Souvenir de mes lectures de jeunesse
Il est particulièrement difficile de juger avec neutralité les livres qui ont été ou sont importants pour vous, et peut-être encore plus lorsqu'ils sont liés à l'enfance. Pour autant, j'ai aujourd'hui conscience que les "Club des cinq" que j'adorais petite sont, d'un point de vue littéraire, assez médiocres et que "Ce jeudi d’octobre" est de bien meilleure qualité. Cela dit, c'est un roman qui s'avère avoir une place spéciale dans mon histoire de lectrice et c'est donc un exercice périlleux pour moi que d'en rédiger la critique.
J'ai lu et relu ce roman et il est resté mon livre préféré pendant des années. Je l'ai lu pour la première fois lorsque j'étais âgée d'à peu près douze ans( en tout cas il me semble que j'étais plus jeune que Madde, la narratrice), alors que mes parents s'étaient séparés depuis plusieurs années. Ce livre m'avait alors donné l'impression de me faire un bien fou. Je ne dirai pas que je m'étais reconnue en Madde : avec une mère comédienne discutant avec elle la nuit en rentrant du théâtre, son petit frère, avec lequel elle s'entend très bien, sa meilleure amie et son amoureux, sa vie était quand même plus sympa que la mienne. Mais je m'étais pas mal retrouvée dans ses rapports difficiles avec son père, et, surtout, dans l'évolution de sa relation avec la nouvelle compagne de celui-ci (du rejet à la complicité).
C'est un roman qui dédramatise très bien le sujet du divorce, qui ne prend pas ses lecteurs pour des nouilles (comme trop de romans jeunesse, malheureusement), et qui traite aussi, très simplement, des premiers amours et des chagrins d'amour. Il est bien écrit, bien pensé, on sent que l'auteur n'essaie pas de faire la leçon à son public, mais qu'au contraire elle s'y identifie. Cependant, je ne l'ai pas relu depuis assez longtemps. Il a été écrit dans les années soixante ou soixante-dix. Je ne saurais dire s'il est aujourd'hui daté ou pas, et surtout s'il passerait bien pour un public préadolescent ou adolescent d'aujourd'hui.