Jared et Hugo, nous les connaissons déjà, c’est le couple parfait, mariés depuis vingt ans, ils ont deux enfants et que vous soyez gay ou non, c’est un duo qui nous fait rêver par leur alchimie incontestable. Et pourtant, on se rendra rapidement compte que les apparences sont trompeuses, que derrière le sourire, la bonne humeur constante, se cachent finalement de terribles blessures, qui deviennent insurmontables. Parce que l’homosexualité n’est jamais simple, que les jugements peuvent être d’une cruauté sans nom, d’autant plus lorsqu’ils viennent de votre propre famille, pour qui vous devenez du jour au lendemain, un monstre. Alors, les cicatrices deviennent permanentes, vous vous construisez avec et vous gardez au fond de vous, les conséquences de ces mots, la peur d’être rejeté à nouveau par ceux que vous aimez. Bien que nos héros soient adultes, à travers des flash-back, nous serons témoins de leur rencontre, de leur adolescence, des difficultés qu’ils traverseront, en étant différents des autres et de la souffrance que c’est, de s’assumer pleinement aux yeux de tous. C’est dans ce cadre, que nous retrouvons donc Jared et Hugo, en pleine séparation, impossible d’y croire, c’est pourtant le cas, mais pourquoi, c’est la question qui nous obsédera tout du long. La plume d’Ena L a encore frappé, pour le meilleur et pour le pire, toujours avec ce petit grain de folie, néanmoins, il y a une fois de plus, une véritable gravité dans ses mots et dans les sujets qu’elle aborde. Plus que l’identité sexuelle, c’est aussi le handicap qui est traité, des thèmes lourds, qui montrent que les différences sont encore très peu acceptées dans notre société et qui font de vous des êtres à part. La justesse sera le maître mot ici, elle est omniprésente, vous percute en plein cœur, par la force des émotions qu’elle vous fera partager, ce sera parfois insupportable, parce que l’on ne peut s’empêcher de les ressentir pleinement. Nous serons les témoins impuissants de ce qui peut se faire de pire dans l’humanité, des réflexions brutales, sans fondement, autant que de ses piques, plus insidieuses, plus sournoises, qui blessent au quotidien. Et pourtant, ce n’est que de l’amour, un sentiment qui ne devrait jamais être jugé, peu importe vers quelle personne va votre cœur, ça ne concerne que vous et vous devriez le vivre pleinement.
En bref : All Fuckin’ Mine, c’est un roman bouleversant, difficile par de nombreux aspects, il est pourtant vecteur d’espoir, c’est un hymne à l’amour, dans tout ce qu’il a de plus universel, bien qu’il soit plus difficile à exposer pour certains, il faut le vivre intensément, parce qu’il est tellement rare et précieux !
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