Canicule
7
Canicule

livre de Jane Harper ()

Le bush australien… une zone inconnue dans laquelle le lecteur perd bon nombre de ses repères, une terre ingrate, une chaleur étouffante et cette colère qui monte lentement dans les cœurs, les bras, les muscles et les pensées noires d’une poignée de paysans, fermiers qui n’arrivent plus à nouer les deux bouts. L’ambiance est au rendez-vous. Noire, désespérante pour ceux qui n’envisagent pour solution que le suicide. Luke est-il un de ceux-là ? Sa mort, proposée comme suicidaire, est-elle bien une mort voulue par lui ? A tout le moins assumée ? Sur fond de rancueurs, la question est posée.
Aaron, un des amis d’enfance de Luke revient au village pour les funérailles. Dur pour lui qui a dû quitter celui-ci à la suite d’accusations de meurtre, accusations qui n’ont jamais pu être prouvées mais qui ont, manifestement, gardé une place noire dans l’esprit de plusieurs amis-ennemis d’enfance.
Mais Aaron, pressé par un mot anonyme qui l’enjoint à chercher la vérité, ne pourra que rester et se mettre au service du jeune policier chargé de faire toute la clarté sur cette affaire. Ces affaires, plutôt, puisqu’insidieusement, le meurtre du passé, classé aux oubliettes par faute de preuves, s’en revient à la surface.
On a donc les ingrédients pour ce que certains appelleront un thriller : une terre hostile, des gens de la région qui le sont tout autant, une touffeur écrasante, tout comme la loi du silence qui va de pair avec les fantasmes et les soupçons qui s’inventent dans l’esprit de chacun. Des morts au passés troubles, des vivants pas nets du tout pour autant.
Autant j’ai apprécié l’autrice Jane Harper dans son roman « Sauvage » qui, lui aussi avait le bush pour terrain de jeu et l’inspecteur Aaron Falk pour enquêteur, autant, dans « Canicule », je n’ai guère trouvé de densité humaine à Falk, ni à l’histoire elle-même. Ici, j’ai trouvé était tout sauf haletante. Le lecteur peut facilement faire des pauses dans sa lecture et, même s’il ne reprend pas son travail exactement à la bonne page, sa compréhension du récit ne s’en trouvera pas mise à mal tant l’histoire est pleine de détails qui n’ont que très peu de liens avec son dénouement. Jane Harper, sans véritable éclat, ni manquement, je le reconnais, pousse, dans ce premier roman, le lecteur vers une fin qui sonne juste mais étonne peu. Il me restera de ce livre l’idée d’avoir passé avec lui quelques heures de distraction… Quant à l’histoire, elle-même, je pense l’oublier très vite sans me sentir appauvri pour autant. En revanche, je réédite mon invitation à découvrir le roman « Sauvage », issu d’une plume qui a progressé en maturité et en analyse de l’espèce humaine. « Sauvage » a été édité le 4 avril 2018 chez Calmann-Lévy. J’en ai laissé une critique sur ce site le 30 avril dernier.

Créée

le 31 déc. 2018

Critique lue 369 fois

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