À l'abri de rien par MarionJ
« Comment ça a commencé ? Comme ça je suppose : moi, seule dans la cuisine, le nez collé à la fenêtre où il n'y a rien. » Un mari, deux enfants, un pavillon en banlieue, la grisaille normande, un quotidien insignifiant, des rêves absents... À l'abri de rien dresse le portrait d'une femme brisée, Marie. Elle a perdu le fil de sa vie lorsqu'elle découvre, au hasard des jours, une souffrance plus grande que la sienne : celle de dizaines de réfugiés clandestins venus là dans l'espoir de passer la frontière anglaise. Marie trouve alors une raison de se lever chaque jour, dans une lutte qu'elle mène à corps perdu, contre la misère de ces « kosovars ». Elle y abandonne mari et enfants. Sa vie lui échappe mais qu'importe. Son rythme est haletant tout comme l'écriture d'Olivier Adam. Entre phrases courtes, qui portent tout le poids de l'existence, et phrases longues, le style inégal, essoufflé, offre à l'écriture une forme d'oralité qui densifie les émotions. L'auteur manie avec subtilité le jeu de l'écriture pour effacer la pointe de manichéisme qui pourrait ressortir de ce combat : les méchants policiers contre les gentils immigrés. Au delà de ce dualisme c'est le thème de l'errance qui est abordé. Celle d'une femme, celle des peuples, du monde et des mots...