La littérature sur l'adulte surdoué a le vent en poupe, conséquence peut-être d'une récente prise de conscience dans notre banlieue hexagonale d'un phénomène qui est plus largement connu ailleurs. Cela dit, le peu de savoir dont on dispose sur la question rend assez aléatoire la plupart des productions sur un sujet que seuls quelques grands noms balisent, issus pour l'essentiel du monde des psychothérapies, et ne proposant essentiellement que des phénoménologies du "surdoué souffrant". A ma connaissance, il n'est que l'excellent ouvrage de Nicolas Gauvrit sur les "surdoués ordinaires" pour mettre en perspective un phénomène qui ne saurait se mesurer à la seule plainte de leurs patients que les praticiens élaborent en heuristiques diverses et de qualité assez variable.


Dans ce cadre assez lâche, on voit depuis peu apparaître quelques ouvrages se penchant plus spécifiquement sur les surdoués au travail. Le présent petit livre en fait partie, qui se propose, sur un diagnostic liminaire de Grande Méchanceté porté sur le fonctionnement l'entreprise moderne, de proposer quelques conseils aux sujets à Haut Potentiels. L'auteure en est endocrinologue, spécialiste des enfants précoces et artiste.


C'est pour moi un texte assez brouillon, qui mélange les niveaux et, tout en proposant une vision plus ou moins cohérente de son sujet, reste conceptuellement assez floue. Il s'en dégage tout de même une ligne d'action qui pourrait être : ralentissez, retrouvez vos valeurs, reconstruisez votre espace intérieur, faites confiance à votre intuition, laissez jaillir votre créativité (spontanément forte chez les HP), rayonnez. Plus un texte manifeste que le manuel annoncé par son titre.


L'on découvre le plan au fur et à mesure. Après un état des lieux sur l'entreprise (1è partie), suivi de quelques conseils sur la vie professionnelle (2è partie), la 3e partie semble consacrée à des éléments de développement personnel. L'absence de coordination n'est pas un problème pour un public de HP - mais cela ne fait pas un livre, et choque assez irrémédiablement mon sens de l'architecture d'un texte, tout comme est froissé mon soucis du détail par quelques coquilles, défaillances de ponctuation, fautes de grammaire, constructions en paragraphes parataxiques et autres imprécisions conceptuelles (non, les neurosciences ne sont pas appelées aussi sciences cognitives, mais les neurosciences cognitives sont bien le nouvel avatar des neurosciences dans leur fusion avec les sciences cognitives).


L'ouvrage aura au moins eu l'avantage de me confirmer dans les orientations que je suis en train de prendre en ce moment, m'apporterait-il par ailleurs concrètement assez peu. Et, étonnamment, j'éprouve pas mal de sympathie pour son auteure, n'aurais-je pas plus que cela d'entrain pour le produit qu'elle nous livre. D'où que la note reste... raisonnable.


Si l'on en a l'envie - le courage -, on trouvera quelques compléments sur le contenu dans l'article présent sur mon site.

Kliban
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Sciences cwèm, Psychismes en folie et Surefficients, surdoués et autres enzébrés du bulbe

Créée

le 14 févr. 2015

Critique lue 952 fois

1 j'aime

Kliban

Écrit par

Critique lue 952 fois

1

Du même critique

Le Premier Sexe
Kliban
3

Critique de Le Premier Sexe par Kliban

Impossible de mettre la note minimale à Zemmour. Non parce que le livre vaudrait quelque chose. Objectivement, le lire est une perte de temps - sauf pour ceux qui sont déjà convaincus et se...

le 14 nov. 2010

48 j'aime

22

Tao-tö king
Kliban
10

Autant en emporte le vent

Noter le Tao Te King, c'est noter le vent et c'est noter une traduction. Comme le site n'admet pas les doublons, je note le vent. Et comme le vent passe toutes les notes, mon humeur étant à cette...

le 7 nov. 2010

46 j'aime

Alice au pays des merveilles
Kliban
10

Top Disney

C'est sans doute l'une des meilleures adaptation des studio Disney. Et on ne peut malheureusement la goûter si on ne connaît pas son Wonderland et Looking Glass sur la bout des doigts ou presque...

le 24 déc. 2010

40 j'aime