Le point de départ de ce roman est une révélation littéraire. Le succès de Raymond Carver est également celui de son éditeur. Quand ses nouvelles ont été publiées dans leur version originelle, de nombreux articles ont mis en évidence l'importance des coupes de l'éditeur dans la création du style dit minimaliste de Carver. Ainsi cette nouvelle publication faisait perdre à Raymond Carver un peu de son aura et l'éditeur en gagnait un peu. Cette histoire était passionnante à mes yeux quand elle se trouvait au cœur de quelques paragraphes. Dans un roman de plus de 200 pages, je me suis perdu. Deux choix narratifs ne m'ont pas convaincu. Le premier est l'utilisation de nouvelles. Pour mieux illustrer le travail de coupes de l'éditeur, entre la narration, nous pouvons lire des nouvelles qui deviennent ensuite les sujets de conversation entre l'auteur et l'editeur, le premier défendant son œuvre et le second réduisant de quelques pages le texte. L'éditeur fait ses coupes, Raymond se sent trahi. J'ai trouvé ce processus assez artificiel. Deuxième chose, le recours à la mise en page du théâtre. Le prénom d'un des quatre personnages de ce roman précède des paragraphes le concernant bien entendu, nous donnant la possibilité de découvrir sa version des faits. Malgré l'intérêt que j'ai pu lui trouver dans quelques pages, j'ai gardé le sentiment que les personnages entraient en contact avec nous mais jamais entre eux. L'auteur par sincérité nous rappelle que chaque scène est très subjective. Mais j'aurais préféré que cette subjectitvité et donc les éventuelles mensonges des personnages apparaissent discrètement. L'auteur nous dit tout, décrit tout, peut être trop.