Aberration est un recueil de onze nouvelles mais aussi le titre de la première d’entre elles.Bernardo Carvalho, écrivain brésilien, ne s’arrête pas là puisqu’il met un point d’honneur à utiliser le mot aberration dans chacune des nouvelles et à faire comprendre la teneur de celle-ci selon le contexte.Comme indiqué dans le résumé de l’oeuvre, l’auteur joue à entremêler le mensonge et la vérité.Une position que le lecteur doit accepter dès le départ pour ne pas se désarçonner tout seul.En ce qui concerne le contenu-même des nouvelles, nombreuses abordent la volte-face d’hommes ou de femmes pour des raisons bien précises (dont la rupture choisie ou subie avec leur passés,leurs familles).De plus, le postulat de départ s’évanouit trés rapidement pour laisser place à des sillons menant à des vérités vertigineuses.Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de nouvelles et j’estime que Carvalho pousse ce genre à un rare sommet.J’ai été sidéré par l’audace narrative de deux nouvelles: l’Architecte et l’Astronome.Je suis nettement moins emballé quand le nouvelliste utilise le support comme matière expérimentale ( en donnant des lettres de l’alphabet comme identités à ses personnages, en utilisant un vocabulaire technique et volontairement hermétique).En tous cas, voici une lecture qui ne m’a pas laissé indifférent et que je recommande à des lecteurs aimant être surpris par des univers aussi paradoxaux soit-il.L’ultime recommandation est de lire ce recueil de nouvelles en journée car ses contenus remuent,interrogent et peuvent aussi faire cogiter.Une nuit paisible est donc toujours préférable.