Chanur est le premier tome de la série de science-fiction du même nom, une œuvre d'une bonne trentaine d'années écrite par Carolyn J. Cherryh. Et avant que vous partiez : NON la couverture n'a pas grand chose à voir avec le livre.
En bref : la capitaine Pyanfar Chanur faisait escale avec son équipage sur une tranquille station spatiale inter-espèces quand une créature à forcé le passage pour trouver refuge dans son vaisseau. L'étrange être est un prisonnier en fuite d'une race inconnue. En temps normal Chanur l'aurait rendu à son propriétaire sans discuter, mais en l'occurrence il appartient aux Kiffs, une race rivale méprisée par tous.
De toute façon la situation dégénère très rapidement dans un affrontement chaotique. Alors qu'elle tente de sauver sa peau et son équipage, Pyanfar se rend compte que l'étranger est bien plus important qu'il n'y parait et que des ennemis très puissants sont prêt à tout pour lui mettre la main dessus...
Bien que relativement ancienne pour une œuvre de science-fiction, Chanur n'a absolument pas vieillit dans son genre. Premier roman de son auteure, le style est peut être parfois un peu simple, pourtant le contenu est vraiment excellent.
Tout d'abord, on comprend rapidement que le fameux étranger d'une race inconnue est en fait un humain, l'un des premiers à avoir visité l'espace dans un astronef rudimentaire. Le hic c'est que la demi-douzaine de races évoluées se sont déjà partagé l'espace et les ressources. Souvent partenaires, ce ne sont pas tant des alliés que d**es rivaux pensant avant tout à leur propre intérêt**. L'émergence possible "d'humains" pourrait tout changer. En tant qu'unique représentant connu de son espèce, Tully - puisque c'est son nom - a une valeur énorme. C'est vraiment très étrange de découvrir notre espèce depuis l'extérieur !
Un des gros points fort de Chanur selon moi c'est la réussite qu'a eue l'auteure pour présenter les échanges entre toutes ces races extra-terrestres. Chacune avec ses coutumes étranges, ses objectifs... et sa langue... Car oui, pas de traducteur universel miraculeux ici, ni d'astuce qui fait que, coup de bol, tout le monde parle anglais ! Non il va falloir patauger, communiquer tant bien que mal à l'aide de signe, puis de traductions approximatives. La barrière de la langue est très importante, d'autant qu'elle préserve un bonne part du mystère dans les échanges entre les personnages.
Outre son approche "renversée" d'un point de vue externe aux humains, l'auteure se veut réaliste, vous l'aurez compris. Les cultures étranges sont au cœur du récit, tout comme les éléments relevant de la SF. Les voyages spatiaux surtout sont un savant mélange de calculs scientifiques, de connaissances et de chance. En tout cas ils ne sont certainement pas faciles à endurer.
C'est d'ailleurs la moitié de la raison pour laquelle les péripéties de Pyanfar et son équipage sont si éprouvantes. L'autre étant d'être poursuivies sans répit à travers l'univers. Entre deux affrontements/fuites, les magouilles politiques (ou commerciales !) ont leur importance. L'apparence, l'audace et encore une part d'audace sont des armes à utiliser pour sortir son épingle du jeu tout autant que de gros canons. Dès le milieu du tome, la tension est a son comble pour ne quasiment plus se relâcher, et les personnages au bord de l'effondrement.
L'immersion est totale malgré un assez gros nombre de personnages et de lien à mémoriser. L'héroïne Pyanfar est incontestablement le personnage le plus intéressant du livre, avec peut être l'ET dénommé Or-aux-Dents. On reprochera un peu a Tully de se laisser porter par les événements, mais surtout à cause de notre ego d'humain (car après tout il ne parle quasiment jamais la même langue, ne connait rien à la technologie utilisée et encore moins aux races ET et leur coutumes : difficile donc d'apporter une vraie contribution).
Premier tome d'une série, Chanur se conclue sur une fin ouverte, laissant des possibilités pour la suite sans nous laisser non plus sur notre faim. De la SF exotique comme je l'aime !