Trouvé par hasard dans une boutique de livres d'occasion, j'ai été instantanément charmé par la première de couverture (qui, même si elle n'est pas forcément super belle à mon goût, nous fait comprendre aisément de quoi il est question), le titre et bien sûr la quatrième de couverture. On parle quand même d'un livre qui mélange plusieurs de mes thèmes favoris, en l'occurrence le voyage dans le temps et le XIXe siècle. Malgré sa longueur, moi qui ne suis pas habitué à lire des pavés de 350 pages, on rentre facilement dans les chapitres, même si plus on avance, plus ils sont longs, ce qui est étonnant, en général les derniers chapitres sont très courts.
La quatrième de couverture ne ment pas, le livre est effectivement rempli de références très intéressantes et pertinentes, le caractère érudit du roman n'est pas à mettre en question, on voit bien que l'auteur a fait de nombreuses recherches, et ce dans plusieurs domaines, afin de rendre son histoire la plus vraisemblable possible. La même couverture nous évoque assez clairement ce de quoi le roman parle, et va même trop loin dans cette démarche puisqu'elle révèle quelques bouts de l'intrigue.
J'ai assez apprécié le fait que peu de pages sont consacrées à notre époque au début du roman, on rentre assez vite dans le vif du sujet sans non plus nous placer dans l'intrigue trop précipitamment.
J'ai trouvé la fin étonnante, parfois un peu trop cliché, parfois très intéressante, et les dernières pages sont déroutantes.
Enfin, je pense que c'est remarquable d'avoir situé l'action du récit en 1851, dans une période beaucoup trop méconnue du grand public qu'est la courte IIe république. On peut également féliciter Denuzière de s'être intéressé à


plusieurs strates de la société, même s'il semble adopter un point de vue unique sur les questions qu'il soulève. Point de vue qui, cependant, n'est pas si commun que ça, surtout en 2021.


Cependant, malgré ses nombreuses qualités, le livre possède d'énormes défauts.


Le premier d'entre eux, c'est le revers de la médaille de l'érudition. Les personnages se balancent des références, certes intéressantes et pertinentes comme je l'ai déjà mentionné, mais tout en expliquant ce dont il est question à leur interlocuteur. Et ça, ça casse totalement la suspension de l'incrédulité. Absolument personne ne va dire quelque chose du genre "cela me fait penser à l'ouvrage X publié il y a dix ans et qui parlait de telle et telle chose dans tel but. Il a été écrit par Untel, vous savez cet auteur décédé il y a quatre ans". Imaginez cinq secondes parler de la chanson "Allumez le feu" de Johnny à votre voisin de la même manière que les personnages du roman le font. Il y a je suis sûr de meilleurs moyens d'expliquer au lecteur les références sans rendre la chose terriblement artificielle. Je comprends bien la nécessité d'expliquer, le lecteur n'est pas aussi érudit sur la question que Denuzière et je pense que le but de l'ouvrage est aussi de nous les faire découvrir, mais en l'occurrence c'est très mal foutu. C'est tout de même à de rares occasions bien agencé, et c'est appréciable, en général c'est quand on rentre dans les pensées de Louis Campelle ou bien lorsqu'il ne s'agit pas de dialogue mais de description.
Le deuxième problème est toujours dans les dialogues, on a quand même un professeur d'université de l'an 2000 qui sort des "morbleu". En 2000, dans les premiers chapitres avant qu'il ne voyage en 1851. A nouveau, je pose la question : qui fait ça? Pourquoi est-ce que l'auteur a sciemment choisi de faire en sorte que son personnage parle comme ça? Alors certes, on nous explique


que le personnage n'aime pas l'époque dans laquelle il vit et que c'est pour cette raison qu'il s'est réfugié dans l'étude du passé,


mais enfin bon, je trouve ça légèrement abusé si c'est la raison pour laquelle il parle comme ça...


Le troisième problème, c'est l'inintéressante


histoire sentimentale développée entre Amélie et Louis. Quand je lis ce roman, j'ai envie de voir du XIXe siècle, de m'immerger le plus possible dans le Paris de 1851, d'imaginer le décor et les habitudes des Parisiens, pas des amours gnan-gnan entre un quinquagénaire et une jeune femme de 20 ans. Le pire, c'est quand on nous raconte le bref flirt de Campelle dans sa prime jeunesse, d'accord ça permet de comprendre légèrement plus la psychologie du personnage, mais enfin bon, ça ne me paraît que très peu capital pour l'intrigue de savoir que sa copine s'est mariée avec son meilleur pote. Cette histoire sentimentale a une grande importance dans les derniers chapitres, donc n'est pas inutile, mais elle me semble inutilement trop décrite.


Quatrièmement, j'ai été un peu étonné de voir quelques références non-érudites, manipulant l'Histoire, alors que le livre se veut érudit (et l'est, globalement). En gros, Campelle


vérifie certains écrits qu'il a retenus et se rend compte que l'Histoire est manipulée dans un certain sens. Si je pense aussi, qu'effectivement, on met en valeur certains aspects plus que d'autres, là on nous fait penser que certaines références sont frauduleuses, sont l'opposé total de ce qui est généralement accepté. Ce n'est pas dérangeant, au contraire, mais il faut des preuves et en l'occurrence Denuzière invente totalement. Bien sûr, il s'agit d'une fiction, je retiens bien ça, mais quand on se veut "érudit" j'estime qu'il faut essayer de l'être jusqu'au bout, sinon ça dévalorise le reste des références, et c'est dommage parce que ses références sont bonnes.


Ce livre, pour moi, est une excellente source d'inspiration pour mes travaux futurs, qu'il s'agisse de fiction ou non d'ailleurs. Il nous permet de voir ce qu'il est intéressant de faire et surtout ce qu'il ne faut pas faire. J'ai globalement apprécié ma lecture, je ne peux donc pas lui mettre en-dessous de 5. L'érudition, affirmant une vraisemblance du propos, est excellente. Cependant, il y a un certain nombre de problèmes non-négligeables, en particulier certains dialogues qui sont affreux. Livre à lire si les thèmes développés vous intéressent, mais prenez en compte les défauts.

Clabox
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le 1 juil. 2021

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