Karin Brunk Holmqvist est suédoise et est arrivée assez tardivement à l'écriture après avoir exercé pas mal de boulots. Désormais très appréciée dans son pays, à nous de la découvrir ; son premier roman traduit en français, Aphrodite et vieille dentelle est édité chez Mirobole, la maison d'édition aux couvertures soignées, drôles et reconnaissables qui publie donc le deuxième roman de l'auteure, écrit en 2005. Une perle du burlesque, du décalé, de l'humour qui fait sourire tout au long de la lecture avec parfois des éclats de rire incontrôlés. Avant d'en faire l'éloge, je voudrais quand même souligner quelques longueurs, des passages répétitifs qui ne sont pas indispensables et quelques difficultés pour se retrouver dans les nombreux personnages aux noms imprononçables. Mais que ces réserves ne vous fassent pas fuir, car la bonne humeur leur est largement supérieure.
Le rythme n'est pas haletant, l'histoire se déroule dans une petite ville paisible pour ne pas dire ennuyeuse et c'est justement le remue-ménage provoqué à la fois par l'ouverture du centre de désintoxication et par la découverte du champ de colza qui va l'accélérer un peu et qui joue sur l'opposition tranquillité et fébrilité. En fait, seuls Henning et Albert restent relativement calmes et sereins. Certes, ils se posent beaucoup de questions et il est assez cocasse de lire que c'est leur dénuement, la simplicité de leur vie, leur manque de besoins et de désirs matériels qui les protègent de l'effervescence autour d'eux. Je ne sais pas si la philosophie des deux frères peut être considérée comme la morale de ce livre -d'ailleurs en a-t-il une ?, mais j'aime bien l'idée que ce soit eux les héros, eux qui vivent tous les jours avec le minimum. Sous des airs de comédie frivole, Colza mécanique est plus profond qu'il n'y paraît et pose la question de la croissance, du modernisme à tout prix, du bonheur lié au matériel, de la position sociale et tout simplement du sens de la vie. Tout cela après lecture, lorsqu'on réfléchit un peu pour écrire un article, d'où l'intérêt de bloguer, sinon, je serai peut-être passé à côté ; ou alors, c'est moi qui extrapole qui me lance dans des explications oiseuses, cela se peut, cela se peut, parfois, je ne m'écoute pas penser (je vous laisse sur cette réflexion oh combien intelligente !). Pas mal pour un roman qui d'abord fait plaisir et sourire.