David Trezeguet est un personnage en apparence très simple - que tous les amateurs de foot résumeront invariablement avec les mêmes clichés : sa discrétion, son efficacité (parler de Trezeguet, c'est parler statistiques !), ses nationalités, l'Euro 2000 et la Coupe du Monde 2006. L'homme parle peu - mais il s'est forgé une image indélébile, qui n'aura jamais bougé en 20 ans de carrière.


Comment raconter la vie d'un homme aussi discret - mais avec une image si forte ?


Florent Torchut fait le choix de donner tour à tour la parole au joueur et à ses proches, au-travers de nombreux témoignages. Lorsqu'il parle, Trezeguet est tel qu'on l'imagine. Factuel : il se remémore sa carrière but par but, évoquant ses coéquipiers avant tout par le jeu et leurs statistiques. Pudique : il exprime sa reconnaissance (pour sa famille, ses entraineurs, coéquipiers, la France) ou ses différends en peu de mots, mais toujours sincères. Passionné : le buteur aura gardé une motivation et une joie intactes jusqu'à son retour en Argentine. Les témoignages de ses proches (indispensables, tant Trezeguet est réservé) se recoupent beaucoup et apportent peu d'informations nouvelles. Ils permettent néanmoins de rappeler que Trezeguet aura joué avec - mais surtout impressionné - les plus grands footballeurs de sa génération.


Que ressort-il de cette biographie - au-delà des éternels clichés sur le Roi ? Florent Torchut fait passer quelques messages clés, qui donnent tout son intérêt au livre.


La première partie du livre est la plus intéressante. Elle traduit bien l'invraisemblable ascension de Trezeguet, débarqué en France en 1995, et acteur décisif de la Coupe du Monde trois ans plus tard. Saisissant toutes les opportunités au vol, Trezeguet se sera imposé dans des équipes où la concurrence était rude - sans jamais douter.


Le livre dresse aussi le portrait d'un joueur déterminé et sûr de sa force. S'il a ce fameux "instinct" de goleador, Trezeguet est avant tout un travailleur acharné, répétant à l'infini les schémas offensifs enseignés par son père (ancien défenseur professionnel). On découvre ici un véritable stratège, qui adolescent impressionnait déjà ses entraineurs (Tigana, Houiller, etc.) par sa science du jeu. Trezeguet, c'était bien plus que son instinct. C'est un joueur fier, qui a défendu sa vision du jeu jusqu'au bout.


Finalement, le livre traduit bien le sentiment d'inachevé associé à Trezeguet . Sa carrière est exceptionnelle - faite de records et de titres prestigieux - mais on peut penser qu'il pouvait aller plus haut encore. Son parcours à Turin est marqué par le Calciopoli (rétrogradation en 2006 alors qu'il est au sommet de son art) ; l'arrivée de Raymond Domenech en EDF sonne aussi la fin de son idylle avec les Bleus. Les blessures et quelques mauvais choix sportifs lui feront perdre des années précieuses. Ce sentiment transparait bien dans les témoignages de ses coéquipiers, qui regrettent parfois que la notoriété de Trezeguet ne soit pas à la hauteur de son talent.


Espérons que "Bleu Ciel" permettra de corriger cette injustice.

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le 21 févr. 2016

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