Quand les coqs appelleraient trois fois le soleil, je m'en serais déjà allée. Je partirais vers les horizons indivis. Ce serait avec joie que je retrouverais Katalina. Je me raconterais, je lui raconterais ma Saint-Valentin. Je lui dirais que je suis venue je t'ai vu et tu m'as niquée. Je lui dirais que malgré ma térébrante déception j'ai été surprise de constater que je t'aime. Je lui dirais que c'est maintenant que j'ai réalisé que la haine est l'autre face de l'amour. Je lui dirais que haïr est l'expression la plus véridique pour libérer les sentiments que le mensonge isole. Elle serait désappointée que je ne puisse pas me venger. Qu'elle se garde de la ramener ! Sinon je la raconterais, je lui raconterais sa propre vie et on verrait quand, où, comment elle avait pris sa revanche sur Piconna.
Lorsque tu reprendrais conscience, j'aurais fini de tout coucher par écrit. Je déposerais mon manuscrit avec le stylo sur le lit à côté de toi. Je humerais l'odeur âcre de tes aisselles. Je lècherais la sueur piquante de ton entrejambes. Je serais vraiment navrée de ne pouvoir te dire adieu autrement. A peine me serais-je évaporée dans le vent que tu te réveillerais. Ta nudité t'étonnerait. Ton souvenir serait confus et vague. Tu te rappellerais que la veille tu étais rentré avec une fille prénommée Aïcha. Tu ne saurais pas pourquoi elle ne serait pas là moins encore pourquoi la porte de ta chambre serait grande ouverte. A l'idée que tu pourrais être victime de vol tu te mettrais à vérifier soigneusement tes affaires et ce serait à cet instant-là que tu découvrirais mon manuscrit et le stylo. De prime abord tu t'en désintéresserais parce que ce serait un vieux cahier qui traînait toujours comme ça dans ta chambre. Ton frère puîné viendrait te conter que sa concubine et lui auraient vécu une nuit étrange. Ce serait au moment où tu voudrais parler que tu te rendrais compte de ta surdité. Ta panique te ferait recouvrer tes esprits. Tu prendrais le stylo pour relater toi aussi ton épreuve de la veille et tu tomberais sur ces lignes qui justifient ton malheur.
Tu lirais.
Pendant ce temps je m'égayerais qu'au bout de ta lecture tu comprennes enfin pourquoi c'est si triste de ne pouvoir te haïr.
opoto
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le 18 janv. 2011

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