maladie et de lamort, du sexe, de l?espace urbain qui, dans la « moderneBabylone » londonienne, recèle des bas-fonds terrifiantset des menaces aussi diffuses que redoutées. En 1888, lesgrandes barrières contre le mal, la famille, la propriété, lareligion, apparaissent branlantes dans un royaume gouvernépar une souveraine exemplaire, mais vieillissante. Les grandesvaleurs morales, l?ordre social et politique fléchissent,la « peur du rouge » se développe, on vit sur une croûte decivilisation qu?un grand cataclysme menace d?engloutir dansles laves révolutionnaires.Les crimes de Jack réveillent ou révèlent des fantasmesinavoués ou inavouables. Dans les brumes épaissesde novembre 1888, d?aucuns ne savent plus trop s?ils viventl?avènement de la grande perversion sexuelle ou si lesombres fantomatiques de la Révolution soci