Une plongée intrigante dans l’histoire contemporaine de la Jamaïque : par un savant mélange de fiction et d'anecdotes historiques, j'ai découvert des pans fascinants de cette culture qu'on caricature souvent avec le triptyque reggae-ganga-dreadlocks. D'ailleurs si les dreadlocks sont des attributs centraux de la culture rastafari, Kei Miller les fait disparaitre pour mieux évoquer leur puissance spirituelle. On louvoie intelligemment entre passé et présent, bas-fonds et beaux quartiers, personnages attachants et d'autres misérables... la construction est impeccable , un mystérieux narrateur se fait l'oracle d'un futur apocalyptique, et on se faufile patiemment jusqu'à l'autoclapse... Les dialogues en créole jamaïcains sont un délice (admirablement traduits mais on aimerait les lire en vo pour se rapprocher encore plus de l'âme jamaïcaine), l'histoire tient en haleine... J'ai juste eu du mal à percevoir la portée symbolique de la scène finale, même si elle possède indéniablement un souffle épique. Je me rappelle les mots de la narratrice : ce n'est pas du réalisme magique, c'est leur véritable histoire. Comme une envie de plonger dans l'histoire de ce pays intriguant...