Un caillou.
Un caillou perdu au milieu des mers australes.
A plusieurs milliers de kilomètres du continent le plus proche, l'Antarctique.
Avec pour principaux habitants des otaries, des lions de mer et des albatros.
L'île Amsterdam, tel est le décor du dernier roman d'Estelle Nollet, Community.
Une année durant (et sans possibilité de partir entre temps), huit adultes qui ne se connaissaient pas, deux femmes et six hommes, se retrouvent sur cette île dans le cadre d'observations scientifiques. Au fil des semaines, des relations se nouent, des amitiés se tissent et des tensions se font jour... La nature, qu'il s'agisse des éléments - l'océan, les vents, les aléas météorologiques - ou de la faune, est omniprésente et tend à réduire les huit résidents de l'île à leur modeste condition d'humains... Bientôt, malgré la possibilité qui leur est donnée de communiquer avec leurs proches via internet, la distance avec le reste du monde commence à se faire sentir...
Afin de s'imprégner de l'ambiance très particulière de l'île, la romancière y a séjourné plusieurs mois, adoptant le mode de vie des quelques scientifiques et autres techniciens qui y travaillent.Tout au long des pages, on apprécie la restitution littéraire de cette imprégnation. L’île Amsterdam est le premier et le plus réussi des personnages de son livre.
Mais loin du carnet de voyage, Community est d'abord un roman captivant qui s'intéresse au plus près à chacun des huit hommes et femmes de l'histoire, à leurs états d'âme, leurs forces et leurs fragilités, dans le huis-clos d'un décor aussi dépaysant qu'éprouvant. On retrouve ainsi, réactualisés, les thèmes propres à la robinsonnade : l'autre comme soutien ou menace, la survie individuelle ou collective, la débrouille, les peurs et les fantasmes.
Il interroge aussi sur ce qu'il reste d'humanité en chacun de nous pour peu que nous nous retrouvions ainsi séparés du reste du monde. Avec des passages d'une grande justesse.
Très réussi.