Il arrive parfois qu'on lise certains textes par sentimentalisme exacerbé. C'est ce qui m'est arrivé ici, puisque Java et Bali ont été ma destination de voyage de noces et que, depuis, tout ce qui m'y fait penser est entouré d'une aura de plaisir et de bonheur. Il faut dire que l'Indonésie est sublime. Du coup, quand j'ai vu dans une pile d'inventaire ce roman tout abîmé, plié, malheureux dans son coin, j'ai sauté dessus avec la dernière énergie du désespoir genre «il me le faut et je vais avoir du mal à le trouver ailleurs». En plus il est rose – mauve, c'est dire s'il était prédestiné à parler de mes souvenirs amoureux.

Lors de mon départ j'avais demandé à l'agence, qui comporte une librairie, des conseils de lecture mais ce titre ne faisait pas partie du lot. Je leur en parlerai, c'est une mine de renseignements sur le pays à lire avant le départ. Renseignements datés bien sûr, et ce n'est pas un guide touristique, mais on y a un bel aperçu de la période coloniale et des tenants et aboutissants de l'indépendance de l'Indonésie. L'auteur, journaliste communiste, y présente Java et Bali il y a soixante ans et cela permet de mesurer l'évolution du pays depuis cette indépendance, tout en comprenant mieux le fonctionnement du pays. Bien entendu, le point de vue est biaisé. Bien sûr, son point de vue sur les colons et sur le rôle joué par les États-Unis dans l'indépendance indonésienne est tout sauf objectif. Mais enfin, il présente sans langue de bois une version assez crédible des tractations qui ont conduits à l'abandon par la Hollande de l'Indonésie. Quant à sa présentation du pays et de ses habitants, on y sent à la fois le regard acéré du journaliste mais aussi, par moments, la naïveté de l'Européen qui se retrouve face à l'inconnu absolu, parce que Java c'est aussi ça par moments. Aujourd'hui, les Balinaises ne se promènent plus seins nus et Bali est devenu une espèce de parc d'attraction géant pour touristes. La faune et la flore sont extraordinaires, mais on a perdu cette joie envers l'étranger que décrit Roger Vailland. Java par contre est bien plus passionnante qu'il ne semble le dire.

Bref, je ne suis pas ici pour jouer le guide touristique mais je ne peux que conseiller cette lecture à ceux qui ont été ou iront en Indonésie, c'est un vrai plaisir.
Ninaintherain
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le 28 mars 2012

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