La température idéale
C'est la première fois (à grand tort d'ailleurs) que je lis du Philippe Djian, et ce fut pour moi une heureuse découverte. Même si j'ai eu un peu de mal à me plonger dedans au début, j'ai lu ce...
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le 29 juin 2011
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La vie est parfois pleine de surprise. Si on m'avait dit il y a 6 mois que je lirais plus d'un livre cette année, j'aurais pris mon interlocuteur pour un fou, n'ayant plus de temps à consacrer à ce (formidable) loisir depuis ma sortie du lycée.
Seulement voilà, on fait le malin à trouver un stage en pleine campagne, et après on s'étonne de s'ennuyer pendant les 90 minutes quotidiennes de trajet. Du coup, quoi de mieux qu'un bon roman pour s'occuper ? Et, coup de bol, une boîte à livres en libre-service vient d'apparaître dans ma rue.
Vous aurez donc compris que lire 37°2 le matin ne faisait pas partie de mes projets mais que c'est le hasard qui l'a mis sur ma route. Je n'avais jamais rien lu de Philippe Djian, je ne connaissais cette oeuvre que de nom et j'ignorais même qu'une adaptation cinématographique en était tirée. Bref, je ne me suis fié qu'à la quatrième de couverture, et en voiture (enfin, plutôt en bus dans mon cas) Simone !
Philippe Djian nous raconte donc l'histoire d'un couple (Betty et le narrateur, sans nom sauf erreur de ma part) qui virevolte de petit boulot en petit boulot, Betty ne souhaitant pas s'installer dans une routine trop longtemps. Ils seront tour-à-tour homme/femme à tout faire dans un camping, serveurs dans une pizzéria et vendeurs de piano.
Un jour, Betty tombe sur un manuscrit écrit par Monsieur avant leur rencontre. Epatée par tant de talent, elle l'envoie à différentes maisons d'édition qui le refuseront à chaque fois (dans des termes souvent exotiques). Betty ayant de fâcheuses tendances bipolaires, ces petites contrariétés n'arrangent pas son état.
La prémisse est intéressante, sans atteindre des sommets d'originalité, mais j'ai plusieurs gros problèmes avec ce livre.
Premièrement, l'intégralité du récit est écrit en langage courant. Le narrateur n'étant clairement pas un homme de lettres, c'est parfaitement justifié certes, mais ça rend surtout le livre lourdingue au bout de quelques pages. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi oublier les négations et parler en permanence à l'imparfait, ça m'énerve plus que de raisons (et vu que je suis un peu grammar-nazi sur les bords, ça n'aide pas). A côté de ça, le narrateur nous sort parfois des expressions qu'on n'imagine pas dites par un beauf lambda ("mes dernières forces s'envolaient comme des fleurs de cerisier dans un jardin japonais..."), donc ça crée un entre-deux bizarre. C'est sans doute volontaire, mais ça ne m'a pas plu.
Deuxièmement, la personnalité du narrateur est absolument insupportable. Le type est apathique au possible : il ne réagit pas quand son patron lui parle comme une merde (après être entré chez lui sans son autorisation qui plus est), il ne reprend jamais Betty quand elle fait d'énormes conneries (elle a kidnappé un gosse là, allô ?), il repousse mollement les avances de sa voisine nymphomane... Je vous jure, on a juste envie de le baffer pour qu'il se sorte les doigts du fion !
Et enfin troisièmement (et c'est en lien avec le point 2), on ne croit pas à "l'amour passionnel" (c'est pas moi qui le dit hein, c'est Wikipédia) qui unit le narrateur à Betty. Si l'amour de la femme semble être sincère (elle pousse son mec à se dépasser, à aller vers l'inconnu...), celui de l'homme paraît bien faible. Tout ce qu'il voit en Betty, c'est qu'elle est bonne (ah ça, les descriptions sur le physique, pas de soucis y'en a, et vas-y qu'elle a les tétons qui pointent, et vas-y que sa chatte elle est touffue, et vas-y que même après une coupe de cheveux elle est encore bandante...). On ne sait pas comment ils se sont rencontrés, on ne sait pas s'il a un autre centre d'intérêt avec elle en-dehors du cul. Et vu que Jean-Louis là, il est quasiment jamais bouleversé par les sautes d'humeur de sa nana, c'est à se demander comment leur couple a fait pour tenir plus d'un an.
Voilà, ça c'était juste pour la forme. Il y a pas mal de choses à discuter sur le fond, comme cet étrange "arc narratif" du braquage d'un fourgon qui ne sert littéralement à rien dans l'histoire (sa conclusion -tardive- étant sans conséquence pour notre héros) ou la cabane achetée pour Betty et qui brillera par son absence une fois son chapitre d'introduction passé.
Bon, et sinon je ne suis pas un expert en contraception féminine, mais un des gros problèmes de Betty c'est qu'elle n'arrive pas à tomber enceinte. Cependant, elle dit à plusieurs reprises qu'elle a un stérilet. Du coup...ça marcherait pas mieux en l'enlevant ? Les stérilets des années 80 étaient soudés aux ovaires, ou comment ça se passe ?
Après, le livre se lit bien, on ne peut pas lui enlever ça. Les descriptions des personnages sont souvent assez drôles et les crises de folie de Betty permettent de dynamiser le récit quand il commence à s'endormir. Quand au climax du bouquin, à défaut d'être bien amené, il prend aux tripes et je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir une moue de dégoût en imaginant la scène. C'est très sale, mais très bien décrit.
Bref, ce n'est pas un livre qui a révolutionné ou qui révolutionnera la littérature, mais il occupe bien dans les transports (quand on fait l'impasse sur son détestable protagoniste).
Roman de gare/20.
Créée
le 27 juin 2018
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