En février 2007, sur Europe 1, Jacques Pradel reçoit un aventurier dans son émission matinale. La voix est sympathique, charismatique même, et l'accent inoubliable : un étrange et savoureux mélange entre l'afrikaans et le suisse. En une petite heure, l'animateur et Mike Horn évoquent le périple nocturne et glacial de ce dernier en compagnie de Børge Ousland jusqu'au pôle Nord, une course éreintante sur un tapis roulant qui avance parfois en sens inverse de leur progression.
Les anecdotes ne manquent pas, les sourires radiophoniques non plus. Le récit des exploits des deux hommes est passionnant et l'invité est immédiatement attachant. Le baroudeur sait y faire, c'est aussi un business man, il ne faut pas l'oublier. Son livre, comme beaucoup d'autres de ce genre, ne fait que relater la performance et ses faits saillants. Mais il n'oublie pas de communiquer quelques valeurs qui lui sont chères avec une sincérité qu'on devine non feinte. Rien de plus, rien de moins.
Que l'amateur de littérature délicate et bien troussée passe son chemin. Le propos de l'arpenteur de Terre n'est pas là. Certes, sa démarche est aussi commerciale (il faut bien financer les expéditions). Et oui, le titre Conquérant de l'impossible aurait mérité d'être au pluriel. Enfin, on sait bien que tout n'est pas dit et que rien n'est aussi totalement héroïque qu'on pourrait le croire. Cependant, il reste de cette équipée et de ce témoignage radiophonique une phrase devenue une devise (voire une philosophie de vie) pour certains qui savent maintenant que leurs pas peuvent les emmener toujours plus loin : "Moi, je fais du boulot facile, je marche. Et tout le monde sait marcher."