31 songs
6.5
31 songs

livre de Nick Hornby (2002)

Je lis énormément, et j'écoute aussi beaucoup de musique (pas en même temps toutefois parce qu'alors ma capacité de concentration se divise, je loupe alors de bons mots, ou un bon morceau, je ne peux rien apprécier à sa juste valeur).


J'ai du mal à mesurer la place que tient la musique dans ma vie. Je ne sais pas non plus parler des livres que j'ai lu (mais je sais que si je n'ai plus rien à lire, je me gratte ).
Je n'arrive pas très bien à transmettre mon enthousiasme aux autres.


Nick Hornby a ce truc. Il est convainquant, et pourtant il n'en fait pas des caisses.


Je ne l'ai jamais eut en VO (je devrais essayer, mon niveau d'anglais devrait être suffisant), mais je le trouve bien traduit. Ca coule tout seul, il écrit comme il parle, de façon simple, lucide et limpide.



Tout ce que j'ai à dire au sujet de ces chansons, c'est que je les
aime, que j'ai envie de les écouter, envie d'obliger d'autres gens à
les écouter, et que cela me contrarie quand d'autre ne les aiment pas autant que moi.



Déjà, ça, c'est percutant. C'est l'essentiel du partage. Et pourtant, c'est tout con.


J'avais dans l'idée de vous faire un topo complet du livre, d'essayer de mettre des mots sur ce que j'ai ressenti après l'avoir refermé : allégresse, tendresse, agacement, jubilation, envie de me prosterner devant un certain magasin de disques indépendant imaginaire à Kentish Town et de rouler des pelles à tous les Rob de la Terre etc.
Je vais plutôt vous piocher quelques citations extraites du bouquin.


A propos de "I'm like a bird" de Nelly Furtado (typiquement selon moi la chanson guillerette de l'été, qui s'écoute comme un bonbon mais qui s'évacue vite.)



Je lui serai toujours reconnaissant d'avoir distillé en moi ce besoin
narcotique d'entendre et de réentendre une chanson.



Sur le heavy métal (un territoire musical que je laisse pour le moment inexploré, faute de guide spirituel – comprenez Garçon – en ce domaine. Ça donne d'ailleurs très envie de sortir avec un métalleux jugez plutôt.)



L'interprétation traditionnelle de l'engouement des garçons pour le
heavy métal inclut des guitares qui servent de substitut de pénis, de
l'homo érotisme, et toutes sortes de choses qui sont l'indice d'une
perversité, d'une confusion sexuelle, d'inextricables névroses
morbides. Véridique.



Néanmoins, il tempère ses propos (pleins d'auto dérision, évidemment) par ceci :



Au cours de ces dernières années j'ai réalisé que mon régime musical
était pauvre en glucides et que le riff de rock était un élément
essentiel.



Sur Samba Pa Ti de Santana, il évoque



ces morceaux auxquels on accole sans arrêt une épithète sexy. Ça ne
signifie pas nécessairement qu'on voudrait les écouter en faisant
l'amour. [...] En fait la plupart de ces morceaux ne sont que des
substituts de sexe pour ceux qui sont condamnés à la diète.



J'ai moi même une playlist sexuelle que je n'écoute pas quand je suis chaste, car Nick a tout à fait raison, c'est très frustrant. Sans compter que certaines chansons m'évoquent certains garçons, donc risque de rongeage de frein en attendant le prochain etc etc etc.



En fait, ce n'est pas du tout une question en l'air. En quoi un solo
de mandoline explicite t il ou illustre t il la situation tragique des
Eskimos ?



En gros, la musique doit elle nécessairement être porteuse de sens ? Vous avez 3h.


Un truc très joli à propos des Clash et du rêve américain que tout ado vivant en banlieue ou à la campagne dans les années 70/80 devait avoir en tête (enfin moi, je trouve).



Les Clash chantaient sur scène "I'm so bored with the USA" (j'en ai
vraiment raz le bol des Etats Unis) et nous avions beau, tous, chanter
avec eux, ce n'était pas vrai, pas tout à fait. Ce n'était qu'un raz
le bol de notre obsession à leur égard (qui ? les Clash ou les USA ?)
ce qui n'est pas tout à fait la même chose."



Quelque chose qui me définis profondément dans mon rapport aux gens et à la musique. (Dédicace à Ludo, Ariane, Sébastien, Adeline et tant d'autres qui m'ont dit un jour "Hé, écoute ça, tu vas adorer.")



Toute ma vie j'ai compté sur les autres pour me filer des tuyaux.
[..] les enthousiastes excellent à présenter, et de bon cœur, une
musique parfaitement mariable à ceux qui possèdent la capacité et les
ressources pour l'aimer.



Deux passages qui m'ont vraiment fait mourir de rire sur la musique dite d'ambiance et pourquoi elle est aussi nécessaire que les autres pour la société de consommation, en gros. Ou alors quand on est défoncé.



Ni Starbucks, ni le Body Shop, ni l'hôtel minimaliste ne souhaitent
agresser leurs précieux clients à coups de rengaines obscènes où il
est questions de guns et de chattes, et de musiques réglées sur des
beats qui tentent de vous arracher la moitié du crâne.


On ne peut pas vendre de crèmes mentholée pour les pieds avec du gangsta rap ou du death métal. Pas plus que, dans un avion, on ne peut


distraire des passagers en attente du décollage avec de la techno.



Effectivement, imaginez un peu le désastre.


C'est comme quand vous entendez Patrick Sébastien vous demander de fermer votre gueule au rayon charcuterie libre service de Simply. Vous avez juste envie de lever les bras au ciel, de crier et de partir loin sans acheter le moindre saucisson. On peut d'ailleurs réfléchir à l'influence de la musique festive française sur la crise du pouvoir d'achat.

LioDeBerjeucue
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le 20 déc. 2011

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LioDeBerjeucue

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-Twist-
1

Critique de 31 songs par -Twist-

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