L'art de la description...
**Xavier Deutsch est-il réellement à la hauteur de sa réputation? C’est ce que nous tenterons de découvrir à travers l’une de ses dernières oeuvres ‘Chaussée de Moscou’, où nous suivrons l’histoire...
le 19 févr. 2017
« Le village est venu se construire autour de la chaussée de Moscou qui vient du nord, passe là, et file au sud-est vers la Meurthe-et-Moselle. […] La commune de Baison est peu de chose. On possède le canal, l’écluse et le café. On ne compte pas cinquante maisons ».
« Chaussée de Moscou » : une histoire de Moscovites ? Non, loin de là.
La Chaussée de Moscou est l’axe principal de la commune de Baison. Un département des Ardennes françaises, à la frontière belge.
Chaussée de Moscou est aussi et surtout le titre du trente-deuxième roman de Xavier Deutsch, auteur belge contemporain. Quelques mois après la sortie de son roman jeunesse à succès « Hope » (2014), il publie Chaussée de Moscou dans la collection Plumes du Coq, chez Weyrich (maison d’édition belge). Il fut lauréat du Prix Rossel avec La Belle Etoile en 2002.
Que dire de l’histoire ? Comme dit préalablement, l’intrigue se déroule dans le nord de la France. L’hiver touche à sa fin. Basile Rouillon est le Maire de Baison. Il regarde le temps qui passe dans son petit village assez curieux. En effet, sa femme s’adonne à des balades nocturnes insolites, une famille de fugitifs tente de traverser la région afin de trouver refuge à la frontière, une adolescente fugue, un vagabond rôde dans la forêt. Pourtant, pour Basile « la vie semble rouler devant elle ». Il n’a pas l’air de s’en apercevoir, mais, quelque chose de grave, d’obscure, se prépare…
Chaussée de Moscou est un roman singulier non seulement au niveau du contenu, mais aussi au niveau de sa structure. Il ne comporte aucun chapitre. Ce détail parait anodin, mais le fait que le roman ne soit pas segmenté le rend légèrement étriqué et interminable. La monotonie s’installe après quelques pages. Peut-être est-ce une manière d’exprimer le ressenti, le mal-être du maire? Cependant malgré ce détail, l’ouvrage est écrit dans un style imagé et assez simple, l’auteur impose ainsi un certain rythme qui rend la lecture rapide et riche à la fois.
Les personnages sont assez nombreux et interviennent pour la plupart très peu. Il est donc très difficile de reconstituer les liens de parenté. Il faut constamment aller revoir qui était le personnage mentionné. Un petit travail de mémoire est donc nécessaire. À l’inverse, à la fin du roman, Basile n’est plus un inconnu. En plus d’être le personnage principal, il est le narrateur. Le maire nous livre ainsi ses secrets et histoires de famille les plus intimes. Il se fait ainsi connaitre au gré de ses humeurs. Néanmoins, il reste très réservé et dévoile peu ses sentiments. Basile reste difficile à cerner. Insipide et légèrement dépressif, il ne fait donc pas partie du top cinq des héros les plus attachants.
À travers ce roman, Xavier Deutsch, aborde un thème qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, à savoir, la question des « migrants ». On retrouve cette thématique revisitée tout au long de l’ouvrage. Elle sera non seulement explicitée par le narrateur, mais aussi par d’autres personnages qui ont un tout autre avis sur la question. En reprenant cette problématique dans un tout autre cadre, il incite à la réflexion ainsi qu’à la remise en question des fondements humains. L’idée en soi n’est pas mauvaise, mais le récit reste très plat, il y a peu voire pas du tout d’action. L’intrigue débute réellement à la page 143 c’est-à-dire moins de dix pages avant la fin. Il n’aurait pas été dérangeant que l’histoire commence une vingtaine de pages plus tôt. Néanmoins, l’aboutissement du roman reste surprenant et ne nous laisse pas sur notre faim. Le retournement de situation est impressionnant. C’est alors que l’on peut parler de léger suspens, œuvre qui pour certains pourrait s’apparenter à un « thriller régional ».
Ainsi, de par sa singularité et son revirement de situation, Xavier Deutsch signe son œuvre loufoque qui permet de la reconnaître entre mille. D’ailleurs l’auteur lui-même décrit son roman comme un « éloge à la pénombre ». À conseiller aux amateurs de récits déstabilisants.
DEUTSCH, Xavier. Chaussée de Moscou . Neufchâteau: Weyrich, 2014. 263 p. (Plumes du coq). ISBN 978-2-87489-282-0
Créée
le 17 févr. 2017
Critique lue 124 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Chaussée de Moscou
**Xavier Deutsch est-il réellement à la hauteur de sa réputation? C’est ce que nous tenterons de découvrir à travers l’une de ses dernières oeuvres ‘Chaussée de Moscou’, où nous suivrons l’histoire...
le 19 févr. 2017
Du même critique
Si j’étais une couleur, je serais… le Jaune. Si j’étais un astre, je serais… le Soleil. Si j’étais un animal, je serais… l’Abeille. Si j’étais un aliment, je serais… le Miel. Et, si j’étais tout...
Par
le 17 févr. 2017
1 j'aime