Béatrice est une ancienne danseuse devenue auxiliaire puéricultrice pour pouvoir élever ses enfants. Le récit alterne les chapitres entre ses deux vies, l'actuelle pleine de souffrance et l'ancienne ponctuée de poésie. Car ici le service maternité n'est pas décrit comme ce bonbon rose qu'on laisserait doucement fondre sous la langue pour le savourer le plus longtemps possible. Il y est question de ces femmes désemparées qui n'ont plus les codes pour s'occuper de leur bébé, des soignants tout-puissants qui prodiguent des conseils avec assurance alors même que ces préconisations changeront dans 6 mois, de l'odeur des femmes qui ont accouché, des cernes des soignants, leur trouille pleine de sueur.
Cette description de l'univers médical n'est pas pour autant déprimante car elle est racontée par une femme plein de sensibilité et touchée par une certaine magie. C'est juste que sa place n'est pas là. Sa place on la découvre quand elle parle de son ancienne vie de danseuse, nue, quand elle donnait vie aux sons du violon de son homme. On la suit alors le long des routes dans sa caravane, avec ses enfants, son grand amour et sa famille d'artiste. Une vie de bohème, mal considérée par la société mais où le corps comme l'esprit sont libérés de tout carcan.
L''opposition de ces deux univers qui donne lieu à une réflexion intéressante sur la perception et la considération du corps de la femme dans notre société bien pensante.
Un livre au style agréable, charmeur même, qui se lit d'une traite.