En cette fin d’année 1993, la Troisième Guerre mondiale n’a jamais été si proche: Gorbatchev a été poussé à la démission, remplacé par un président « ligne dure », obsédé par Berlin-Ouest, et en Allemagne de l’Est, la jeunesse – encore traumatisée par la répression brutale des mouvements des droits civiques en 1989 – se prépare au pire.
1993 – Échappée rouge, de Marianne Stern est un thriller uchronique qui met en scène des jeunes Allemands coincés entre la loyauté à leur nation et l’intransigeance du « grand frère » russe. Dans un tel contexte, il y a plus à craindre que la Stasi ou les armes de l’OTAN: les services secrets soviétiques – KGB et GRU – ont leurs taupes partout et des méthodes nettement moins civilisées.
Je l’avoue: je l’ai acheté sur la seule base du synopsis en quatrième de couverture: des pilotes, une uchronie, des Soviets; que demande le peuple? Eh bien, peut-être un récit un peu moins classique et une écriture un peu plus affriolante. En fait, à part son accroche, pas grand-chose ne démarque ce court roman.
En soi, ce n’est pas très grave: il se lit bien, il se lit vite; les personnages sont raisonnablement bien campés et les situations crédibles – même si le plan des grandes amours contrariées entre collègues qui se détestent en apparence et qui finiront par se marier est un peu indigeste à double exemplaire.
Le point le plus intéressant de 1993, c’est le contexte d’une Allemagne de l’Est encore sous la coupe soviétique, entre nationalisme et attrait pour l’Occident, avec ses non-dits, sa surveillance assimilée au quotidien. On a également droit à de belles scènes de combat aérien entre MiG-29 et F-15 et F/A-18.
En bref, un roman sympathique, qui se lit comme un thriller dans un contexte uchronique; il aurait peut-être mérité une trame un peu plus tendue et une écriture plus nerveuse, mais en l’état, c’est une lecture agréable.