Dans le paysage cinématographique belge, Jean Brismée est un cas unique : arrivé au cinéma par hasard (il s'en servait d'abord pour donner des cours de géométrie), il est tout autant un réalisateur confirmé que l'un des fondateurs de l'INSAS, école réputée au niveau international. Surtout, il est à peine plus jeune que le cinéma belge en lui-même (qui naît véritablement dans les années 1910, alors que Brismée est né en 1926). Autant dire que tout concourait à ce qu'il écrive un jour l'histoire du cinéma de son pays.

Première qualité du livre : assumer d'emblée son côté "introduction forcément trop vague" pour un livre d'histoire. Oui, la Belgique est petite, mais son cinéma est pour le moins diversifié et il est plus que délicat de vouloir condenser tout ça en à peine 200 pages (qui plus est trilingues). Brismée s'évertue donc à rappeler un peu ce que le Cinéma doit à la Belgique (les fantasmagories de Robertson, les découvertes de Joseph Plateau) avant de parler de fiction, de documentaires, d'expérimental, aussi bien du côté francophone que néerlandophone. Tant qu'il le peut, Brismée évoque les grands films et les grands cinéastes, qu'il présente brièvement, ce qui à mon sens est un excellent compromis pour pousser le lecteur à en découvrir plus par lui-même s'il est intéressé, et à vite passer à autre chose s'il n'est pas inspiré. Brismée fait toutefois un écart avec un chapitre entier consacré à André Delvaux, cinéaste certes majeur dans l'histoire du cinéma belge mais qui cache un peu le reste de la cinématographie belge, du coup. On regrettera aussi un chapitre sur l'animation fort court au vu de la diversité de ce courant.

Mais qu'importe : Brismée évoque avec passion, humour, délicatesse et tendresse un cinéma qu'il aime et qu'il connaît bien, sans distinction de la langue, des époques, des genres. Il unifie un cinéma belge dans une introduction non-exhaustive mais bien remplie, prouvant que le plat pays possède une cinématographie non-négligeable qui n'attend qu'une analyse approfondie de la part d'un véritable historien. L'appel est lancé.
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le 9 déc. 2012

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