Un récit délicat et pudique

Amandana a 30 ans, mais elle revient sur son année de 3e, lorsque pendant une réunion de famille elle voit son père gifler son neveu car il a embrassé un garçon. Il a 15 ans, l’âge qu’elle avait quand elle a elle-même reçu une gifle pour avoir embrassé une fille. Du coup, elle écrit à son neveu une lettre contenant son histoire, celle d’une enfance et d’une adolescence vécues dans un lavomatic, dans une vie lisse comme le linge propre et repassée. Elle n’a aucune complicité avec aucun membre de sa famille, elle se sent assez seule et à la marge, auprès des siens comme à l’école. Après l’épisode de la gifle il y a 15 ans, elle va définitivement se couper du monde et de ses désirs.
Une belle écriture, assez poétique, qui retranscrit bien les sentiments de la jeune fille. Elle s’interroge beaucoup, se sent à part sans savoir pourquoi. Elle trouve refuge certains jours chez un couple gay, mais sans mettre des mots sur les choses, ne s’en rendant compte qu’à posteriori, tout comme son attirance pour les filles. On assiste donc à ses tâtonnements, à l’expression de son mal-être et à son inadaptation à ce qui l’entoure. Elle ne se sent à l’aise qu’avec très peu de personnes, il n’y a que quelques rares moments volés à la monotonie des jours, peu de plaisirs dans cette vie là. C’est un récit délicat, pudique et un destin tragique. L’histoire d’Amandana est bien triste, mais on a l’impression qu’elle souhaite à son neveu Tom de ne pas avoir une vie aussi amère, de ne pas se couper comme elle de ses désirs et de ce qu’il est.