Par Ludovic Barbiéri
Romancière, dramaturge, performeuse, féministe, militante, provocatrice : Laura Gustafsson, 31 ans, fait sensation sur la scène finlandaise, et déclenche des controverses-monstres à chaque nouvelle facétie. En France, on avait déjà entendu parler d’elle grâce à la mise en scène par Edouard Signolet de son premier roman, Huorasatu, paru en 2011, traduit en anglais sous le titre Whore Fable et aujourd’hui en français (par Claire Saint-Germain) sous le titre, non moins spectaculaire, de Conte de putes, avec une couverture qui détourne la Naissance de Vénus d’Amaury-Duval. Sur la quatrième, un extrait de presse finlandais nous promet un « Kill Bill littéraire ». Alors ?
Le scénario est foutraque à souhait : sur l’Olympe, la déesse Aphrodite a des ennuis ; le hasard fait qu’elle se retrouve en Finlande, de nos jours, où elle rencontre deux putes nommées Kalla et Milla. Elle va les aider à s’éloigner du réseau qui les exploite, et à mitonner leur vengeance. Vous l’avez compris : c’est loufoque à souhait, tonique, vulgaire et rentre-dedans, avec du cul, du trash et des gadgets. Un peu n’importe quoi, en fait, en sorte qu’il faut de l’indulgence pour accompagner l’auteur dans son délire au-delà des 100 premières pages. S’il fallait une comparaison, on dirait que ça ressemble à du Virginie Despentes fantaisiste et acidifié, ou, mettons, à un cyber-roman Femen. Pourquoi pas, même s’il est à craindre que le raffut provoqué par Laura Gustaffson tienne plus à sa radicalité et à son engagement qu’à l’intérêt de sa littérature.