P. 19 En tant que solgan publicitaire, l'expression "24/7" attribue une valeur absolue à la disponibilité


P.20 Etant donné sa profonde inutilité et son caractère essentiellement passif, le sommeil, qui a aussi le tort d'occasionner des pertes invalculables en termes de temps de production, de circulation et de consommation, sera touours en butte aux exigences d'un univers 24/7.


La plupart des nécessités apparemment irréductibles de la vie humaine - la faim, la soif, le désir sexuel et, récemment, le besoin d'amitié - ont été converties en formes marchanfes ou financiarisées.


Le sommeil impose l'idée d'un besoin humain et d'un intervalle de temps qui ne peuvent être ni colonisés ni soumis à une opération de profitabilité massive - raison pour laquelle celui-ci demeure une anomalie et un lieu de crise dans le monde actuel. [...] La réalité, aussi surprenant qu'impensable, est que l'on ne peut pas en extraire de la valeur.


P. 25 "Faire quelque chose, se bouger, changer se trouve valorisé par rapport à la stabilité, souvent considérée comme synonyme d'inaction". Luc Boltanski et Eve Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Galimmard, 1999, page 237


P. 31 Loin d'être autonome ou autosuffisant, l'individu ne peut pas être compris autrement qu'en relation avec ce qui est hors de lui, avec une altérité qui lui fait face.


P. 43 Nous vivons dans un monde où de très anciennes notions d'expérience partagée sont en train de s'atrophier et où, dans le même temps, on n'accède jamais aux gratifications ou aux récompenses promises par les options technologiques les plus récentes.


Si tout pousse le sujet individuel à se focaliser exclisivement sur sa soif d'acquérir, d'avoir, de gagner - quitte, le premier ébahissement passé, à tout dilapider comme si de rien n'était-, cette tendance est également étroitement liée aux mécanismes de contrôle qui plongent dans un sentiment d'inutilité et d'impuissance un sujet soumis à de telles exigences.


P. 46 Nous sommes inoncées d'images et d'informations au sujet dupassé et de ses catastrophes récentes - mais il y a aussi une incapacité grandissante à se confrontrer à ces traces de manière à pouvoir les dépasser en direction d'un avenir commun.


P.47 On suggère souvent que nous serions au milieu d'une phase de transition, en train de passer d'un "âge" à un autre qui n'en serait qu'à ses premiers balbutiements. Cela suppose un intermède instable d'adaptations sociales et subjectives, appelé à durer une ou deux générations avant que ne se mette en place de façon plus sûre une nouvelle ère de stabilité relative.


attribuer une dimension d'inévitabilité historique à ces mutations


Postulat que les ado et enfants vivent aujourd'hui en parfaite harmonie avec l'intelligibilité lisse et inclusive de leurs univers technologiques


le maintien calculté d'un état de transistion permanente


P.51 // appareil "révolutionnaires", ils ne feront en réalité qu'assurer la perpétuation du même exercice banal de consommation non-stop, d'isolement social et d'impuissance polutique plutôt que constituer un tournant historique digne de ce nom.


P.52 La forme que prend l'innovation en régime capitaliste est celle d'un simultation continuelle de nouveauté tandis que, dans les faits, les formes établies de relations de pouvoir et de contrôle restent les mêmes.


p.53 Les années 1990 ont été marquées par une profonde mutation des modèles d'intégration verticale, avec les ecemples bien connus des innovations de Microssoft ou de Google - ce qui n'a pas empêché certains vestiges des structures hiérarchiques antérieures de persister aux côtés de ces nouveles modèles, plus flexibles et plus capillaires, d'implémentation et de contrôle.


p.58 l'illusion du choix et de l'autonomie


Les rythmes de consommation technologique sont inséprables d'exigences d'autoadministation permanente. Tout nouveau produit ou service est présenté comme essentiel à l'organisation bureaucratique de notre propre vie; sans compter qu'un nombre toujours croissant de routines et de besoins se mettent à constituer cette vie que personne n'a vraiment choisie. La privatisation et le cloisonnement de nos activités dans cette sphère peuvent entretenir chez certains l'illusion de réussir à "ruser avec le système" en inventant un rapport original ou supérieur avec ces tâches, en se montrant peut-être plus entreprenants ou moins compromis en apparence. Le mythe du hacker solitaire perpétue le fantasme selon lequel la relation asymétrique entre l'individu et le réseau peut être créatrivement déjouée à l'avantage de ce permier. En réalité, notre travail obligatoire d'automanagement nous impose une inéluctable uniforminté.


Frederic Jameson a fait valoir qu'avec l'effondrement des distinctions nettes qui séparaient jadis les sphères du travail et du loisir


P.60 Beaucoup, parmi ceux qui célèbent le potentiel transformateur des réseaux de communication, font l'impasse sur les formes de travail opprimées et les ravages environnementraux dont dépendent en réalité leurs fantasmes de virtualité et de dématérialisation.


P.62 Une standardisation de l'expérience menée à aussi vaste échelle implique une perte d'identité subjective et de singularité, et conduit à une disparition désastreuse de la participation et de la créativité individuelles dans la production des symboles que nous échangeons et partageons tous.


P.64 L'idée de longs blocs de temps exclusivement passés avec le statut de spectateurs est périmée.
On est passé du statut de spéctateur à celui d'acteur. Acteur de la vie, illusion du controle donnée par la technologie


Stiegler


Le "contenu" visuel et auditif est le plus souvent un matériel éphémère, interchangeable, qui outre son statut de marchandise, circule de façon à routiniser et à valider notre immersion dans les exigeances du capitalisme du XXIème siècle.


P.68 Une nouvelle fadeur prospère ainsi presque partout où cette consommation accélérée devient la norme.


Pour se rendre fade, il faut "s'adoucir"


P.69 Par le passé, les formes d'un travail pérétitif, nonobstant l'ennui ou l'oppression qui les caractérisaient, n'empêchaient pas toujours les travailleurs d'éprouver quelques satisfactions liées à une part limitée de maîtrise ou d'efficacité dans les opérations des outils ou des machines.


Dans le fonctionnement de la grande usine, il devint de plus en plus impossible d'éprouver le moindre sentiment d'accomplissement face au produit final de son propre travail.


En raison de la perméabilité, voire de l'indistinction, entre temps de travail et temps de loisir, les compétences et les gestes qui étaient autrefois réservées au lieu de travail font à présent universellement partie de la structure 24/7 de nos vies électroniques. L'ubiquité des interfaces électroniques condit inévitablement les utilisateurs à chercher toujours plus de fluidité et de souplesse dans leur utilisation.


P.82 Les rébellions de la fin des années 1960 furent, du moins en Europe et en Amérique du Nord, en partie menées autour de l'idée qu'il fallait reconquérir le terrain de la vie quotidienne contre son institutionnalisation et sa spécialisation.


P.84 Se façonner soi-même - tel est désormais le travail qui nous incombe à tous.

miren_el
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le 8 déc. 2017

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