Adieu Cayenne ! raconte la terrible évasion d'un homme ayant échappé à la guillotine mais pas à l'enfer que représente le bagne en Guyane.
Albert Londres nous relate par le détail, dans un récit tout journalistique sa rencontre avec cette victime (vraiment innocente) des circonstances, de l'époque, de la justice aveugle et de la terrible épreuve que représente une vie (une mort !) au bagne de Cayenne.
L'évasion en pirogue par le fleuve puis la mer est la seule option possible, nous sommes en 2016 et il n'y a toujours que deux routes principales dans ce département, alors imaginez ça au début du XXème siècle !
Par la mer donc...
Oui mais !
C'est sans compter sur le manque d'expérience du passeur, c'est sans compter sur des marées de ouf deux fois par jours, qui vous ramènent avec force à votre point de départ ou qui vous enlisent pour plusieurs heures, au milieu de nulle part et vous laissent à la merci des moustiques et autres machins pas très sympas.
Pour avoir vu de mes yeux (ébahis et rigolards) mon cher et tendre vouloir absolument se baigner à marée basse et ressortir couvert d'une vase verte et collante, il n'est pas difficile d'imaginer le calvaire des évadés !
Je vous écris ce petit texte ici à Cayenne, bien à l'abri sous ma varangue, il pleut sans discontinuer depuis trois jours maintenant, et j'imagine ces bagnards, innocents ou non, déambuler comme des spectres là, en bas de chez moi, sous une pluie battante, sous une chaleur écrasante.
Ils sont sous-alimentés, ils ont une fièvre tenace, ils sont trempés et désespérés, ils ont la tête pleine de rêves d'évasions impossibles et mortelles.
Tant pis...ils ont si peu à perdre..
Et puis, comme dira Dieudonné notre évadé, à Albert Londres depuis sa petite chambre au Brésil:
On en voit des choses en évasion !