ce roman a été salué et célébré, certes, mais qui l'a vraiment lu ? jusqu'au bout ? et de façon très soutenue ? évidemment il y a des lecteurs très érudits et qui veulent en remontrer (site Stalker de Juan Asensio) - mais l'ensemble des critiques semble obéir à une fascination pour l'objet littéraire insaisissable, "le chef d'oeuvre" inclassable qui défie tous les genres et célèbre la figure du romancier secret et solitaire - Après lecture (en 15 jours, ce qui est raisonnable) de ce 2666, je suis un peu circonspect et sceptique: j'ai eu l'impression d'un "délire narratif", très sud-américain peut-être, avec beaucoup de "personnages" et des noms-prénoms où l'on s'y perd un peu (comme chez Garcia Marquez), l'impression d'un enchevêtrement-emboîtement d'histoires et de "thèmes" qui pourrait accréditer l'idée, lue quelque part dans une des critiques, qu'il s'agit d'un roman de la déconstruction reconstruite, un roman de l'extension (comme les villes de la frontière mexicaine) qui pousse le lecteur à chercher un "centre" (comme un touriste de type français perdu dans une grande ville non française et qui se demande où est le putain de centre-ville !) - Modeste lecteur de type sédentaire (condition idéale pour lire) je ne suis pas vraiment impressionné et encore moins fasciné par ce "chef d'œuvre" qui part dans tous les sens (comme les rhizomes chères à un intellectuel français) et ne suscite chez moi aucune réflexion de type vertigineux en direction d'un abîme existentialistico-historique (comment vivre et comment écrire après 1945 ? etc.)